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Lins Ҩ Phoebe

Ҩ « Le mal rencontre une ivresse passagère et laisse des blessures profondes dans son sillage. » Elise Cabot

Des rumeurs se faisaient entendre un peu partout dans Poudlard, concernant la mort d'une élève. Et pas n'importe laquelle. La petite amie de Lins. Je ne prête jamais attention aux rumeurs, mais lorsqu'il s'agit d'une chose comme celle là, je dois vraiment vérifier. Si c'est vrai, alors je n'ose même pas imaginer l'état dans lequel il se trouve. J'espérais de tout coeur que ce n'étaient que de stupides rumeurs de très mauvais goût, Lins ne méritait pas cela, et Elisea non plus. Mais si par malheur c'était vrai, alors je devais être là. Seulement depuis quelques jours, je ne croisais Lins nul part, et j'avoue que cela m'inquiétais un peu plus, j'avais peur qu'il fasse une connerie, tout comme j'en avais moi même fait une il y a cinq ans. S'il était toujours à Poudlard, où pourrait-il avoir l'idée de se rendre ? D'expérience personnelle, je dirais dans un endroit calme, reculé, assez peu fréquenté, voire pas du tout si possible. Un endroit assez risqué aussi. D'où un accident peut être arrivé plus vite qu'on ne le penserait, mais qui au fond, nous arrangerait. Le premier endroit qui me vint à l'esprit fut la forêt interdite, mais j'avoue que j'avais beaucoup de mal à imaginer Lins s'y rendre, même malgré les circonstances. Je n'avais jamais eu l'impression que la forêt était son endroit préféré, remarquez ça le deviendrait peut-être avec le temps. La tour d'astronomie peut-être. Personne n'y allait en général, notamment parce que les cours d'astronomie n'intéressent personne. Mais c'était l'endroit idéal, parce que là haut, il n'y avait plus personne. Juste nous et... le ciel. Là haut, il était facile de laisser libre cours à ses pensées, tenter de faire le point, ou juste se faire plus de mal encore, mais au moins là... il n'y a personne pour assister à cela. Personnellement, je me mettais ( ou serait-il plus juste de dire " je me met " ? ) toujours sur le bord, et j'attend. Il est facile de glisser de là, et même si je ne cherche pas forcément à me tuer, je me dis qu'avec de la chance un jour, je ferais un faux mouvement, et qu'on retrouvera mon cadavre pitoyablement affalé sur le sol, entouré d'une mare de sang. Alors peut-être que Lins c'était lui aussi réfugier là.
J'avais donc gravis les marches rapidement, sans doute un peu trop d'ailleurs, car je me trouvais vite essoufflée, mais peu importe. Lorsque j'atteignis les dernière marches, je m'arrêtais une demi minute afin de me forcer à reprendre un rythme respiratoire normal et poussait le porte qui menait au haut de la tour. Bingo... il était là. Et je n'avais pas besoin de lui poser la moindre question, son visage traduisait à lui seul tout ce que j'avais besoin de savoir. Oh non...
Je m'approchais doucement, me doutant bien qu'il devait sans doute penser qu'une présence, quelle qu'elle soit, serait inutile, à moins que ce ne soit celle d'Elisea. Le pire, c'est que Lins n'avait même pas l'opportunité de cacher cela. Tout le monde était au courant. N'importe qui pourrait lui faire du mal avec cela. Surtout maintenant. Parce que le début... c'est le pire. On ne sait plus ce que l'on fait, ou pourquoi on le fait. « Je me lève pour faire semblant de vivre comme un vivant ». Ce n'est malheureusement que trop vrai. A ce stade là, on n'est plus qu'une coquille vide, sans raison de vivre, dénuée de toute envie. J'étais arrivée à sa hauteur, mais je ne pipais mot. Pour dire quoi de toute manière ? " Je suis désolée " ? " Toutes mes condoléances " ? Cela ne faisait que retourner le couteau dans la plaie, et puis très sincèrement, on s'en fout royalement que les autres soient " désolés ", ils peuvent être " désolés ", c'est pas ça qui changera quoi que ce soit, c'est comme leurs condoléances, de toutes manières, ils ne font cela que pour être polis. « Le plus malheureux, c'est celui qui reste ». Et là vous avez une horde de personnes qui vous disent que tout ira bien, que vous cicatriserez alors que vous savez pertinemment que c'est faux. Non tout n'ira pas bien. Non ça ne cicatrisera pas.
Alors il ne me restait qu'une chose à faire, le prendre dans mes bras, ce que je fis du reste. Je ne dis pas que cela aide réellement, non, juste cela montre qu'il n'est pas tout seul, qu'il peut compter sur certaines personnes. Pour une poignée de gens, cela les aides. Oh certes, ils ne s'en sentent pas mieux, mais au moins ils peuvent en parler si il en ressentent le besoin. D'autres à l'inverses s'en foutent royalement, avoir quelqu'un à leur côté ou non ne signifie plus rien. D'autres encore sont à cheval entre les deux. Je ne sais pas à quel groupe appartenait Lins, mais quel qu'il soit, je m'adapterais. Je restais donc là, sans bouger, sans rien dire. On pouvait encore rester là des heures sans bouger que je le ferais. Ce n'était pas parce que je ne trouvais rien à dire, ou parce que je n'avais pas envie de dire quelque chose, détrompez vous, vous êtes loin du compte. Non, mais je me souviens que lorsque j'étais à la même place que lui il y a cinq ans, je ne détestais qu'on tente de me faire parler, ou réagir. C'était à moi de remonter la pante comme je le voulais, ou de ne pas le faire si je ne le voulais pas. Si je voulais parler, je le faisais. Et c'est exactement ce que je tentais de laisser comme liberté à mon ami. C'était lui qui gérait comme il l'entendait. Moi, je ne ferais que me caler sur ses réactions. L'important, c'était d'abord et avant tout que ça l'aide.

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Lorsque Lins me regarda, j'eus l'impression qu'il ne me voyait pas vraiment. Comme si... comme si il était ailleurs. Loin. N'importe où mais pas ici. Peut-être avais-je tort, peut-être me faisais-je des idées, je ne sais pas. Quelques secondes plus tard, il avait de nouveau détourné la tête, regardant au loin. Etait-ce à moi de rompre le silence ? Ou devais-je attendre qu'il le fasse ? Les deux réponses, oui et non, s'appliquaient à ces questions. Oui, probablement, car il est fort possible que Lins se complaise dans son silence. Non, parce que ça pourrait l'agacer, et le pousser à partir. Il n'y avait pas de bonne manière de réagir, que ce soit pour celui qui subissait le deuil ou pour celui qui voulait aider à surmonter. C'était marcher sur un fil, quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, chaque mot, chaque action risquait de tout faire tomber.
Faisant comme lui, je m'accoudais sur un des bords et regardais au loin, jetant quelques regards de temps à autres à mon ami. J'aurais aimé lui dire qu'il y avait un remède miracle qui lui permettrait d'avancer sans se le reprocher chaque jour. Mais ce remède, je ne l'avais pas trouvé. Laissant de longues minutes de silences prendre place, j'optais pour une question qui, je l'espérais, ne ferait pas pire que mieux.
-Tu veux parler ?
Ainsi, je lui laissais le choix. Et si il ne voulait pas parler, alors... d'accord. Nous resterions tout deux dans un silence complet jusqu'à ce que l'un de nous trouve quelque chose à dire, ou ai envie de dire quelque chose. Je gardais mon regard posé au loin, ne pensant à rien et à tout à la fois. Mais plus que tout, j'avais peur. Peur parce que je savais ce que pouvais engendrer la douleur de la perte d'une personne. Je savais de quoi on était capable. Et j'avais peur pour Lins. Peur que cela ait des effet encore plus négatif sur lui que cela n'en n'avait eut sur moi. Peur qu'il fasse une connerie. Peur de tout ce qu'il pourrait faire en fait. Lui qui avait toujours été si rationnel, si sûr de lui, qui sait ce que la mort d'Elisea pourrait faire ? Peut-être que, pour elle, il continuerait de se battre. Mais peut-être aussi que, parce qu'elle n'était plus là, il ne tenterait pas de remonter la pante. Et j'avais parfaitement conscience que si il se laissait aller, j'aurais beau tout essayer, je ne pourrais rien empêcher. J'avais tout un tas de scénarios en tête, et ils n'étaient pas forcément très rassurants. Il faudrait attendre pour savoir...

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Le silence se réinstalla suite à mes paroles, il semblait que Lins ne veuille pas dire un mot. Qui pourrait l'en blâmer ? Bien trop de choses devaient se bousculer dans sa tête. Bien trop de douleur devait se faire ressentir, bien plus qu'il n'y paraîtrait au premier abord. Beaucoup de questions aussi. Parce qu'on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi cette personne plutôt qu'une autre. Pourquoi elle et pas nous par exemple. Parfois de la culpabilité, et j'espérais plus que tout que Lins n'en ressente pas, car croyez moi ça... c'est presque le coup fatal. Devoir se dire chaque jour, à chaque heure, chaque minute, chaque seconde où notre esprit n'est pas occupé que cette personne à laquelle on tenait tant est morte par notre faute. J'étais presque certaine que si par je ne sais quelle idée farfelue Lins parvenait à se convaincre qu'il était en partie coupable de la mort d'Elisea, il ne s'en remettrait pas du tout. J'espérais par dessus tout que cela n'arrive pas. Soudain, il se laissa tomber en avant, laissant sa tête cogner le sol assez violemment tout de même pour laisser le choc se faire entendre, comme s'il avait soudain eut un malaise. J'écarquillais les yeux et me précipitais face à lui, prête à le relever, chose qu'il se chargea bien de faire tout seul avant que je ne me m'en occupe. Il allait avoir une sacrée bosse... Finalement, il se décida à parler, l'air un peu sonné. En même temps avec le coup qu'il venait de se donner...
-J'ai pas envie d'oublier Elisea.
Ses paroles me brisèrent le coeur. Tout autant que de voir l'état dans lequel il se trouvait. J'avais envie de le protéger, de soulager sa peine, mais même avec la meilleure volonté du monde, c'est tout bonnement impossible. Je posais doucement ma main sur son épaule, et répondis d'une voix toute aussi douce.
-Tu ne l'oublieras pas voyons. Quand bien même le voudrais-tu, tu ne pourrais pas l'oublier. Elle est là, dans ton coeur, et ça ne changera jamais.
J'évitais le cliché du " tu ne devrais pas être triste, tant que tu penseras à elle, elle sera avec toi ", parce que cela fait partie de ces nombreuses choses qui n'aident pas plus. Ne pas cessé d'y penser c'est bien beau, mais ce n'est pas cela qui la ramène à nos côtés. Ce n'est pas cela qui calme la douleur. Au contraire. Parce que certes, on garde les meilleurs souvenirs, mais ces souvenirs se transforment précisément en coup de poignards en plein coeur, car on sait que ces moments sont les seuls que nous auront, qu'il est impossible d'en partager d'autre. Et on aimerait retourner dans le passé. Etre de nouveau réellement aux côtés de la personne. Profiter un peu plus peut-être de ces précieux instant, car on sait maintenant qu'ils sont comptés. Alors non, ça n'aide pas vraiment. Ca nous rend nostalgique, mais cette nostalgie prend bien vite plus d'ampleur qu'elle ne le devrait. Donc voyez, ce genre de mot, qui se veulent rassurants, cicatrisants... ils ne le sont pas tant que cela au final. Mais une chose est certaine. Dès lors que vous aimiez sincèrement la personne que vous avez perdu, et quelque soit la relation que vous entreteniez, il vous est impossible de l'oublier.
Histoire d'éviter qu'il tente encore de se casser la tête contre quelque chose, je restais là, face à lui. Bon, il pouvait toujours tenter de se cogner le crâne sur le mur derrière, mais là il était sûr de m'entendre. Je voulais bien lui donner le bénéfice du doute pour cette fois, supposer que... je ne sais pas, il s'était sentis encore plus mal d'un seul coup, un truc du genre, mais une seconde fois là, ce ne serait plus un simple incident. D'ailleurs...
-Ca va t'as pas trop mal ? A ta tête j'entends, me dépêchais-je de rajouter.

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Un air que je ne lui connaissais pas se forma sur son visage, un air hautain, mauvais. Ce n'était pas moi qu'il regardait. Mais il n'y avait personne derrière nous. Alors à qui s'adressait ce regard je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est que ce n'était pas bon signe. Je ne voulais pas perdre mon ami et pourtant le mal était déjà fait. La mort d'Elisea avait entraîné en quelque sorte la mort d'une partie du Lins que nous connaissons, et rien ne pourra plus jamais changer cela. Il faudrait qu'on s'y habitue tous. A présent, nous avions en quelque sorte une nouvelle version de Lins, ni pire ni meilleure, quelles que soient les apparences, quel que soit son ressenti. Il était toujours lui même, mais il était profondément blessé. Le genre de blessure qui ne se referme jamais et qui vous change sans réellement le faire. Je sais, je ne suis pas claire. Pour tenter de m'expliquer, cela engendre un changement dans le comportement que l'on laisse entrevoir aux autres. Malgré tout, cela ne signifie pas que nous sommes nous même réellement différent. On s'en convainc juste, et avec le temps on en convainc les autres. Et pourtant lorsque l'on prend le temps de voir en nous même... on se rend compte que rien n'a changé. On a les mêmes doutes, les mêmes craintes, les mêmes désirs. Seul cet événement fait que nous sommes celui ou celle que nous laissons voir au monde aujourd'hui.
Vu le choc qu'il venait de se donner, je lui demandais si il ne s'était pas trop fait mal, mais... il ne semblait pas m'entendre. Je le reconnais. Cela me faisait peur. Je savais que je devais lui donner du temps. Le temps de rassembler ses esprits. Le temps de faire le point. Le temps de se reprendre en main. Mais tout en moi me hurlait de lui faire entendre raison. A chaque seconde j'avais la sensation de le perdre. Avais-je été comme ça moi aussi ? Est-ce ce genre d'image que j'avais renvoyé à ma tante ? Au fond.. je l'espérais. Parce que si j'avais réussi à me relever de cela, alors Lins le pourrait aussi. Mais sinon... je ne savais pas ce que cela engendrerait.
-Ma chair est aussi irradié que mon malheur qui se faufile dans mes veines noires et mes ligaments flétris de désespoir. Privilégier les bonnes moeurs aux cataclysmes de l'enfer humain peut ouvrir l'orifice d'une obésité mentale débordante de flots de pus des malheurs encombrants...
On aurait dit qu'il récitait un poème. Un poème embrouillé, avec un sens complexe à comprendre sur le coup. Mais ce n'était pas cela. En fait, c'était une mise en garde... en quelque sorte. Il s'enfonçait, littéralement. Il se laissait totalement aller, il laissait son cerveau divaguer, il ne cherchait plus à avoir le contrôle. Un peu comme si... il voulait s'échapper de son corps. Je ne devais pas le laisser faire. Je ne voulais pas prendre le risque.
-Je sais ce que tu ressens. Et je sais aussi que cela te semble insurmontable, ou même... que tu n'as pas envie de le surmonter. C'est normal de ressentir cela, de penser cela. Mais tu peux le faire. Pas tout de suite, j'en ai conscience. Je sais que cela prend du temps. Mais tu ne dois pas te laisser tomber, même si pour le moment tu te fiche bien de ce qui peut t'arriver.
J'avais mon regard planté dans le sien. Je ne cherchais pas à lui faire la morale, ou à accélérer les choses. Je voulais juste qu'il prenne conscience qu'un jour, il arriverait à remonter la pente, et que c'était pour ce jour là précisément qu'il ne devait pas se laisser aller.
-Tu n'es pas seul Lins, lâchais-je après une ou deux minutes de silence.
Peut-être que cela vous paraîtra stupide de dire cela, mais pourtant... on n'a pas toujours conscience de ce fait lorsque l'on est au bord du gouffre. Soit parce qu'on en est convaincu à la base, soit parce qu'il est bizarrement plus simple de se forcer à croire qu'on est livré à nous même.

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-ARRETE DE ME REGARDER COMME CA ET PARLE ! PARLE ! VAS Y, OSE LE DIRE EN FACE CE QUE T'AS ENVIE DE DIRE ET ARRETE DE MURMURER ! TE COUCHE PAS, SALE ABRUTI ET VIENS M'AFFRONTER !
Prise de surprise, je sursautais face à l'accès soudain de rage dont Lins faisait preuve. Je mis de surcroît quelques minutes avant de comprendre que ses paroles ne s'adressaient pas à moi. J'étais idiote. Je n'avais aucune raison d'avoir peur. Ses réactions étaient normales, et gérables. Comme il s'était redressé, je me remis près de lui, et le voyant penché tellement en avant qu'il manquait de tomber, je le tirais un peu en arrière, même si il était plus fort que moi et que mes efforts étaient quasi inutiles. Mais il était hors de question de le laisser se tuer.
-Lins, recule et calme toi. C'est pas ça qui va t'aider.
A en juger par ses paroles, il ne parlait pas à quelqu'un, de toute manière il n'y avait personne en bas. La seule chose qui se " couchait ", c'était le soleil. Donc je supposais que c'était à lui qu'il s'adressait. Sauf que le soleil n'avait rien à avoir là dedans. Seulement, le véritable objet de sa colère n'était pas en face de lui, alors il fallait qu'il exprime sa rage sur quelque chose ou quelqu'un d'autre. Visiblement, le soleil était sa cible.
Je lui avais souligné le fait qu'il n'était pas seul, espérant lui faire prendre conscience que des gens l'aimaient et tenaient à lui, et que par conséquent, il fallait qu'il remonte la pente. Seulement... il restait tendu, serrant si fort la brancarde que j'avais l'impression qu'il voulait l'arracher pour la jeter à la tête de quelqu'un. On aurait dit qu'il n'entendait pas mes paroles. Mais il se tourna vers moi, sans rien dire tout d'abord. Je le regardais, attendant une réaction. Son visage changeait d'expression, optant pour un air affaibli et abattu. J'avais envie de le protéger. Tout simplement. De lui même, du monde... de tout ce qui serait susceptible de le faire souffrir. Je détestais le voir dans cet état, il méritait tant d'être heureux ! Et pourtant le sort s'acharnait sur lui.
-Maman, aide-moi.
Je refoulais les larmes qui s'acharnaient à vouloir sortir. Finalement, c'était peut-être bien de sa mère dont il avait besoin. Mais elle ne m'avait jamais semblé être une femme très chaleureuse, donc je la voyais mal le réconforter. A dire vrai, je ne la connaissais pas vraiment, je ne l'avais rencontré qu'une fois, et bien que j'avais vu en elle bon nombre de qualité, l'instinct maternel n'en faisait pas parti. En même temps, j'espérais me tromper. Mais dans la situation présente, cela ne changeait rien.
-Lins c'est moi, Phoebe. Pas ta maman. Mais je te promet que je ferais tout ce que je peux pour t'aider, tu sais que tu peux compter sur moi.
J'aurais tout fait pour qu'il aille mieux. J'aurais connu un sort qui permettrait à Elisea de revenir, quitte à devoir prendre sa place, je l'aurais fait sans hésiter. Mais à défaut de pouvoir faire cela, je ferais tout ce que je peux pour le soutenir, l'aider, l'écouter, le guider, qu'importe, tout ce dont il aurait besoin, je serais là. Il s'était laissé tomber sur le sol, et je refoulais de nouveau mes émotions, me serinant mentalement que c'était normal, que ça passerait. A dire vrai, c'était bien plus inquiétant quand on constatait les dégâts de la perte de quelqu'un de cher que quand on le vivait. Et le fait de l'avoir déjà vécut et de savoir plus ou moins à quoi s'attendre n'aidait pourtant pas, l'inquiétude prenait place, inévitablement. De nouveau, je m'accroupis afin de me rester à ses côtés.
-La hauteur des ratés serait équivalente au domaine de la galanterie dans un palace du millénaire dans l'Antiquité grec. Pourquoi la mort dans le matériel? Est-ce que le ciel ne substitue pas le rideau de la somnolence du coeur fatigué par l'élan de l'estomac hachuré par ce rangement de ferveurs? Pensons qu'un jour, la Terre voudra avec pudeur se débarrasser des chaussures qui la serraient dans ses océans d'hardiesse.
Pour le coup, cela ne voulait réellement rien dire. Du moins pas directement. Ses paroles n'avaient aucun sens, mais le tout traduisait sa confusion. Cela me semblait être une manière bien étrange de l'exprimer, mais peut-être qu'il ne trouvait pas les mots justes. Mais ce n'était pas suffisant, je le savais.
-Et si tu essayais de mettre des mots sur ce que tu ressens ? De le sortir un bon coup ? De toute manière on est que tous les deux, tous les autres sont dans leur dortoirs, je doute qu'on t'entende. Laisse toi aller. Je dis pas que ça règle tout, mais ça aide un peu.

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Le silence s'installait peu à peu, silence durant lequel Lins semblait rassembler ses idées. J'avais fini par m'asseoir à côté de lui, quitte à devoir encore une fois me relever après. Finalement il reprit la parole, de manière plus censée.
-...J'ai juste pas compris ce qui m'était arrivé ces dernières semaines. Je pense toujours me réserver le droit égoïstement de tout savoir avant les autres, et quand j'ai appris cette masse d’événements que je n'avais pas pu appréhender.., c'était comme si on m'avait donné un mauvais déclic sur moi-même. Finalement j'ai pas arrêté de m'autocentrer alors que mon père doit supporter ma mère qui pue l'alcool à plein nez et l'enterrement d'Elisea et sa famille auquel j'aurais du assister. En fait, je sais plus où aller, ni quoi faire, ni ce que j'deviendrai et comment tout ça est arrivé..
-Le fait de tout savoir avant les autres n'est pas égoïste Lins, c'est le don que tu as reçu a ta naissance. Il n'y a rien d'égoïste dans le fait de s'en servir.
Au moins il était un peu plus lui même, c'était bon signe. La discussion serait plus aisée, et cela l'aiderait peut-être davantage. Du moins c'était à espérer !
-Et tu ne peux pas toujours t'occuper des autres, et faire ce qui est le mieux pour les autres, toi aussi tu as des émotions, et tu ne peux pas passer outre. Ce n'est pas à toi de gérer ta mère, quant à l'enterrement d'Elisea... le deuil tu le portes dans ton coeur, et c'est déjà suffisamment difficile comme ça. Y aller aurait été bien pire.
Je comprenais qu'il s'en veuille. J'aurais réagit de la même manière. Toutefois lorsque l'on prend le temps d'y regarder, on ne peut pas tout réparer, aussi certes, il y avait des soucis avec sa mère, mais ce n'était pas à lui s'occuper de cela, ni même d'en subir les conséquences. Et l'enterrement d'Elisea aurait été comme frapper de nouveau sur une plaie encore ouverte. Cela rend la chose encore plus réelle, et donc plus douloureuse.
-Ce que tu dois faire, c'est continuer ta route, même si cela te semble inconcevable. Cela ne veut pas dire l'oublier et faire comme si rien ne s'était jamais passé, mais avancer. A ta manière. Sans te soucier des autres. Ce que tu deviendras... toi seul peut le décider. Et tu as encore le temps. Les choses sont encore trop fraîches, il viendra un moment où tu choisiras ta manière de réagir à long terme sur ces évènements. Ne cherche pas à te presser. Les choses se feront d'elles même, tu prendras tes propres décisions. Quant à savoir comment tout ceci a pu arriver, tu sais comme moi qu'il n'y a aucune explication logique. On cherche toujours des réponses et au final n'en trouvant pas, on se complait à penser qu'on est le responsable, alors que c'est totalement faux.
Si on sait pouvoir gérer cette culpabilité alors soit, mais parfois cela ravage totalement la personne, et les conséquences peuvent être assez... terrible. Pour en faire l'expérience chaque jour, je sais que les arguments ne suffisent pas, on se sent coupable, on se dit coupable, on rejette la faute sur soi même et on s'y accroche parce que l'on a rien d'autre de véritablement concret pour qu'on puisse accepter de croire que ce n'est pas notre responsabilité.
-Donne toi du temps.

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-Non non, n'essaie pas de déformer ce qui se passe. Je parle bien de mon cerveau, mon intelligence, pas ce que je suis depuis que je suis né. Regarde moi. On me colle toujours l'étiquette de Monsieur Je Sais Tout. Et je le sais. Je ne suis pas bête, je le devine, mais je suis avare de savoir. Je veux tout savoir. Prendre toujours de l'avance et dépasser tout le monde. C'est une compétition interne chez moi on dirait. Je m'en suis aperçu en autre par la lettre de mon père lorsqu'il m'a avoué que ma mère se bourrait la gueule tous les soirs dans un bar moldu. Le fait que j'apprenais quelque chose que je n'avais pas pu anticiper ou même sur laquelle je n'avais pas pu mettre la main dessus, ne fut-ce que pour en avoir une notion possible, ça m'a rendu fou.
Bon, visiblement j'avais commis une petite erreur d'interprétation. Mais ce que j'avais dis restais vrai. Pourquoi se torturer avec cela, c'était idiot... oui enfin, je suis bien placée pour parler, je ne fais pas mieux ! Mais je ne voulais pas que Lins se prenne la tête avec une chose pareille, alors que c'était notamment cette petite chose qui le différenciait des autres. Et pas en mal !
-Et alors ? D'accord on te colle une étiquette, mais qu'est-ce que tu crois ? Les gens font cela avec tout le monde, et ce n'est pas une raison pour te reprocher d'avoir cette soif de connaissance, au contraire ! C'est cela qui fait, entre autre, de toi ce que tu es, et prêter attention au jugement des autres ne sert à rien, tu ne vis pas en fonction des autres Lins ! D'accord cela prend parfois des tournures quelques peu ingérables, d'accord tu ne peux pas te faire à l'idée de ne pas tout savoir, mais dis toi que sans toutes tes connaissances, il y a probablement bon nombre de situations que tu n'aurais pas su gérer par exemple ! C'est un peu ce qui te définie, et comme pour toute personne, cela prend souvent plus d'ampleur que cela ne le devrait, mais ce n'est pas forcément un mal.
Je lui avais souligner le fait que ce n'était pas à lui de tout gérer, qu'il n'avait pas à supporter toutes ces épreuves tout seul. Mais... cela sembla le conforté dans son idée... Mon Dieu ( oops, j'y crois plus depuis longtemps ), il devenait aussi têtu que moi !
-Non je ne parle de prendre tout sur moi, de parler de l'énorme responsabilité. J'veux surtout faire entendre que j'ai une part de responsabilité, j'en suis convaincu. Car mon père non plus ne doit pas porter le poids tout seul de voir ma mère se transformer en une vieille loque, et ma tante non plus. Ils ne doivent pas être que deux. Car je suis son fils, j'ai aussi pour ma part une aide à apporter. Et j'aimais Elisea, c'est indéniable que je me sens coupable mais..de nouveau j'ai aussi une part de responsabilité. Toute aussi non négligeable et je n'ai pourtant pas agi dans le fond alors je n'ai pas arrêté de m'énerver contre moi.
Je connaissais ce sentiment, et au final je ne savais pas moi même si il était juste ou non. Je sais que l'on est convaincu d'avoir une part de responsabilité, et qu'on a donc le devoir de réagir et d'aider nos proches à surmonter les épreuves difficiles, ou les situations particulièrement gênantes, mais était-ce réellement le cas ?
-Peut-être, mais ce ne sont pas des situations faciles à gérer, surtout pour toi. Et je te connais, tu fais toujours ce qui est le mieux, et si tu n'as pas la sensation d'avoir fait ce que tu aurais dû faire maintenant, je suis certaine que tu le feras. Mais ne place pas la barre trop haut. Cela ne sert à rien, en dehors de te donner une pression monstre, ainsi que la sensation de ne pas être à la hauteur alors que c'est faux.
Je le voyais commencer à s'enflammer, et je ne savais pas trop à quoi cela nous mènerait, mais qu'importe. Au fond... se lâcher un grand coup ne lui ferait pas de mal. Il semblait renfermer tant de colère envers lui même qu'en sortir une partie n'aurait pas été du luxe. Ou mieux, s'énerver contre moi, ça libère aussi. C'est toujours mieux quand on s'énerve contre quelqu'un, allez savoir pourquoi...
J'avais tenté de répondre aux questions qu'il se posait, ou qui tout du moins, étaient encore dans le flou.
-Assez parler de moi. J'en ai marre et ça m'agace. Toi, tu n'as rien dont tu voudrais me parler? ...Quelque chose qui te trouble? Hormis la mort de tes parents qui te suit tous les jours, j'entend bien par là..Je suis assez proche de toi que pour savoir que c'est le genre d'évènement dont sa tête s'induit pour toujours.
La mort de mes parents n'aurait pas été le premier sujet que j'aurais songé à aborder, mieux je n'y aurais même pas songer du tout. Ce n'était absolument pas le moment, et quand bien même... je n'aimais pas en parler. Tout avait été dis il y a cinq ans, et aux dernières nouvelles, il n'y avait rien de plus à ajouter... Mais il avait raison, cela me hantait chaque jour, seulement aussi horrible que cela paraisse, je m'y étais habituée en cinq ans. Si un jour je me réveillais sans toute cette douleur, tristesse, culpabilité et surtout sans ces images atroces, je crois que là je paniquerais. C'était devenu mon quotidien.
-En dehors du fait que j'ai franchement hâte de me tirer de cette école définitivement... non, je crois que j'ai rien de spécial à dire.
Et encore, ça j'étais certaine qu'il le savait déjà. Mais que voulez vous que je lui raconte moi ? Ma vie n'avait rien de passionnant, je n'avais aucune audition en vue, aucune nouveauté, rien. Juste ma routine. Et mes recherche d'appartements à New York à des prix abordables, mais jusqu'à présent, il n'y avait que des appartements miteux. Je me voyais assez mal parler de la complexité de dénicher un logement convenable et à un prix acceptable à Lins, cela me semblait un peu... débile. Il n'en n'avait rien à faire et pour dire vrai en ce moment même, moi non plus ! Ce genre de prise de tête était bon le soir, dans la salle commune ou dans la forêt interdite, lorsque je n'avais rien de mieux à faire !

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Spoiler:

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Je n'avais effectivement pas prévu de parler de moi. J'étais ici pour Lins, pour qu'il puisse parler si il le voulait, et j'avais tout envisagé sauf une conversation sur ce que moi j'avais à raconter. Surtout que je n'avais rien à raconter pour le moment, c'en était même dingue. Mais si ça l'aidait à se changer les idées, ou juste à arrêter de ressasser tout ça, alors soit. J'allais tenter d'entretenir la conversation, même si je craignais fort qu'on en ai vite fais le tour...
-Ah oui New York...Je me rappelle comment je l'ai bien emmerdée, cette directrice là. Haha, quelle bonne farce. Mais elle était si bornée faut dire..Et tu t'es trouvée un appartement ?
Je souris au souvenir de ce jour où Lins s'était débrouillé pour faire changer d'avis Mme Lowell, la directrice. Sans lui, j'aurais sans doute dû repasser une audition et la harceler jusqu'à ce qu'elle accepte de m'écouter...
-Oui et tu ne peux pas savoir à quel point je t'en suis reconnaissante. Sans toi je ne sais même pas si j'aurais finalement réussi à intégrer cette école.
Mais en même temps, je me demandais si j'étais vraiment faite pour la TSA. Si je ne l'avais pas convaincue avec une chanson des Misérables, rien n'aurait pu la convaincre. Je chantais bien, j'avais une voix en or, je le savais. Mais et si... et si cette voix en or ne l'était réellement que pour ici ? ... J'allais bien voir de toute manière. J'aurais une chance de faire mes preuves.
-Pour l'appartement... je cherche encore, répondis-je de manière plutôt évasive. De toute manière on est en janvier, d'ici l'année prochaine, si j'avais porté mon choix sur un appartement, il aurait sans doute déjà été prit !
Bon j'avoue qu'en fait, je l'aurais très certainement loué dès maintenant. Non seulement parce que je n'aurais pas eu l'intention de le laisser filer, mais aussi parce que j'aime tout préparer à l'avance, même si là pour le coup cela aurait été vraiment très longtemps à l'avance ! Et connaissant Lins, je ne l'avais pas dupé...
N'empêche... vous ne m'ôterez pas de l'idée que c'était un peu... bizarre de parler de cela maintenant. Ou était-ce juste un impression que j'avais ?

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Lins Ҩ Phoebe

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-Elle l'avait bien cherchée de toute façon. Même si je me retenais, je la trouvais d'une arrogance, 'te dis pas. En plus, faut vraiment être sourd pour ne pas se rendre compte de ta voix. Et même en étant ton ennemi, j'aurais dis la même chose tu sais.. C'est une vérité universelle. D'ailleurs en parlant d'universalité, peut être qu'en chantant chez les moldus, tu pourrais aussi faire carrière chez nous? Tu serais doublement plus connue, imagine ! Un succès fou, je le vois arriver.
Même en un moment pareil, Lins parvenait à m'encourager et à avoir des idées plutôt bonnes. Pourtant, je le trouvais un peu dur envers Mme Lowell... Les choses n'étaient pas toujours aussi simples qu'elles n'y paraissaient, parfois il y avait un petit plus... Et si c'était le cas ici ?
-Oh crois moi, tout le monde n'est pas de ton avis, dis-je en souriant un peu. Et si tu étais mon ennemi, que tu juges ma voix exceptionnelle ou minable, je suis certaine que tu ne le reconnaîtrais jamais, on répugne tous à reconnaître les qualités des gens que l'on déteste. C'est normal... Mais en ce qui concerne Mme Lowell, je me demande si... il n'y avait pas quelque chose ne plus là dessous. L'arrogance et la suffisance sont obligatoires étant donné son statut, elle doit donner l'image d'une femme dure, professionnelle. Mais... peut-être que c'était un test de sa part ? Je veux dire, avoir le talent ne fait pas tout, et on rencontre des gens bien plus arrogants et agaçant qu'elle au cours d'une carrière. Parfois même on le devenait nous même... quelle horreur. Mais il faut aussi avoir la détermination, et ne pas se laisser démonter au premier échec. C'était peut-être une mise à l'épreuve ? Après tout, elle recherche de vrais potentiels, pas de jolies voix...
Je ne savais pas qui je tentais le plus de convaincre, Lins ou moi même ? Et en même temps, je ne savais pas si il y avait lieu de se convaincre de quoi que ce soit ou si j'avais tapé dans le mille. Ou si j'étais à côté de la plaque. Cela faisait peur tout de même...
Je réfléchis à la dernière phrase de Lins. Faire carrière non seulement chez les moldus, mais chez les sorciers. Sur la forme, c'était une excellente idée, mais quand on y regardait de plus près...
-Je ne sais pas. Si je vais dans le monde moldu, c'est notamment parce que je veux échappé à ce monde, parce que je sais que ce n'est pas le mien et que je n'y ai pas ma place. Et aussi parce que l'ignorance totale des sorciers concernant Barbra me reste toujours autant en travers de la gorge. L'idée en elle même n'est pas mauvaise, mais... j'ai tellement tenté de fuir ce monde... Et puis, je ne sais même pas comment arriver à ce résultat dans ce monde !
C'est vrai, tout ce que je connaissais du monde sorcier c'était Poudlard, ce bon vieux Voldy qui terorrisait la population, et ces idiots de mangemorts. Pour ce qui est du reste, je l'avais toujours royalement ignoré, n'ayant rien à faire des moyens de dénicher un job ici.
Je lui avais également expliqué rapidement que je cherchais un appartement, mais que pour le moment, rien n'était dans mes moyens. Une fois encore, Lins eut une solution à laquelle je n'aurais jamais pensé... parce qu'une fois encore, je voulais à tout prix me détaché du monde sorcier. Même si c'est vrai que ça réglerait mes problèmes d'un coup ! Bien qu'en fait, j'aurai déjà eu une solution toute trouvé : notre ancienne maison. Seulement... j'avais peur de ne pas supporter de vivre là jour après jour, confrontée à des souvenirs qui, même si ils étaient bons, me poignarderaient en plein coeur. Je ne savais même pas si elle avait été vendue ou pas, depuis le temps ! Et pourtant parfois, je mourrais d'envie d'y retourner...
-Au pire, on utilise nos baguettes et on construit un appartement à l'insu des moldus dans New York. Doublement avantageux: on ne connait pas ton habitation, et tu es à l'abri de tout .
-C'est une bonne idée en effet !
Je ne me sentais pas le coeur de rejeter deux de ses idées à la suite, encore moins aujourd'hui. Et puis de toute manière, qu'avais-je espéré ? Être à tout jamais débarrassée de la magie ? Je savais que cela ne serait jamais le cas, quant à la limiter, je pourrais le faire, mais jamais totalement, j'en avais conscience. En plus, Lins était sorcier, couper les ponts avec ce monde n'aurait-il pas revenu à couper les ponts avec lui ? Or cela, j'en étais incapable, je n'en n'avais strictement aucune envie. Alors hein...

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Lins Ҩ Phoebe

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-Allons, réfléchis, toi qui est une anticonformiste, qui ne veut respecter que ses règles et qui est autonome, tu ne vois pas un éclairage sur ce que tu viens de dire..? Fais ta rebelle Phoebe. Justement, qui a dit qu'il fallait toujours se plier au monde des starlettes? Y a en a eu beaucoup qui ont donné l'exemple de personnes qui ne s'y adapataient pas et qui pourtant faisaient des carrières époustouflantes. Et c'est ton pote sorcier qui te dit ça, si c'est pas ballot ça.
Je souris à sa dernière phrase et lui fit un bisou. Il avait raison, je le savais, mais bizarrement, je ne pouvais pas jouer ma rebelle face à Mme Lowell, parce que malgré son attitude qui ne pouvait normalement que me mettre hors de moi, je la respectais. Pourquoi ? Sans doute parce que je voyais en cette personne l'espoir d'accomplir mes rêves... ou parce que le statut qu'elle occupait au sein de cet établissement que je voulais à tout prix rejoindre ne pouvait que m'inspirer du respect à son égard.
-Oui je sais bien que tu as raison Lins. Mais si je veux entrer à la Tisch School, je n'ai pas le droit de faire d'erreur. Et le dernière chose que je dois faire, c'est bien de me mettre à dos la directrice ! Sans l'accord de cette femme, je suis fichue ! J'aimerais qu'il y ai d'autres possibilités, mais il n'y en a pas. Les plus grandes stars viennent de la TSA, il n'est pas question que je sois rabaissée à la Julliard School, ou autres université minable du style. Etre diplômée de la TSA, c'est presque un pass direct pour Broadway ! Oui, je pourrais en créer des faux grâce à la magie si je n'étais pas admise, ou si j'étais virée, mais... j'aimerais avoir ma carrière non pas grâce à ma magie mais à moi. Alors non, je ne peux pas la jouer rebelle...
J'avais un gros problème avec la magie en fait. Car certes, je m'en servais à maintes reprises dans ce monde, et j'étais particulièrement douée, mais ce n'est pas pour autant que je l'acceptais. Enfin.. si, j'acceptais le fait que je sois une sorcière, seulement je ne me sentais pas à ma place dans ce monde. Je faisais tâche, et je le savais. La seule chose bien que m'avait apporté le monde des sorciers était Lins et quelques vagues connaissances avec qui je m'entendais relativement bien.
-Milles gorgones, Phoebe ! Tu as tes pouvoirs, cesse de le nier, je sais que tes parents étaient moldus, mais toi tu es bel et bien sorcière, avec une culture plus moldue que sorcière, oui, mais ça ne te coupe pas de tes racines d'ici.. Pour le moment, on ne peut pas vraiment faire grande chose avec Vol..avec Tu-Sais-Qui qui assiège toute l'Angleterre. Un jour viendra, on en finira avec lui, et tu pourras t'étendre avec ton monde musicale dans le nôtre avec une ère de renouveau comme ça ! Tu serais une révolutionnariste !
-Ecoute... en dehors d'une merveilleuse amitié avec toi, qu'est-ce que ce monde m'a apporté ? La sensation d'être captive, et étrangère. La sensation de faire tâche. Et le plus beau dans l'histoire, c'est que c'est la vérité, je fais tâche dans le tableau. Oui, j'ai des pouvoirs, oui je suis une sorcière, je le sais et rien ne pourra changer ça. Et même si je pouvais le changer, je ne le ferais pas. Du moins pas si ça me faisait oublier tous les moments passés avec Lins. Parce qu'au final, c'était bien lui qui me raccrochait à ce monde ! Quoi d'autre sinon ? Mes pouvoirs magiques ? Pas du tout.
-Ouais, enfin Voldemort tu sais... si je prévoyais de percer dans ce monde, qu'il soit là ou pas, c'est pas lui qui m'arrêterait, j'aimerais bien voir ça tient ! Mais tu sais, le renouveau de ce monde, c'est pas par la musique que ça devrait commencer... Enfin bon, on verra, finis-je par ajouter, laissant l'espoir d'un peut-être se profiler au loin. De toute manière Lins finirait bien par me convaincre, et comme d'habitude, je ne pourrais pas lui résister, sois parce qu'il avait des arguments difficilement réfutables, soit parce que je n'avais pas vraiment envie de lui dire non au final... Mais je te répète que je ne sais même pas comment on en arrive à ce stade ici. Laisse moi déjà faire mes années à la TSA et me faire une place à Broadway, de toute façon, le temps qu'il y en ai un qui se décide à supprimer ce bon vieux petit Voldy...
Je laissais ma phrase en suspens. J'aurais bien dis " mort ", mais le mot aurait été particulièrement mal choisi compte tenu des circonstances. Et " vieux et gâteux " auraient pu retourner malencontreusement le couteau dans la plaie...
Lins m'avait proposé l'idée de construire de toute pièce une maison grâce à la magie, et j'avais de suite accepté, refusant de rejeter une autre ses propositions.
-Pourquoi cette réponse si vite engagée? Tu avais autre chose en tête dont tu viens de te débarasser?
-Oui, disons ça comme ça...
J'avais une explication toute trouvée, même si je n'étais pas sûre qu'il ne voit pas la faille du raisonnement. Ouais... au pire j'avais encore une autre issue de secours...

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Lins Ҩ Phoebe

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-Moui en effet...Nan mais après bien sûr ! Quand tu n'auras plus qu'à frôler les planches de Broadway et que t'en auras terminé avec la TSA, tu feras ce qui te plaira. Imagine..Voler un donnut à un policier moldu et lui rire au nez? Ou briser la vitre d'un taxi et appuyer sur le klaxon? Ou est-ce que monter au sommet de l'Empire State Building te tenterait le mieux? Ce ne sont que des suggestions de mon imagination bien entendu.
Ses idées étaient plus folles les unes que les autres, mais j'y voyais là un moyen de nous tourner vers un avenir plus joyeux que celui qui se présentait sous nos yeux en ce moment.
-Tu sais que la seule chose qui puisse me pousser à faire cela c'est toi, m'entraînant dans ce genre de combine n'est-ce pas ? Alors mon cher, je compte sur toi pour être là le moment venu, et pour me convaincre de faire ce genre de folies avec toi, à mon avis la journée ne sera pas inintéressante, elle serait même très prometteuse !
Réfléchissez : une journée entre amis, à faire tout et n'importe quoi, avec crise de fous rires garantis, c'était ce que j'appelais une journée parfaite ! Et puisque selon lui nous ne nous perdrions pas de vue... Mouahahahahah ! En même temps je m'en sentais coupable d'avance, c'était déloyal envers les moldus... Mais au point où j'en étais, la culpabilité devenait aussi naturelle que respirer ou manger, et d'ici là, j'aurais le temps de changer d'avis ou de cesser de culpabiliser ! D'accord, d'accord, on sait tous que ça n'arrivera jamais, mais je comptais bien sur cette journée malgré tout. Un peu comme une lumière au bout du tunnel. Un espoir que toute joie n'avait pas encore totalement éradiqué ce monde. Bizarrement, je remarquais que Lins rougissait, et je ne compris pas de suite pourquoi... avant qu'une petite lumière s'allume et me fasse Tilt. New York = enfance = parents = morts = traumatisme = mauvais souvenirs. Mais j'aimais trop cette ville pour en souffrir d'en parler ou d'y retourner, sinon je ne l'aurais sans doute pas fait. Mais Lins devait sans doute penser qu'il m'avait fait du mal sans le vouloir. J'espérais un peu que ma réponse l'avait rassuré...
-En dehors de mes calculs et de mes théories, j'ai pu diagnostique que la situation ne tarderait plus à s'arranger, mes visions n'étaient pas clairs mais certains de leurs contenus étaient explicites..
-Attend, tu es en train de me dire que tous ces petits moutons effrayés vont enfin se rebeller et réussir à vaincre un prétendu Lord surpuissant qui les terrorisaient tous y'a pas si longtemps encore ? Wahou, ils ont peut-être du plomb dans la cervelle finalement...
J'étais un peu cruelle envers les sorciers, j'en avais conscience, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. J'avais bien compris que Voldemort était un homme ( enfin si on peut encore lui donner ce statut ) abject et sans coeur qui avait torturé et tué bon nombre de sorciers, sorcières, " sang de bourbe " et moldus, et je comprenais... en partie la peur générale. Mais depuis le temps, j'aurais pensé qu'ils auraient la présence d'esprit d'unir leur force et de ne pas se laisser faire ! Je crois qu'un petit groupe de personne le faisait déjà, mais ce n'était pas assez, ils ne faisaient pas le poids à côté d'un démon et ses animaux de compagnies. La plupart se résignait et se faisait tout petit dans un coin en espérant se faire oublier suffisamment longtemps pour vivre leur vie, sauf qu'ils ne comprenaient pas que ce n'était justement PAS une vie. Alors oui, j'étais dure envers eux, mais en même temps ils ne me donnaient pas matière à avoir pitié d'eux. Je ne comprenais pas. Pourquoi la peur ? C'était de la colère qu'ils devraient ressentir ! De la haine, cette haine qui vous donne une puissante montée d'adrénaline et vous donne le courage d'affronter n'importe quoi, qu'importe le résultat ! Tenter le tout pour le tout plutôt que d'entrer dans son jeu ! Non franchement, tout ça me dépassait !
Brefouille ! Lins m'avait proposé l'idée de construire une maison par magie, et en avait présenté tous les avantages. J'avais accepté, ne désirant pas rejeté une seconde idée, et il m'avait demandé si j'avais une idée en tête dont je venais de me débarrassé, ce à quoi j'avais plus ou moins répondu par une réponse positive.
-Ah oui? Ben explique, si tu veux
-Et bien... à quoi bon se battre la magie fait partie intégrante de moi, et même si je tentais tout, je ne pourrais jamais vraiment couper les ponts avec ce monde. Alors à quoi bon me démener pour trouver un appartement et un job imbécile dans le style de serveuse quand je peux m'éviter de me retrouver dans un bar remplis de pervers pour gagner de quoi payer un loyer et tout avoir gratis ? Sans compter que, comme tu l'as dis, je serais tranquille, c'est un point non négligeable !
Voilà que j'en venais à me convaincre moi même... Alors qu'à la base, c'était surtout Lins que je voulais convaincre ! Mais c'est vrai que ce n'était pas totalement faux... Une vie tranquille, enfin ! Cette idée n'était pas si mauvaise au fond... ALORS POURQUOI JE ME SENS ENCORE COUPABLE ET PIEGEE PAR CE FOUTU MONDE A LA NOIX ?!? Je ferais mieux d'aller voir un mangemort et de lui demander de me tuer, ça me poserait franchement moins de problèmes...

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Lins Ҩ Phoebe

 Ҩ « Le mal rencontre une ivresse passagère et laisse des blessures profondes dans son sillage. » Elise Cabot

-Bien entendu, et je serai là !
Je souris, cela avait un petit côté réconfortant de savoir qu'il serait toujours là. Enfin toujours... non. Soyons réaliste. Les premiers temps il serait là. Vous avez vu ça où vous, des amis qui sont toujours là avec vous ? Parce que personnellement, je n'ai jamais vu ça ! C'est malheureux à dire mais... avouons le. C'est ainsi. Et je n'avais que de très faible chance pour que cela nous arrive malgré nous. Mais bon... chaque chose en son temps... on verra bien. Pas la peine de penser à mon plus ou moins désespérant futur maintenant.
Lins m'avait parlé de ses visions, disant que la situation ne tarderait plus à s'arranger. Ce qui fait que je ne pu empêcher une petite pique, trouvant particulièrement étonnant que les sorciers finissent par arrêter de se faire marcher sur les pieds. Mais Lins me détrompa assez tôt...
-Non, attends. Ce n'est pas exactement là où je voulais en venir. Ce sont des visions Phoebe. Cela ne reste pas définitif. Des tas de circonstances peuvent tout faire basculer. En résumé, tout ça est assez subjectif et évasif pour pouvoir y mettre une conclusion, je ne veux pas donner garantie d'un monde meilleur et donner de faux espoirs alors que tout ça ne pourrait ne jamais avoir lieu. De plus, ce ne sont que des suppositions que j'ai fais sur base de ce que j'ai vu. De toute manière, il vaut mieux pour l'instant vivre l'instant présent et s'accoutumer à lutter. Bientôt si cela change, on le ressentira forcément, c'est évident.
-Oui, je me disais bien... les gens se laisseront toujours marcher sur les pieds... Tu sais... vivre le moment présent c'est bien beau, mais ce n'est pas la meilleure chose à faire. Faut se préparer à la suite, envisager tous les scénarios, et s'apprêter à affronter chacun d'eux. Parce que sinon, on se retrouve très vite avec la situation hors de contrôle, et je ne sais pas pour toi, mais en ce qui me concerne, j'ai horreur quand la situation m'échappe. Mais... peu importe tes visions. Comprend le Lins : on peut vaincre le bien sans difficulté. Le mal par contre... il reste. Il s'installe un peu plus chaque jour. Ca ne changera pas, jamais ! Les gens ont trop peur pour réagir. Ou trop mauvais. Ca ne s'arrangera pas, au mieux, cela donnera une simple illusion de changement. Jusqu'à la prochaine catastrophe.
Oui. Eradiquer le bien est une chose simple. On peut changer de camp d'un claquement de doigt. Eteindre ce qu'il y a de meilleur en nous est chose facile. Le garder en revanche, ça c'est plus difficile. Je me serais écoutée, il y a bien longtemps que je ferais du mal autour de moi. J'ai trouvé un compromis : je fais du mal, certes, mais à ceux qui le méritent. J'ai fais ma propre conception du bien, et je ne trouve pas qu'elle soit si fausse que cela. Chacun fait son choix. Mais rare sont ceux qui savent garder ce qu'il y a de meilleur en eux.
-Absolument. Ne jamais se refuser les profits d'une situation, même lorsque celle-ci paraît bizarre.
Je souris, hochant doucement la tête. Il n'avait pas tort... mais cela continuait de me sembler être de la triche. Regardez les moldus : une partie d'entre eux doit se battre pour gagner sa vie, avoir un toit au dessus de la tête, avoir de quoi manger, ce genre de chose. Nous sorciers, nous n'avions qu'à connaitre une formule, et tout est bien qui fini bien. Et on me dira encore qu'il y a une justice dans ce monde...

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