Une journée comme les autres à Poudlard. Tu te lèves le matin pour aller en cours, mais tu es en retard parce que tu t’obliges à nettoyer après le passage des filles de ton dortoir dans la salle de bain. Tu aimes comparer ça à un champ de mine ou à un terrain de guerre après une grande bataille de sorciers. Et toi, tu es là pour tout arranger. Mais lorsque tu sors et que la pièce est enfin propre, tu vois l’heure, et tu comprends qu’à cette vitesse, autant oublier le petit déjeuner. Cependant, s’il y a une chose que tu as bien compris et que tu n’as pas oublié depuis ton réveil, c’est qu’il faut toujours avoir de l’espoir. Comme ton docteur te l’a dit, il ne faut jamais rien mettre de côté. Toutes les possibilités sont à envisagés. Imaginons que quelqu’un ait été intoxiqué par la nourriture et qu’ils doivent laisser la grande salle ouverte plus longtemps. Ou qu’un duel ait éclaté entre un Gryffondor et un Serpentard et que du coup, au lieu de penser à fermer la salle, les professeurs préfèrent tenter de les séparer. Rien n’était à mettre de côté. Oh bien sûr, les probabilités se porteraient plus en faveur du deuxième évènement plutôt que du premier. Mais une fois en bas, les portes étaient fermées. Prenons le côté positif des choses : au moins, il n’y a pas eu de duel, ni de blessés. Tu observes autour de toi, et tes yeux se posent sur un duo de Serdaigle. Un jeune homme, ton âge, des cheveux mi- longs. Tu sais que tu le connais, il fait partie de ton passé. Ton incapacité à te souvenir en quoi est la seule réelle chose qui te manque d’avant. Son regard se pose sur toi, et son sourire s’efface tandis que ses yeux se glacent. Ce garçon est peiné, et tu le vois. Tu voudrais aller le voir, mais tu n’oses pas. Un jour peut-être tu iras, mais tu ne préfères pas te presser. La jeune fille qui l’accompagne est une première année que tu as pris son ton aile à son arrivée. Elle sourit en te voyant arriver, et elle court vers toi. Le jeune homme sourit et part. Le choc de la petite s’écrasant contre ton ventre change ta focale de vision. Tu la regardes et lui sourit. De sa poche de veste, elle sort une pâtisserie et de la met la main. Tu vérifies que personne n’est autour et tu la prends dans tes bras. Elle fait partie de tes piliers.

Ta journée de cours se passe sans encombre. Tu rigoles sans envie aux blagues de ceux qui t’appellent encore Lys, tu te forces à répondre mal à deux ou trois professeurs, et tu attends la fin du cours, que tous tes « amis » soient partis pour aller t’excuser. Ils te sourient sans trop comprendre ton comportement, mais tu sais que tu fais ce qui est bien, et c’est le seul pardon dont tu as besoin. Le tien. Et, enfin, tu vas voir le gardien de Poudlard qui sait exactement ce que tu vas faire et qui te donne l’autorisation de sortir du château.

Tu te rends avec envie jusqu’à St. Mangouste. Tu souris aux gens dans la rue et tu dis bonjour à ceux qui te rappellent vaguement quelque chose. Certains baissent les yeux en te voyant, et tu as mal au cœur en pensant que tu as surement du les heurter lorsque tu étais encore Lys. Et alors, tu accélères le pas. Plus vite tu verras le docteur, plus vite tu réussiras à t’enlever toute cette culpabilité. Une fois arrivée à la porte de l’hôpital, tu t’annonces et on te redirige vers le service psychologie.

Il y a de tout là-bas. Des malades mentaux, des gens qui ont perdus de la famille proche, des amnésiques. Comme toi. Tu ressens leur douleur, à tous. Tu sais qu’ils vont mal. Surement plus mal que toi. Tu t’assoies sur un siège et tu attends que celui que tu considères comme ta seule famille, ton docteur, vienne te chercher. Tu pars dans tes pensées en t’imaginant en première année. Ce que ta première année aurait été si tu avais été Jazzy, et pas Lys. Un vieil homme aux cheveux blanc vient te parler. Tu veux qu’il s’en aille, mais tu ne dis rien. Tu ne veux plus faire de mal à personne. Alors tu refermes les yeux et tu essayes de revoir un souvenir avec ce Serdaigle. Un seul souvenir qui pourrait te mettre sur la piste de ce qu’il représente pour toi.