Les choses avaient bien changé depuis que j’étais entré dans l’ordre. Les gens avaient tenté de m’apprendre quand plaisanter et quand être sérieux… Cette nuance restait assez floue pour moi qui continuais de penser comme un enfant trop heureux de ses rêves. Même si l’époque était sombre, même si la mort se croisait dans l’ombre de chaque ruelle, je ne pouvais m’empêcher de voir le bon côté de choses : la magie ne servait pas uniquement à la destruction ; non, elle servait aussi à réaliser des miracles.

Malheureusement, mes efforts ne m’avaient jusqu’à présent pas permis de retrouver mon frère disparu. Je me demandais réellement ce qu’il était devenu même si de nombreuses choses me laissaient penser qu’il s’était engagé dans une mauvaise voie. Dans le fond, il avait toujours été différent de moi… un peu comme un contraire. Même si l’on dit souvent que les contraires s’attirent, cela n’avait peut-être jamais été le cas puisqu’il semblait fuir.

J’étais occupé à me torturer l’esprit avec des questions idiotes, des projections qui n’avaient pas lieu d’être, tout cela parce que je me posais des questions sur la soudaine disparition de mon frère jumeau. J’étais persuadé que rien de grave ne lui était arrivé… du moins qu’il n’était pas mort, mais je n’arrivais pas à le retrouver. Peu importe, l’heure était à la livraison d’une commande qui m’avait été faite.

Bon vendeur de nouilles que j’étais, j’avais l’habitude de faire les trajets assez courts en vélo. Ce moyen de locomotion était bien souvent plus rapide que les voitures qui s’arrêtaient dans les embouteillages et n’utilisait que mon énergie physique pour se déplacer… N’était-ce pas parfait ? Je portais donc avec moi quelques portions de nourriture que je devais livrer à temps pour qu’elles soient encore chaudes.

Il ne m’avait pas fallu longtemps pour réaliser ma livraison : les clients étaient des habitués et j’avais commencé à me faire à leurs commandes qui, la plupart du temps, nécessitaient mon déplacement. J’étais donc sur mon vélo en direction de mon restaurant. Il me restait quelques heures de travail avant de rentrer chez moi, mais cela n’avait pas d’importance car j’aimais travailler le soir car c’était à cette heure que l’activité était la plus intéressante.

Pédalant lentement, je regardais autour de moi. Les rues de Londres semblaient inquiétantes en cette période de l’année, surtout à cette heure assez tardive. Étant un homme, je n’étais pas tellement effrayé à l’idée de me promener seul la nuit… surtout dans cette partie de Londres. En effet, il aurait été bien plus dangereux de s’y promener de l’autre côté, celui magique. Quoique, il fallait bien admettre que les fous se cachaient parfois chez les Moldus également…

Tout le monde sait que regarder la route est une bonne idée lorsque l’on conduit, peu importe le moyen de transport, mais il ne fallait pas trop m’en demander à moi qui pouvais avoir la capacité de réflexion d’un enfant de six ans à moitié endormi. Je m’étonnai donc au bout de quelques secondes de voir la chaine de mon vélo tomber, cela m’empêchant de rouler correctement.

Je pris la direction du trottoir où je freinai afin de m’arrêter et de descendis pour entreprendre une micro « réparation ». Ce court laps de temps me suffit amplement pour entendre une chose qui n’avait selon moi rien à voir avec le monde moldu dans lequel je me trouvais actuellement.

Diffindo ? C’était mauvais. Je levai la tête, vérifiant que j’avais bien pris ma baguette avec moi en quittant les lieux, et je tentai de découvrir l’origine de cette voix que j’avais vaguement cru entendre. Quand j’y parvins, c’est avec la plus grande intelligence du monde que je m’adressais à l’homme qui se trouvait là, tel un héros de film pour enfant.

« Laisse-la partir ! »Avais-je lancé tout en saisissant ma baguette, me préparant à me défendre s’il le fallait.

Moi, Hasegawa Seigi, j’étais venu combattre le crime et les forces du mal pour faire briller le soleil sur Townsville ! … Quoique, je me trompais peut-être un peu de film en fait.