Il était inutile de dire à quel point c’était l’euphorie totale dans le château. Toute la journée, des petits cupidons avaient transportés des messages d’amour et d’amitié de leur auteur jusqu’à leur destinataire, ils avaient aussi balancés des cœurs en papiers de différentes couleurs allant du rose au rouge sur les personnes qui passaient. Armé de leur arc et de leurs flèches, ils répandaient l’amour dans le château. Etrangement, les Carrow avaient semblés absent de leur poste de gardien de la discipline. Ce jour les affectaient peut-être particulièrement, bien qu’il n’y ait que peu de chance dans cette option.

Mais cette journée laissait un gout amer dans la bouche de la jolie blonde. Oh, il ne fallait pas se méprendre, des mots d’amour et d’amitié elle en avait reçu, elle ne les avait pas lu, se contentant de regarder si il s’agissait des personnes qu’elle attendait avant de les refermer et de les fourrés dans son sac. Mais il se tramait quelque chose que la demoiselle n’aimait pas. D’une part, elle n’avait reçu aucune carte et aucune fleur de la part de son père, or, l’anniversaire de sa fille unique, c’était quand même le jour le plus important pour lui non ? Il n’oubliait jamais cette date, c’était tellement étrange. D’autre part, ce goujat de Sacha ne lui donnait plus aucune nouvelle depuis leur dernière entrevue aux Trois Balais. C’était incompréhensible. Il était sur son dos depuis des mois et du jour au lendemain, plus rien, silence radio. Elle s’en fichait qu’il puisse oublier son anniversaire, mais elle aimait qu’il lui porte de l’attention, elle aimait le voir fantasmer sur elle alors plus aucun signe de vie, ça semblait inquiétant.

Elle était vexée. Très vexée même. Avec l’importance et le temps qu’elle lui avait consacré, il osait disparaitre comme ça, sans la moindre explication. Heureusement qu’elle avait refusé de se donner à lui, il n’aurait plus manqué que ça !

Toute la journée, elle avait fait sa mauvaise tête, boudant à outrance. Et c’était au diner dans la Grande Salle qu’elle s’était le plus mal sentie. Dans tout ce monde, dans toute cette foule où les gens s’aimaient, se regardaient, tout le monde semblait heureux d’avoir une soirée de bonheur et de liberté, d’amour et d’espoir. Et dans tout ça, elle ne se sentait que d’autant plus seule. Pourtant il y avait du monde, ses amis, ses meilleurs amis même, mais elle avait préféré se tenir à l’écart de tous. James devait sûrement avoir une conquête à voir et à se faire dans la soirée, Kennedy, mieux valait peut être la laissé tranquille avec ses amis. Non, seule, elle était mieux. Dans sa bulle maussade et terne, elle n’emmerderait personne et vice versa. Dinant à peine, elle n’avait qu’une envie : que cette foutue journée se termine et qu’elle puisse rejoindre son lit.

Elle mangeait lentement. Tournant et retournant les aliments devenus froids dans son assiette. Les yeux rivés sur sa fourchette, elle tentait de faire abstraction de tout ce qui l’entourait. Elle bouillonnait de colère, elle avait envie d’exploser, de pleurer, de crier, de frapper, de se déchainer mais elle ne pouvait pas se permettre de craquer et de perdre la face. Elle ne se comprenait plus, elle ne savait plus comment réagir.

Se levant de table, elle n’attendit pas que les autres se lèvent ou qu’on l’autorise à quitter sa table pour sortir. Sans un regard pour personne, elle avait quitté la table précipitamment. Et à la dernière seconde, elle changea de cap pour se diriger vers la porte d’entrée du château et non vers sa salle commune. Un bon bol d’air bien frais ne lui ferait pas de mal, surtout qu’il n’y avait personne dehors, elle pouvait donc faire ce qu’elle avait envie.

Pour la soirée, elle avait quand même été bien s’habillée, après tout, peut être qu’on lui préparait une surprise pour son anniversaire ce soir. Elle avait donc revêtu une robe blanche, couvrant sa poitrine uniquement, mais pas le reste de son ventre. Elle était longue derrière, arrivant jusqu’au sol mais devant, la robe s’arrêtait juste au dessus de son genou. Son dos était nu et la robe descendait en v jusqu’au bas de son dos. Par-dessus, elle avait quand même prit sa cape d’hiver, après tout, il y avait encore de la neige, une fine pellicule mais tout de même.

Elle remarqua que la lune éclairait étrangement bien de sa clarté bleutée, bien qu’elle ne fût pas totalement pleine.

Descendant un peu dans le parc, elle entreprit l’idée de faire le tour du château à pied avant de rentrer, il ne faisait pas aussi froid qu’il n’y paraissait. Le paysage était magnifique et il n’y avait pratiquement aucun bruit dehors mais cela ne faisait que renforcer sa solitude. Il était plutôt rare qu’un moment de faiblesse ne la saisisse comme cela, surtout un jour pareil. Mais elle était dans un jour où les choses semblaient mal se passer et elles se passaient réellement mal pour la demoiselle. C’était tout simplement un jour sans, comme il y en avait parfois. Elle avait cette impression que tous les murs, toutes les barrières qu’elle s’était tuée à mettre entre elle et le monde s’écroulaient aujourd’hui. Elle se sentait vulnérable, et elle n’aimait pas ça, cette drôle d’impression, de sensation qu’elle ne ressentait habituellement jamais la saisissait de toute part. Elle n’était pas faible, c’était elle qui terrorisait, elle qui dirigeait, elle qui décidait et non l’inverse ! Alors pourquoi tout ça … ? Elle n’en avait pas la moindre idée.

S’installant sur un banc, elle sortit sa baguette afin d’enlever le peu de neige qui le recouvrait. Mettant ses genoux contre sa poitrine, passant cape d’hiver par-dessus ses jambes, un léger souffle de vent faisait virevolter ses cheveux blonds. Et une larme s’écrasa sur sa joue. Une seule. Qu’elle laissa glisser le long de sa joue sans y prêter attention.

Dans la nuit noire, on aurait pu ne pas l’apercevoir et pourtant, elle était bien là. Cachée par l’ombre d’un arbre. Mis c’était sans compter le rayon de lune qui se reflétait sur ses cheveux, lui donnant l’air d’un ange, dans sa belle robe blanche. Sa cape d’hiver sur ses genoux, elle avait les yeux rivés droit devant elle. Elle ne regardait rien, rien de particulier, elle n’observait pas le mouvement des arbres sous la brise hivernale, elle n’en avait rien à faire de rien. La tranquillité, voilà tout ce qu’elle voulait. Mais avec ce jour si spécial, comment pourrait-elle être tranquille à l‘intérieur ? Elle avait pensé à rejoindre la tour d’astronomie, son endroit préféré, qui offrait une rue imprenable sur Poudlard et ses environs, mais ce soir, il serait sans aucun doute occupé. C’était un endroit très romantique pour y emmener la personne aimée. Le plafond astral était le plus parfait des décors, le silence qu’il y régnait donnait une certaine intimité, tout comme la lumière de la lune qui brillait doucement de ses rayons argentés. Aucunement besoin de bougie, une couverture à mettre sur les épaules de la demoiselle emmenée suffirait amplement à la satisfaire. Enfin, c’était le point de vue d’Amélia ça. Elle était du genre exigeante pourtant mais elle aimait parfois la simplicité d’un moment.

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle espérait que James n’ait trouvé personne pour ce soir. En fait, si, elle savait très bien pourquoi. Elle avait tenté pendant des mois, vainement, de ne pas penser aux sentiments amoureux qu’elle avait à l’égard de son meilleur ami mais… Non, elle supporterait très mal qu’il passe ce jour dans les bras d’une autre. Elle se montrait très possessive, c’était vrai. Mais comment supporter cela ? Surtout le jour de son anniversaire. Puis même, anniversaire ou pas, le voir aux côtés d’une demoiselle ça mettait la blonde dans des colères noires. Comme la dernière fois, dans le couloir où elle l’avait surprit dans les bras de Candice. Elle avait complètement disjoncté ce jour là, lui arracher une poignée de cheveux… Ce n’était pas très correct. Mais elle n’en avait rien eu à faire sur le moment, tout ce qu’elle avait voulu c’était retirer cette sangsue de son meilleur ami.

C’était quand même dingue que les personnes qu’elle voulait n’étaient jamais disponibles. Elle ne pouvait avoir James, à cause de son mariage. Elle n’avait pu avoir Sacha, car il voulait juste coucher avec elle et qu’il avait, accessoirement, disparu. Elle avait envisagé de tout laisser tomber, de faire ce qu’elle voulait et peut-être même de disparaitre à la fin de l’année. Mais c’était impossible, si elle faisait ça et que son père la retrouvait, il la tuerait. Elle était sa fille mais elle était persuadée que pour son honneur, il supprimerait son unique enfant. De toute façon, il avait toujours voulu un garçon. Et il lui avait assez répété d’ailleurs. Alors elle s’était pliée à tout ce qu’il lui avait demandé. Après tout, voir son père fier d’elle, c’était tout ce qui importait. Mais maintenant, elle pouvait penser par elle-même, elle savait certaines choses qui pouvaient faire pencher la balance. Mais on n’agissait pas comme on voulait par ces temps. Surtout par ces temps alors, le sujet était clos.

Les yeux dans le vide, l’esprit embrouillé par le ressentiment, la colère et la tristesse, elle avait alors laissé s’échapper une larme. Elle l’avait laissé couler et bientôt, une perle d’eau salée avait laissé une trace le long de sa joue. Elle s’était cependant empêchée de respirer, pour ne pas craquer. Elle avait étouffé un sanglot, se faisant au passage mal à la gorge. Il n’y avait pas une raison précise, juste un tout sans doute. Elle ne savait pas mais elle se sentait ridicule.

Encore plus ridicule quand elle vit apparaitre un Drago Malefoy pas très frais à ses côtés. Beau, il l’avait toujours été, surtout en grandissant. Mais l’odeur d’alcool qui émanait de lui fit froncer le nez d’Amélia. Mais bien sur, c’était tout à fait normal qu’il soit triste, il avait perdu Aarya, sa fiancée. Alors c’était tout à fait normal que lui ne soit pas bien. Lui au moins avait une raison de pleurer, bien qu’il ne le fit pas. Il avait bu. Et elle regrettait de ne pas avoir eu la même idée. Boire pour oublier. Elle avait été un peu égoïste. Dans sa mauvaise journée, elle avait oublié de penser à lui. Si elle s’en était rappelée, elle aurait pu l’emmener avec elle et ils auraient passés la journée ensemble, à se changer les idées. Quoi que si ils avaient bu tout les deux, ce n’était peut-être pas la meilleure des idées, puisqu’Amélia aurait certainement finit par se déshabiller au bout d’une certaine quantité d’alcool. Elle ne se déshabillait pas devant n’importe qui, mais Drago n’était pas n’importe qui et s’il avait fallu lui changer les idées avec les grands moyens… Non ! C’était mal ! Et trop tard de toute façon.

Elle eut un geste reflexe pour rattraper son ami mais il n’avait fait que trébucher. Il lui avait fait un de ses sourires dont il avait le secret avant de la prendre dans ses bras. Elle n’était pas habituée à ça. Elle n’avait jamais été habituée à ce genre de marque d’affection et elle fut prise au dépourvu. Mais au final, elle avait finit par passé ses bras autour de son cou et à le serrer doucement, essuyant au passage toute trace de larme. Elle planta un baiser léger contre sa joue. Etrangement, elle n’avait pas envie de le lâcher, appréciant son soutien. Mais elle le fit, regardant le blond dans les yeux.

-Merci pour ta carte, Drago. Je suppose qu’il est inutile de te demander comment tu vas.