Ren & Johan ► island of lost souls

Johan

« Tu vas où Johan ? Cache ça en tout cas, si un des Blackburn te choppe t’es bon pour une séance… » Pas un frisson, pas un mot, les murs avaient trop d’oreilles, et je glissais l’artefact dans ma besace céruléenne sans répondre à Jim qui semblait bien trop inquiet. Plus que moi en tout cas. Certes depuis que les mangemorts avaient pris le château et que les Blackburn avaient debarqués en masse. Déjà, la fille n’était pas un cadeau, - fallait pas se demander d’où elle tenait son merveilleux surnom, la conasse- mais avoir en plus son grand frère et leur mère, installés dans des rôles importants par ici. Directrice de Serpentard, professeur d’histoire de la magie, professeur d’art de la magie noire… Quand on entendait les pas d’un Blackburn dans les couloirs, on rentrait dans la première salle venue, du moins si l’on n’avait pas le sang pur comme ces crétins de Mayweather, magnifique fratrie n’hesitant pas à parader leur statut de sang pur. Je ravalais un soupir, rien que de penser à tous ces stupides énergumènes qui par quelque chose d’aussi sordide que le sang ou leur naissance bénéficiaient d’un passe- droit, était une pensée qui m’hérissait les poils – façon de parler, je ne ressemblais pas encore à un porc épic ou une tortue à piquants, et me rendait nauséeux. Tiens, de toutes les manieres ça tombait bien, je me rendais à l’infirmerie. « J’vais à l’infirmerie. Si on me cherche dis leur que je reviens plus tard. » Qui pourrait me chercher après tout… ? Je perdais un peu mon sourire en rajoutant ensuite « Et si c’est Juda, ne lui dis rien du tout. » . Oui, j’avais la rancune tenace, j’en voulais encore à Juda pour tout ce qui c’était passé. Et je lui en voulais surtout d’avoir suivi Egilson, plus que tout le reste. Si il y’avait quelque chose que je savais c’était qu’Egilson avait beaucoup changé des temps ci – cette année en fait, et que je n’aimais pas l’influence qu’il pouvait avoir sur mon ami. D’autant plus qu’Egilson reputé gay n’avait pas tendance à garder la saucisse de hot dog dans son emballage plastique, si vous comprenez la merveilleuse métaphore. Bref, quoi qu’il en soit, si il approchait sa saucisse trop prêt d’un four qui n’était pas le sien, il tâterait de la baguette d’un né moldu, et cette fois je parlais de la vrai baguette celle en bois. … En fait, je mourais avant d’avoir fait quelque chose mais, c’était une idée fixe, je ne supportais pas l’idée d’imaginer ses mains sur mon ami… Qui, selon toute évidence était pour moi bien plus qu’un ami. Quoi que maintenant, je n’aurais plus jamais l’occasion de lui dire, je n’aimais pas ce qu’il était devenu… A cause d’Egilson… ENCORE.

Peut être que j’avais une idée fixe, que je faisais une méchante fixette sur ce qui c’était passé ces jours ci. Ouais peut être, c’est ce que je me disais en marchant de couloirs en couloirs en tout cas. Oh, un amas de gryffondor, des premières années heureusement, qui me bloquait le passage jusqu'à l’infirmerie. Je soupirais, je toussotais, et en bon joueur de quidditch je prenais le temps de faire des sourires aux gamins qui tiraient la manche de leurs copains en disant d’un ton emerveillé « C’est le batteur de Serdaigle. » Et le batteur de serdaigle j’étais alors l’attitude détachée et gentil chouette, chouette, c’était tout moi. Au moins, par chance je n’étais pas tombé sur un attroupement de serdaigle, la j’aurais eu beaucoup plus de soucis à passer sans être stoppé toutes les trois secondes. Et c’est ainsi qu’après quelques « Pardon, excusez moi, pardon » j’arrivais enfin de l’autre coté du couloir. Plus qu’un tournant, et la troisième porte serait celle de l’infirmerie. Quel parcours du combattant Poudlard quand même, je me rappelle le gosse perdu que j’étais, qui avait des sueurs à chaque fois qu’il fallait changer de cours. A l’époque j’avais l’espoir de revoir Juda pour nos cours communs. Non, mauvais souvenirs. Je me mordais la lèvre, et j’essayais de penser a autre chose. Le sourire de ma mère par exemple. Ça c’était une belle pensée, et c’est donc en souriant un peu,d’un sourire qui n’atteignait quand même pas mes yeux, que je toquais à la porte de l’infirmerie, rentrant sans entendre l’autorisation. C’était un lieu public après tout.

Regardant un peu autour de moi, je laissais ma présence se faire connaître d’un franc « Bonjour ! » Aussi enjoué qu’il puisse l’être entendu les conjonctures actuelles. Dans la pièce principale il n’y’avait personne, je supposais que les infirmiers étaient plus loin, en train de s’occuper de quelques malades. Bah, moi je n’étais pas pressé, j’avais juste quelque chose pour Ren, et j’esperais pouvoir l’aider comme il m’avait aidé en me soignant les fois passées.

La journée était... plutôt belle quand on y pensait. Bien que les temps courant ne soient pas des plus joyeux, je parvenais à garder à l'esprit que les choses l'étaient de toute façon pas toujours rose et qu'il y avait un moment où elles devaient tourner mal... Vous comprendrez que, dans ma situation, il était plutôt normal de tenter de penser ainsi la plupart du temps, surtout quand on sait ce que j'ai pu vivre dans mon passé. Après tout, qui n'aurait pas pensé que chaque journée était belle, que chaque chose valait la peine d'être vécue, une fois qu'il avait failli mourir? Mourir assassiné n'était peut-être pas la chose que j'aurais désiré étant enfant, et il était presque certain que personne n'aspirait à une telle fin... C'était sans doute pour cette raison que j'avais tendance à positiver, à voir les petites douleurs comme de petits rien, et les plaintes exagérées des élèves qui parfois criaient pour un oui ou pour un non... Souvent, ceux qui souffraient réellement n'en disaient rien... en particulier en cas de douleur psychologique.

Bref, cette journée avait plutôt bien commencé... J'avais eu la chance de me réveiller sans difficulté et d'être présent au poste où l'on m'attendait en temps et en heure. J'avais fais attention à ne rien oublier, à bien me désinfecter les mains et à enfiler mon uniforme d'infirmier correctement. J'avais beau être à Poudlard depuis peu de temps, je m'étais assez rapidement fait à ce rythme de vie que j'avais été contrait d'adopter, ne pouvant définitivement pas vivre dans le monde moldu, monde auquel je n'appartenais pas... Oui, même si je ne pouvais me résoudre à utiliser la magie, je ne pouvais pas non plus renier la nature qu'était la mienne...

Tandis que je préparais de quoi m'occuper des patients actuellement présents à l'infirmerie, je souris un peu, réfléchissant à tout ce qui m'était arrivé ces quelques dernières années. J'avais eu beaucoup de chance de trouver ce travail, loin du Japon, loin de ces souvenirs atroces dont mon passé avait été affligé. Je devais faire comme si ces choses n'avaient pas existé, mais comment aurais-je pu y parvenir quand on savait à quel point ces évènements m'avaient détruit? J'avais pu redevenir quelqu'un de sociable, moyennement dirons-nous, mais je n'avais pas retrouvé cette chose essentielle à toute personne désirant communiquer facilement avec une autre : ma voix.

En effet, ma voix s'était comme éteinte lorsque mon camarade avait éliminé un à un chaque élève de notre classe, et ce qui avait d'abord fait croire à une mauvaise passe pour mes cordes vocales avait donné place à une aphasie post-traumatique, chose très peu recommandable à la personne que j'étais... J'avais ainsi perdu le moyen de communiquer avec mon entourage, et les incompréhensions s'étaient faites de plus en plus nombreuses à cause de cela. Même dans le monde moldu, j'avais eu beaucoup de mal à me faire comprendre par les personnes environnantes... M'enfin, j'avais toujours réussi, après de nombreux efforts, à fait passer le message que je désirais passer. Ce problème avait cependant recommencé ici, à l'école, car comment expliquer facilement à un élève qu'il doit adopter tel ou tel comportement lorsque l'on est tout simplement incapable de s'exprimer oralement?

La volonté n'était pourtant pas la chose qui me manquait. En effet, je tentais souvent, lorsque j'étais seul à l'infirmerie, dans le parc de l'école ou simplement dans ma chambre le soir, de m'exprimer, de prononcer une demi-syllabe ou simplement d'étudier mon anglais, car je ne devais pas être en défaut de cette langue lorsque j'aurais retrouvé la parole... Malgré tous mes efforts, les choses ne changeaient absolument pas : je restais tout aussi muet, tout aussi incapable de m'exprimer à voix haute et de me faire comprendre par mes patients. Je gardais néanmoins le sourire.

Après m'être occupé des quelques élèves dont je devais vérifier l'évolution, j'avais pris place sur une chaise dans la salle réservée au personnel de l'infirmerie et j'avais pris mon repas. Je le savais, mes habitudes moldues étaient parfois assez mal vues par le personnel, ou tout du moins par certaines personnes de l'école, celles qui ne juraient que par le statut de notre sang. Après tout, quel sang-pur aurait désiré arrêter d'utiliser la magie? Quel sang-pur aurait préféré soigner les élèves sans utiliser la moindre once de magie? Moi. J'étais précisément le genre de personne en dehors de toute logique que certains auraient volontiers incendié pour le plaisir de le faire... Mais cela ne m'empêchait pas de continuer, car même si mes techniques n'étaient pas approuvées par certains, elles étaient efficaces et me passionnaient tout simplement.

Une fois mon repas terminé, j'avais du retourner m'occuper de certains élèves qui nécessitaient des soins réguliers et plus importants. Oui, on m'avait recommandé d'utiliser la magie pour ces cas, pour qu'ils puissent rentrer plus vite en cours, mais je n'avais pas l'intention d'obéir à ses consignes, mes techniques n'étant que rarement plus longue. Après tout, si la magie pouvait réellement tout soigner d'un coup de baguette, alors pourquoi la mort était-elle encore définitive? J'avais donc repris mes occupations avant d'entendre quelques paroles de salutation qui se faisaient entendre de l'autre bout de la pièce.

Je quittai du coup l'endroit où j'étais avant d'apercevoir cet élève qui avait déjà du venir me voir à l'infirmerie et qui, ma foi, avait été bien sympathique envers moi. Je m'approchai alors de lui avant de, respectueusement et à la japonaise, m'incliner légèrement devant lui en guise de salut. Oui, je n'étais là que depuis quelques mois, il m'était encore encore difficile de me faire aux coutumes du pays, bien que cela risque d'arriver un jour. J'en étais encore à ce comportement asiatique que l'on m'avait enseigné, mais cela n'était pas plus mal, car j'étais du même coup assez poli, parfois trop.

Je ne savais pas comment lui demander ce qu'il faisait là, il n'avait pas l'air blessé, ni même malade, mais il était quand même dans l'infirmerie en cet instant. Je m'étais donc simplement redressé avant de poser mon regard dans le sien d'un air assez interrogatif, espérant qu'il comprendrait que je cherchais à comprendre la raison de sa venue en ces lieux.

Johan

J'étais toujours plutot enjoué, malgré tout ce qui pouvait passer dans ma tête, et quand notre infirmier de toute sa hauteur - pas si haute que ça, les japonais n'étaient que rarement grand - s'inclina poliment devant moi, je me fendais d'un immense sourire qui lui était destinée. Je n'avais aucune idée du pourquoi mais il me fascinait et degageait une aura si mysterieuse et si... intrigu-interessante que je voulais en apprendre plus sur lui. D'autant plus qu'il était enormement sympathique, et que ça tombait bien, je l'étais aussi. C'est sur un ton doux que je parlais un peu, ne m'attendant de toute façon à pas de réponses. « Tu n'es pas obligé de t'incliner devant moi tu sais, ce n'est pas comme si j'étais quelqu'un qui impose le respect ou quoi que ce soit. » Oh non, ça je ne l'étais pas. Peut être que j'avais pu l'être par le passé, que j'avais pu gagner un peu de respect par mes talents de batteur de Serdaigle, ou par mes héroïsmes et ma sympathie, mais c'était... du passé ça. Cette année je n'étais qu'un moins que rien au sang impur comme les ... sang purs se plaisaient à m'appeler. Et ça allait pour le moment, je n'avais rien subi de physique. Pas encore... Alors oui, on pouvait dire qu'un tel salut me surprenait, me faisait chaud au coeur et me genait en même temps. Aprés, je comprenais que nous avions des cultures differentes, moi même, je n'avais pas les mêmes cultures que les gens d'ici. En Suède nous étions plutot bref. Une poignée de main en guise de salut, que ce soit hommes ou femmes. Enfin, pour les jeunes c'était different, mais ça faisait parti de ce qui m'avait été inculqué, ici... Les gens se faisaient des bisous à tout va, et c'était une partie legerement derangeante de l'angleterre...

Enfin.. la lueur dans les yeux de mon interlocuteur peu bavard - pour ne pas dire muet - respirait la curiosité et c'était peut etre le moment d'expliquer ma venue. A demi géné, perdant la motivation et la determination que j'avais pu avoir sur le chemin qui séparait la tour serdaigle de l'infirmerie, je passais un peu perturbé la main dans mes cheveux avant de me remettre à parler. « Je sais que tu va trouver ça bizarre... Enfin, déja je n'ai mal nulle part, à la base je passais juste te dire bonjour et savoir comment tu allais, si tu n'avais pas trop de soucis, tout ça.» Je ne savais pas son statut du sang, je savais juste qu'il traitait tout le monde en égal et qu'il risquait d'avoir des soucis pour ça avec les mangemorts, et comment aider quelqu'un qui ne parlait pas, quelqu'un qui ne pouvait pas appeler à l'aide. Enfin, il fallait que je me mette dans la tête aussi que c'était un adulte, je laissais mes épaules s'affaiser legerement. « Et je sais que t'es plus vieux que moi tout ça... 'fin voila. J'ai juste pensé à ça l'autre soir, je me suis dis que si tu pouvais pas parler, ça ne t'empechait pas d'écrire, et a vrai dire je ne connais aucun artifice sorcier qui fasse ça, alors j'ai acheté ça... » J'étais sorti en douce pendant une sortie à Pré Au Lard pour me faire livrer la chose, mais au moins... ça allait être utile. Enfin j'esperais. Regardant autour de moi si il n'y'avait personne d'autre, je sortais de ma besace une ardoise et une boite de craie. « Je.. Je ne sais pas si tu sais comment ça marche, mais bon, le grand baton blanc sert à écrire sur la partie noire de l'arfoise. Ça pourrait te servir pour parler. » Je souriais un peu et puis je palis d'un coup. « Enfin, je veux dire, je trouvais que c'était une bonne idée, si ça te vexe ou quoi que ce soit, je la remballe et je disparais bien sur. » Maintenant je me mordais la levre, les reactions des gens me faisaient toujours un peu peur.

Je ne pouvais pas nier qu'avoir la visite de quelqu'un me faisait du bien. Ne pas pouvoir parler m'était parfois assez insupportable, surtout quand j'avais cette envie de discuter avec les autres sans pouvoir le faire. Malheureusement, tout le monde ne pouvait pas comprendre mes pensées, si même imaginer ce que j'avais pu vivre avant d'arriver ici, mais cela n'était pas plus triste que cela quand on y pensait, car je pouvais ne pas le révéler et ainsi éviter de nombreuses questions blessantes qui auraient pu ouvrir à nouveau la blessure qui siégeait en mon esprit. Voir Johan, ce garçon qui avait déjà du venir se faire soigner à l'infirmerie, me mettait du baume au coeur. Oui, certaines personnes ne me parlaient pas, car ils ne savaient pas comment converser avec moi, mais même sans y parvenir facilement, ce garçon avait toujours semblé apprécier discuter avec moi, même si mes réponses étaient silencieuses et, parfois, difficilement compréhensible. Je faisais des efforts et tentait encore de retrouver la parole, mais ce n'était pas chose aisée.

Quand je m'étais incliné face à lui pour le saluer, je l'avais entendu me dire que je ne n'étais pas obligé de m'incliner face à lui. Je le savais, rien ne m'y obligeait, mais j'avais été élevé comme ça et je voulais pas réellement faire autrement. Il était élève, je ne pouvais pas me montrer familier envers lui, et même si je l'avais voulu, cela ne faisait pas réellement partie de mon éducation de base. J'avais donc souri à sa remarque, riant un peu. Pourquoi aurait-il mérité moins de respect qu'un autre? Peut-être que lui aussi se préoccupait trop des différences que tant d'élèves avaient à l'esprit en ces temps sombres? Peut-être qu'il craignait également de se faire rosser par une personne mal intentionnée à cause de cela? Ces histoires de statuts m'importaient bien peu, et même si j'avais parfois peur d'avoir des problèmes pour cette raison, je n'allais pas changer de comportement. J'avais vu déjà trop d'élèves venir à l'infirmerie à cause du comportement violent de certaines personnes du château depuis que j'étais arrivé... Pourtant, je n'étais pas là depuis longtemps.

Mon sourire se voulait rassurant, comme d'habitude, et j'avais tenté par mon regard de lui faire comprendre qu'il n'avait pas à s'en faire, que cela me semblait tout à fait normal et qu'il n'avait pas à croire que je faisais cela parce que je le pensais supérieur à moi. Il méritait juste tout autant de respect que moi et chaque autre personne du château.

Non, je ne vivais pas dans un monde de papillons roses et de libellules sirènes, mais j'avais quand même vécu des choses horribles qui m'avaient fait comprendre à quel point le respect était une chose importante, comparée au sang qui n'était qu'une caractéristique futile que certains considéraient comme d'une importance capitale. À quoi bon se prendre la tête pour du sang? Quelle que soit la personne, sa couleur était et resterait sans doute le rouge... Ce rouge qui souillait bien des mains en cette période, même si certains sorts assuraient une mort propre mais néanmoins douloureuse... Je ne voulais aucunement utiliser la magie à cause de cela... Cette violence camouflée que celle-ci apportait... Ces lumières qui jaillissaient des baguettes pour blesser... Je n'oublierais jamais les flashs verts que j'avais pu voir ce jour là... Jamais.

À cette pensée stupide et inutile, mon regard s'était quelque peu assombri et j'avais jeté un regard vers le ciel au dehors. Oui, j'étais songeur, mais j'avais eu un instant besoin d'oublier ce à quoi je pensais, ne réalisant pas que cela n'était peut-être pas correct. J'avais ensuite reposé mon regard sur le jeune homme, le questionnant du regard sur les raisons de sa venue ici, raisons qu'il n'avait pas tardé à me donner.

Ses paroles m'avaient arraché un sourire empli de gratitude. J'étais heureux que l'on vienne me voir "juste pour me dire bonjour". À vrai dire, j'avais besoin de savoir que certaines personnes pensaient à moi, simplement parce que j'avais tout quitté de chez moi pour venir ici et que rester seul dans un environnement peu familier n'était pas tout à fait indiqué pour une personne avec un passé comme le mien. Cela me faisait réellement plaisir. Je m'inclinai un peu pour le remercier, accompagnant ce geste d'un sourire en fermant les yeux.

Niveau soucis, je n'en avais pas tellement rencontré depuis que j'étais ici. Chose plutôt positive quand on connaissait mes pratiques, à savoir la médecine non magique, qui aurait plutôt déplu à la grande majorité des sorciers de sang pur aux mauvaises idées qui se baladaient dans l'école en ces temps sombres où les ténèbres semblaient régner en maître... J'avais souri tout simplement, réfléchissant avant de secouer légèrement la tête pour lui signifier qu'il n'avait pas à s'en faire à propos de mes problèmes, car je n'en avais pas: mes problèmes se conjuguaient actuellement au passé, chose que j'espérais voir continuer.

Il était clair qu'un jour viendrait où j'aurais des problèmes ici aussi, après tout, quel sorcier de sang pur pouvait volontairement abandonner la magie sans avoir les représailles de ses semblables du côté obscur? J'avais peur du moment où cela arriverait, mais je me porterais bien, ou du moins du mieux que je le pourrais, jusqu'à ce que survienne ce moment. Je n'avais donc pas de raison d'inquiéter ce garçon si sympathique, bien plus sympathique que certains "sang purs" que j'avais pu croiser.

Johan avait alors repris la parole, ce qui avait une nouvelle fois attiré mon attention alors qu'elle se perdait dans les méandres de mes souvenirs et de mon esprit. Je m'étais interrogé sur la chose dont il me parlait et, au bout de quelques temps, je l'avais vu sortir quelque chose de son sac, souriant en reconnaissant cet objet que j'avais déjà du utiliser au cours de ma vie dans le monde moldu pour communiquer avec mon entourage. Je lui avais fait signe de la tête en souriant pour confirmer que j'avais compris puis, je pris l'objet qu'il me montrait avant de sortir un morceau de craie blanche de la petite boite, de saisir l'ardoise de ma main droite après avoir posé la boîte sur un lit qui se trouvait là et de tracer quelques mots sur l'ardoise, de ma main gauche.

Je prenais un peu de temps, car je ne maîtrisais pas encore parfaitement l'anglais. Après tout, je n'étais là que depuis assez peu de temps et, même si je comprenais l'oral, car j'avais eu l'habitude de l'entendre parler, je n'avais pas pris l'habitude de l'écrire souvent, car je préférais utiliser des gestes qui étaient plus rapides pour discuter. J'avais du mal à trouver cette expression simple censée exprimer la gratitude et, au bout d'un moment, il me sembla que celle-ci me revenait, j'écrivis donc des mots sur l'ardoise, ceux qui me semblaient correct par rapport à ce que je voulais exprimer à mon interlocuteur, ignorant qu'il s'agissait en fait de la déformation japonaise de ces mots.

« San Kyuu »
Ma graphie n'était pas la meilleure, mais j'avais fait un effort pour me souvenir de la manière d'écrire la chose. D'ailleurs, la prononciation s'en approchait fortement. J'espérais qu'il me pardonnerait cette faute d'orthographe assez grave, car je n'avais pas réellement le choix d'écrire autrement puisque la bonne graphie m'avait échappée. J'avais donc fermé les yeux en souriant en lui montrant ce que j'avais écrit, espérant ne pas avoir écrit quelque chose d'incompréhensible. Je rajoutai ensuite en dessous, dans un langage un minimum plus correct, bien que légèrement bancal au niveau de l'orthographe.

« Il me serat trés utiles. »
Bon... Faites que Buddha ait donné à ce garçon une bonne dose d'indulgence envers ma graphie, car j'aurais réellement eu besoin de cours d'orthographe... M'enfin, cela s'améliorerait avec le temps, j'en étais certain! Oui oui... Même si là j'avais à peine conscience de me planter dans mon orthographe, pensant juste faire de mon mieux pour être compréhensible.

NB : le texte coloré en[i] italique[i] est "écrit", celui en couleur sans italique serait parlé.

Johan

Parfois on pouvait se dire que parler à quelqu'un qui n'était pas capable - ou qui refusait de parler en retour n'était pas facile, mais avec Ren, il y'avait tellement d'expressions dans ses yeux que c'était... de suite beaucoup plus facile. C'était comme ça que je l'avais apprécié... Et je voulais vraiment faire quelque chose de bien pour lui, parce que oui, le langage, la communication c'étaient la des ciments de notre societé. Quoi qu'il en soit je souriais un peu aprés lui avoir dit qu'il n'avait pas besoin de s'incliner et je haussais les épaules comme pour dire que ce n'était pas grave que ca ne valait pas la peine d'épiloguer.

Et puis le temps passant je lui expliquais pourquoi j'étais venu, juste parce que j'étais content de le voir. Juste pour savoir comment il allait. Ça semblait lui faire plaisir et ça m'amenait un immense sourire sur le visage. J'étais content, content de faire plaisir aux gens, content que mon existence serve à quelque chose. Ça faisait du bien parfois. Vraiment, ça me rappelait que j'avais peut être bien fait de venir ici... Que. Et bien, je ne sais pas. Que je n'étais pas qu'un stupide né moldu digne d'être torturé. J'étais aussi un garçon intelligent, gentil, un peu héroïque, et j'étais digne d'être l'ami de personnes interessantes et intelligentes. Bien sur je n'étais qu'un eleve, et je ne serais probablement jamais son ami, mais je pouvais tout de même être quelqu'un à qui il pouvait parler. Enfin... façon de dire. D'ailleurs je sortais trés vite l'ardoise, un peu géné, et plein d'apprehension. Il pouvait apprecier le cadeau et le geste comme il pouvait en être vexé. Zut. On verrait bien. Et j'allais voir bien vite je crois.

Ouf. Il souriait, et il ne m'avait pas lancé l'ardoise dans la gueule. Non au contraire il avait commencé à écrire. Et dans un anglais bien plus qu'approximatif il me remerciait. Je souriais tout plein, avec mes jolies dents blanches. « Ça ne s'écrit pas comme ça, regarde. » Doucement je prenais une craie et j'écrivais « Thank You » dans la bonne graphie sur son ardoise. « Mais l'essentiel c'est qu'on te comprenne, de rien. Tu sais l'anglais c'est pas ma langue natale non plus, j'ai eu trop de mal quand je suis arrivé à Londres pour la premiere fois. Enfin... desolée je parle trop. » Et pour être désolé je l'étais. C'était rare que j'ai l'occasion de parler de mes années d'enfance en Suède. A part à Luka dans notre langue natale, je ne parlais pas trop de ça. Et alors qu'il écrivait à nouveau, je souriais encore.

« Bien sur, je n'en doute pas. Je suis content que ça puisse te servir. » Comme quoi je pouvais encore faire quelque chose de bien. Du coup je commencais à lui parler un peu. « Alors tu penses quoi de tout ça, de Poudlard.. ? Enfin je te derange pas au moins, je vais pas rester longtemps si tu as des choses à faire. »

J’étais heureux d’avoir trouvé une personne dans cette école qui ne s’arrête pas à la difficulté que j’avais pour m’exprimer. Je ne savais pas comment je faisais pour tenir lorsque tout le monde autour de moi s’exclamait de vive voix, tandis que je ne pouvais même pas émettre un simple murmure… Je faisais des efforts, je tentais de faire comprendre par mon expression, faciale ou physique, des choses que je ne pouvais exprimer oralement, et avec certaines personnes, cela fonctionnait plutôt bien, mais il manquait toujours cette précision que pouvaient nous donner les mots, mots que je n’étais pas en mesure de manipuler comme les trois quarts des autres, ne sachant le faire qu’à l’aide d’un papier et d’un stylo.

Voilà donc que cet élève m’avait offert une ardoise avec laquelle je pourrais m’exprimer à l’avenir si je prenais le temps de la mettre dans mes affaires à chaque fois qu’une sortie se profilait. Oui, j’y penserais très certainement, car c’était là une très bonne idée et inutile de dire préciser que ce cadeau me serait d’une grande utilité et que j’en prendrais certainement grand soin. Je souris un peu, posant à nouveau mon regard sur l’ardoise après y avoir écrit quelques mots à l’orthographe plus que boiteuse ; je n’étais pas encore habitué, mais je m’y ferais, la langue anglaise était tellement différente de cette que j’avais toujours parlé jusque là…

Je posai mon regard sur Johan lorsque celui-ci, le sourire aux lèvres, avait pris l’ardoise à son tour pour réécrire le mot que j’avais moi-même inscrit… ou tenté d’inscrire ! Je me mordis un peu la lèvre, me disant que j’aurais tout intérêt à travailler plus sérieusement mon anglais, et n’osant même pas imaginer les pensées des autres lorsqu’ils lisaient ce que j’écrivais sur le papier. Dire que, normalement, je faisais partie du corps professoral, je me retrouvais désormais à me faire corriger par un élève ; quel piètre niveau j’avais ! Mais Johan n’en restait pas moins très avenant, et c’était tout à son honneur.

Lorsqu’il s’excusa de parler et cela m’arracha un petit sourire ; j’aimais écouter les gens parler. Je n’étais qu’un observateur après tout, incapable de réagir, incapable de poser le geste qui sauverait quelqu’un… dans l’immédiat du moins. Quand on y repensait, je n’avais pas de rôle défensif ; je n’étais que l’infirmier qui sauve les vies, l’infirmier qui pense aux autres une fois que le pire s’est produit… n’était-ce pas un rôle plus désespérant qu’un autre en fin de compte ?

Je m’attendais à le voir repartir aussi rapidement qu’il était venu, mais cet élève, venu pour « rien » si je puis dire, semblait avoir envie de discuter ; bien qu’il dise qu’il ne comptait pas rester longtemps, cela me fit du bien. Savoir que quelqu’un était présent, que quelqu’un voyait, au-delà de l’infirmier, une personne à qui parler normalement, me faisait un grand plaisir que je ne pouvais réellement exprimer. À sa question, je posai mon regard sur l’ardoise et recommençai à y écrire.

« Je ne les comprends pas. » Avais-je simplement inscrit.

Il n’y avait rien à comprendre, ou au contraire fallait-il tout savoir pour capter les raisons pour lesquelles ces monstres de mangemorts décimaient tant de familles ? Pourquoi les « sang-purs » étaient mieux que les autres ? Je ne le savais pas, mais j’avais déjà vu la mort autour de moi, et j’avais failli la subir également, alors je ne pouvais que rester dans l’incompréhension face à tant de conflits.

« Au moins, ici, je n’ai pas encore eu de problèmes. » Avais-je ajouté à la suite de mon précédent écrit.

HRP:

Johan

J’étais gentil, et si il y’avait quelque chose que j’appréciais encore plus que les gens aussi gentils que moi, c’était de pouvoir lire les sourires des autres quand j’étais gentil et avenant avec eux. Comme le sourire sur les lèvres de Ren la. C’était pas grand chose pourtant, c’était rien qu’une ardoise, mais pour lui ça avait l’air d’être beaucoup et ça me remplissait d’une chaleur sans égale. J’aimais faire plaisir. J’aimais être utile…J’aimais faire des bonnes choses. Et j’aimais bien parler aussi, la ce matin j’étais en train de tout faire à la fois, surtout parler, et ça n’avait pas l’air de le déranger… Il n’avait pas l’air d’avoir beaucoup de boulot en fait. Bon tant mieux, parce que je venais de partir dans du charabia, un peu trop de charabia… Mwais, bref ! Et donc on disait… ? Ben je lui parlais un peu de Poudlard, tout ça, et sur son ardoise voilà qu’il me marquait qu’il ne les comprenait pas. Je soupirais doucement.

«Je ne les comprends pas non plus. Je ne comprends ni la violence ni les sévices tu sais. Ma mère ne m’a pas elevé comme ça. » Ah ma mère j’esperais vraiment qu’elle aille bien, mais mieux valait ne pas penser à elle, j’allais vouloir repartir en suede a toute allure moi aussi. Mais je n’avais de toute façon pas le temps de trop penser que Ren écrivait déjà autre chose. Ah quand je me disais que ça serait utile cette ardoise, au moins il avait un moyen de communiquer, different de la langue des signes.

Au moins il n’avait pas de problèmes ici… Qu’est ce qu’il voulait dire par la ? Je fronçais un peu les sourcils, et je me mordais la lèvre, hésitant sur la conduite à suivre. Est ce que je devais lui demander ce qu’il voulait dire ? Est ce que je devais… ? Je ne sais pas. Ne rien dire… ? Après tout je n’étais qu’un élève, ce n’etait pas a un eleve que l’on racontait sa vie. Oui… Mais j’étais curieux, et je pense que je pouvais le considérer comme un ami, malgré la différence de statut et d’age. Enfin j’esperais qu’il me considere de cette maniere la en tout cas. J’aurais vraiment aimé. Parce qu’il ne fallait pas se fier a mes 17 ans, j’étais quand meme assez mature… Sur certaines choses. Pas sur tout. La preuve, je continuais à en vouloir à Juda, et notre amitié était en péril a cause de ça… Mais lui non plus n’était pas mature, vu qu’il ne réalisait pas l’ampleur de ses torts. Bref. J’étais décidé et c’est en fronçant un peu les sourcils que je posais la question suivante.

« Au moins ici… ? Tu veux dire quoi ? Enfin, ça me regarde pas hein ! Mais si tu veux par… t’exprimer je suis la ! » Je me disais bien qu’il y’avait des raisons à ce qu’il ne parle pas hein, j’étais pas stupide !

Les élèves comme Johan se faisaient rare à l’heure actuelle. Ils perdaient en politesse, leurs capacités se limitant bien souvent à une méchanceté sans borne et un manque de respect digne des plus grands méchants de l’histoire. Personnellement, j’avais été éduqué dans un immense respect de l’autre, avec politesse et rigueur, il était donc évident qu’un comportement semblable à celui du jeune homme me frapperait, dans le bon sens du terme bien évidemment. J’étais assez heureux d’avoir fait sa connaissance, même si j’étais un membre du corps professoral, car je pouvais discuter avec quelqu’un sans avoir l’impression que celui-ci me manquerait de respect à la première occasion, chose assez positive quand on y repensait bien.

Même si cela pouvait sembler stupide, le cadeau que Johan venait de me faire me rappelait un peu mon pays, dans lequel les cadeaux font un peu partie de la tradition. J’étais réellement heureux, même si certains auraient bien vite pensé qu’une simple ardoise et une boite de craies ne représentaient pas grand-chose. Pour moi, cela avait une valeur symbolique, c’était une chose que je chérirais, car ce garçon avait pensé à moi et à ma difficulté de m’exprimer ; il n’avait pas agi par pitié, mais pour m’aider, c’était une chose très importante à mes yeux, raison pour laquelle je lui en étais d’autant plus reconnaissant.

L’élève en était venu à me demander mon avis par rapport à Poudlard. J’avais répondu brièvement et avec honnêteté, car il était clair que je ne comprenais pas (et ne comprendrais certainement jamais) les évènements qui se déroulaient chaque jour sous mes yeux. J’avais vu beaucoup d’élèves rentrer à l’infirmerie avec des blessures qui n’étaient certainement rien d’accidentel. Je m’en voulais de ne pas pouvoir arrêter les choses, mais j’étais là lorsqu’il le fallait, lorsqu’il fallait soigner quelqu’un, réparer un os cassé ou quoi que ça soit d’autre, et ce même si j’étais incapable d’utiliser la magie.

Incapable, c’était un bien grand mot. J’avais décidé de ne pas utiliser la magie, car celle-ci représentait pour moi un danger sans égal. Une personne avec la moindre once de magie était capable du pire comme du meilleur, mais choisissait bien trop souvent le pire à mon goût. J’avais survécu à un massacre, j’avais décidé d’en empêcher d’autres en me privant de magie, même si je vivais mes journées dans un monde qui y était baigné. Pour cette raison, il m’arrivait de me sentir un peu seul, lorsque tout le monde se réjouissait autour de ces phénomènes, lorsqu’ils arrivaient à soigner quelqu’un en quelques secondes d’un coup de baguette ou d’une simple incantation…

Entendant le jeune homme qui, quelques secondes plus tard, avait repris la parole, je souris un peu. Cela ne m’étonnait pas de lui ; il devait avoir reçu une assez bonne éducation, même si je ne connaissais pas son passé, il était clair qu’il n’avait pas été élevé dans la mauvaise direction. J’aurais aimé rencontrer d’autres élèves comme lui, avenants, polis, respectueux, attentifs… mais, au fond, cette rareté avait quelque chose d’assez agréable, même s’il devait lui arriver de se sentir un peu seul à agir ainsi, différemment.

J’avais ainsi recommencé à écrire sur l’ardoise, heureux d’avoir obtenu un nouveau moyen de m’exprimer, plus économique qu’une simple feuille de papier, plus efficace que la langue des signes que trop peu de monde maitrisait. Restait à améliorer ma graphie, c’était un fait certain, mais je pourrais y parvenir en m’exerçant régulièrement et à force d’habitude. Comme je l’avais inscrit sur l’ardoise, je n’avais pas encore eu de problème ici, dans l’infirmerie… et dans cette région en général, au contraire de ma terre natale où étaient restés mes fantômes. Sa question me fit sourire légèrement. Sourire amer ? Sourire amusé ? Difficile de le savoir clairement. Je m’étais contenté de reprendre l’ardoise pour y écrire quelques mots.
« Dans l’infirmerie. Je me sens en sécurité ici. »
Après tout, en ces lieux, nous soignions régulièrement des élèves, nous n’étions pas là pour aggraver leur blessures, et encore moins pour tuer nos étudiants. Je prenais ma tâche très à cœur et, comme je m’y sentais en sécurité, je tentais également de renforcer cet aspect sécuritaire lorsque je voyais un élève arriver, apeuré par ses blessures ou ses symptômes. Je souris un peu avant d’inscrire quelques mots à la suite, profitant du peu de place qu’il me restait avant de devoir effacer.
« Je pense qu’on a tous besoin d’un endroit où l’on se sent protégé, tu ne penses pas ? »
Ces mots, écrits par quelqu’un qui avait échappé à la mort, étaient sans doute emplis de sens, mais encore fallait-il le percevoir. Je voulais que les gens soient en sécurité, ce après avoir mis des années à le chercher, ce sentiment de protection.

Johan

Une chose était sure en tout cas, ma mère et Emy m'avaient merveilleusement bien éduquées. Certes, mon père y'avait peut être joué, mais il n'était pas souvent la, et on pouvait dire que j'avais recu une éducation quasi uniquement féminine... Bon, ça n'avait certes pas trop d'interet, mais pour avouer tout ce que je pouvais avouer, je m'inquietais énormement pour les deux femmes qui avaient fait de moi ce que j'étais. Elles étaient reparties en Suede, Bref. Tout ça pour dire, que j'étais fier de mon éducation et de ma politesse, et qu'avec Ren au moins, je pouvais exercer tout le respect dont j'étais capable et il ne me rirait pas au nez. Les autres élèves étaient cruels parfois, stupides comme Mayweather et Malefoy, ils croyaient que le respect se gagnait par la peur. D'autres comme le blond que j'avais croisé l'autre jour étaient simplement imbuvables et ne comprennaient pas les gens qui tendaient juste les mains pour aider leur prochain. Moi j'avais du mal à comprendre les gens méchants, malhonettes, disrepectueux. Comment pouvait on prendre plaisir à faire quelque chose de mal, à voir pleurer les personnes à coté de nous, ou trouver du reconfort dans le malheur des autres ? C'était quelque chose qui m'échappait. Mais peut être que j'étais juste d'une candeur incroyable...

Quoi qu'il en soit, Ren semblait ravi de son ardoise et rien ne me faisait plus plaisir sur le moment que de le voir s'en servir. Surtout que notre conversation était interessante. Nous ne comprennions pas les gens méchants... Les mangemorts. Ces choses la. Néanmoins, quelque chose qu'il venait de dire avait attiré mon attention, qu'entendait il par la ? Il se sentait protegé ici. Oh, la reponse vint, et je me trouvais stupide de m'être mis à trop reflechir, il parlait de l'infirmerie. Je me fendais d'un petit sourire. « Je vois. Je comprends. » Et je comprenais, l'infirmerie était aprés tout un endroit sain ou les gens étaient censé recuperer pour aller mieux. Ce n'était pas les couloirs, ou une salle de torture quelconque. ici, je comprenais qu'il se sente bien. La suite de sa phrase, qu'il ecrivit hativement sur le petit morceau d'ardoise qui lui restait, me fit reflechir longuement. Nous avions tous besoin d'un endroit comme ça, d'un endroit safe et sain. Je me mordillais la lèvre, en me demandant si moi j'en avais un. Peut être que moi ça n'était pas un endroit, c'était une personne. Emy d'abord. Et puis Juda aussi... Oui. C'était ça je crois... « Parfois ce sont aussi des gens qui nous font sentir en securité. » Je souriais doucement, un peu timidement, et je regardais la grande horloge sur le mur. Je n'allais pas tarder à devoir bouger je crois... Les cours, toujours les cours....

Ayant reçu une éducation purement japonaise, j’avais parfois du mal à comprendre les coutumes de ce côté du monde. J’y parvenais de mieux en mieux, mais j’avais parfois des blocages dans certaines situations. Pouvais-je ou ne pouvais-je pas répondre à une question, la poser, interrompre une dialogue d’un certain type… il était difficile de comprendre une culture dans laquelle nous n’avions pas été élevé, mais je tentais de faire des efforts pour y arriver au plus vite et ne plus me sentir aussi étranger parmi ces autres que je fréquentais quotidiennement. En attendant, je ne pouvais que faire de mon mieux et essayer de comprendre, même lorsque les choses me semblaient totalement différentes de ce que j’avais toujours vécu jusque là. Je ne pouvais en vouloir à personne, car j’avais bel et bien décidé de ce qui m’arrivait désormais : j’avais quitté mon pays, ma famille, mes racines… tout cela de mon plein gré, alors j’aurais été le seul à blâmer si j’avais du m’en plaindre.

Pour ces mêmes raisons, rencontrer des gens comme Johan était une véritable bouffée d’oxygène. Il semblait si poli, si bien élevé, si avenant envers son prochain… c’était réellement agréable de voir que des personnes comme lui existaient encore en ces temps sombres et redoutés. Grâce à ce garçon, j’allais pouvoir communiquer avec une plus grande facilité ; j’allais pouvoir me faire comprendre de ceux qui se contentaient habituellement de me toiser du regard sans prononcer un mot, sans chercher à capter le sens de mes paroles. C’était une bonne avancée pour moi.

Je n’avais pas réellement menti en annonçant à mon ami que je me sentais en sécurité dans mon infirmerie… mais je parlais également par rapport à ma terre natale… celle où j’avais laissé tellement de souvenirs plus mauvais les uns que les autres. J’aurais aimé les oublier mais ne pouvais y parvenir seul… si encore c’était possible un jour. Les paroles que Johan prononça par la suite m’arrachèrent un faible sourire. Des gens lui donnaient-il cette impression sécuritaire ? Bizarrement, j’espérais aussi trouver quelqu’un avec qui je me sentirais en sécurité, quelqu’un à qui je pourrais me confier sans prendre peur et sans sombrer dans la déprime comme j’avais déjà pu le faire lorsque je vivais seul, dans le monde moldu… Je fermai les yeux et poussai un soupir en repensant à ces souvenirs peu agréables que j’aurais tout aussi bien fait d’oublier.

C’est alors que je reposai mon regard sur mon ami que je remarquai son regard porté sur l’horloge de l’infirmerie. Un fin sourire sur les lèvres, je lui inscrivis une simple question.
« Tu dois aller en cours ? » Pouvait-on lire sur l’ardoise.
Bien que mon envie de discuter avec lui soit présente, je ne pouvais me résoudre à le retenir s’il avait des obligations, car je savais qu’il risquait gros, comme bien d’autres, s’il ne se rendait pas en cours à l’heure. J’avais déjà pu voir ce que faisaient les surveillants de l’école dans ce genre de cas et, pour tout avouer, je n’aurais pas aimé être à leur place.

Johan

Le simple fait d'être à l'infirmerie et de parler à Ren comme ça, me donnait l'impression d'être utile, et surtout me redonnait cette fois en l'humanité que je pouvais perdre parfois en voyant des energumenes comme les Blackburn, les Malefoy, les Mayweather, le blond débile de l'autre jour... Et d'autres personnes moins mauvaises, mais tout aussi deprimantes. Luka par exemple, c'était une fille tout a fait exceptionnelle, ceux qui la connaissaient bien savaient qu'elle avait grandi dans une famille de sorciers pour qui le sang pur était la chose la plus importante, ses parents et sa famille étaient probablement les mages noirs les plus mauvais et les plus fous de Suède... Bien sur, à part Dylan et moi, peu de gens ici connaissaient leurs noms et leurs exploits, mais soit... Luka s'en était sortie, elle avait fuit sa famille, changée de nom, de prénom, et avait tenté de commencer autre chose, oui.. Mais cette année Luka semblait n'avoir plus le gout en rien, elle n'était qu'une ombre, et cette ombre triste et mélancolique me faisait perdre confiance en l'espoir pour le genre humain. En réalité cela me deprimait d'avantage de voir des gens comme Luka, ou même Juda, car lui aussi cette guerre l'avait changé, je ne pouvais cesser de penser à tout ce qu'il avait pu faire... Plutot que des gens gens comme les stupides serpentard. Cette guerre... Cette periode, était un sale temps pour l'humanité, ou.. L'Humanité, avec un grand H peut être...

Alors oui, je prenais du plaisir a être avec Ren, parce qu'il representait l'espoir, il suffisait de voir son sourire quand je lui parlais poliment, quand je lui avais tendu cette ardoise. C'était un moment agréable, et je pensais ce que je disais en exprimant le fait que je trouve mon refuge avec les gens plutot qu'avec les lieux. Peut être que lui aussi au bout du compte etait devenu l'un de mes refuges. Ou peut être pas. Je souriais quand même, ça faisait du bien d'être la, et mon sourire s'effaca quand je regardais l'horloge. Visiblement, ça n'avait pas manqué à Ren qui me demanda - par le biais de l'ardoise - si je devais aller en cours. Je soupirais doucement.

« Malheureusement oui... Je vais devoir y'aller. J'ai un cours de... » je farfouillais dans mes poches pour sortir mon emploi du temps, un peu... Brouilloné, il était passé au lavage malencontreusment, je ne sais pas si je vous l'avais dis, mais j'étais plutot distrait comme type. Alors voyons voir j'avais cours de quoi la... ? soins aux.. Oh je me fendais d'un grand sourire finalement. « Cours de soin aux créatures magiques. C'est un de mes cours preferés. J'avais oublié que c'était aujourd'hui.» Finalement j'étais enjoué d'aller en cours, mais j'étais triste aussi, parce que j'étais bien ici.

Je grimaçais un peu en rengeant le parchemin brouillé dans ma poche. « Je peux revenir te voir aprés ? Avant le repas ? Enfin a moins que tu ais trop de travail bien sur ? » Infirmier pas infirmier... Ben moi je le considerais plus comme un ami qu'autre chose. Voila.

Que n’aurais-je pas donné pour être capable de discuter réellement avec une autre personne ? Peut-être aurais-je offert une journée de vie pour simplement pouvoir parler à nouveau… Bien évidemment, peu de personnes peuvent comprendre à quel point il est difficile de ne pas parler par contrainte. J’avais toujours agi ainsi depuis ce jour là, me taisant par manque d’envie de parler, cette absence de parole s’ancrant dans ma psychologie à tel point que je n’arrivais plus à émettre un son, même avec toute la volonté du monde. J’étais heureux en cet instant, heureux de voir que l’on faisait attention à moi, heureux de voir que j’avais une certaine importance… mais au final n’était-ce pas une éclaircie dans l’orage que je vivais ? Je n’étais jamais en paix. Depuis ce jour, je n’arrivais pas à passer une nuit au calme, entendant chaque fois ces cris durant mon sommeil, hanté par ce qui m’était arrivé ; jamais je ne m’en déferais… jamais. Me dire que j’y avais pensé plusieurs fois, pensé à cette solution si néfaste que personne ne m’aurais souhaitée, me le dire me donnait d’ailleurs la nausée. Oui, j’étais l’infirmier souriant et consciencieux, prenant chaque jour soin de ses élèves, mais ne me négligeais-je pas par manque d’envie ? Je ne voulais pas rendre les gens malheureux alors jamais je ne me plaignais, mais je ne faisais qu’hurler à l’intérieur de moi-même, incapable d’extérioriser quoique ça soit.

J’avais tristement remarqué que Johan observait l’horloge, lui demandant alors s’il avait à se rendre en cours. Comme je l’imaginais, sa réponse fut positive. Je poussai alors un petit soupir, peut-être même teinté d’un certain regret. Il était triste de constater que ces moments où l’on se sentait compris étaient de courte durée. Je ne pouvais rien y faire, n’étant pas maître du temps, mais j’aurais aimé pouvoir m’exprimer de vive voix pour le remercier de sa venue en ces lieux. Ils étaient si rares, ces élèves sympathiques et avenants. Pour tout avouer, j’espérais que d’autres suivraient son exemple à l’avenir, je pensais bien sûr aux élèves plus jeunes, ses cadets… S’ils pouvaient devenir des personnes comme Johan, j’en serais bien heureux pour lui. Servir de modèle était une chose à laquelle j’aspirais durant mon adolescence, lorsque j’étais encore à l’école de sorcellerie… désormais, je n’étais pas celui qui tirait, mais celui qui avait besoin d’être tiré hors de l’eau… seulement, je n’arrivais pas à trouver la personne capable de cet exploit, même si je n’étais pas seul. Peut-être aurais-je du être plus honnête et accepter la vérité pour pouvoir l’exprimer à mes semblables ? C’était tellement difficile.

Je souris un peu, amusé pour une raison inconnue par ce qu’il venait de déclarer.
« J’espère que tu t’y plairas alors. » Avais-je simplement écrit sur l’ardoise, un grand sourire aux lèvres.
J’avais moi-même beaucoup de difficulté à me rappeler le sentiment de joie que l’on éprouvait à l’idée de l’un de nos cours préférés… J’avais tellement de choses à cacher, tellement de souvenirs à oublier que je laissais même les meilleurs moisir dans la poussière… Mon sourire s’agrandit un peu plus tandis que je réfléchissais à sa question suivante.
« Reviens quand tu veux, tu seras le bienvenu. » Avais-je simplement écrit avant de m’incliner en guise de respect et de salut, lui présentant l’ardoise sur laquelle j’avais également ajouté ces mots. « Prends soin de toi, Johan. »
J’étais japonais de souche, on ne me referait pas de sitôt.

Johan

La conversation avec Ren s'était montré des plus interessante. Bon, certes on ne pouvait pas vraiment parler de conversation... ? Quoi que si, car l'écriture restait une forme de communication et le dialogue n'est ce pas ne se faisait pas forcement à l'oral. Quoi qu'il en soit ça avait été agréable et c'était le coeur lourd que je lui annoncais que je devais le quitter pour me rendre en cours de defense contre les forces du mal. J'avais toute l'immensité du chateau , plus le parc à traverser, et ça n'était pas une perspective.... Ravigorante. Surtout que j'allais peut être arriver en retard.. Bon, c'était pas grave ! Haut les coeurs sportif ! Tu es Johan Vintersen [ et c'est la que par habitude j'allais marquer Johan Andersen ] et tu ~~le meilleur dresseur~~ apprécié énormement pour ton amour des animaux, par le professeur. Alors oui, de une, je pouvais tout a fait traverser Poudlard en courant. Et de deux, si je n'y arrivais pas, un grand sourire, arrangerait bien les choses. C'était réglé, j'allais y'arriver ! La seule chose dommage dans tout ça, c'était le fait de devoir laisser Ren et notre conversation. Ça me rendait maussade et amer, et aussi un peu triste malgré l'un de mes cours preferés. Je soupirais, un peu tristement, et pourtant je me forcais à sourire.

« Oh, ne t'inquiete pas pour ça. » Il esperait que je m'y plairais. C'était adorable de sa part. Je souriais sincerement maintenant. « C'est gentil. » Et pour cloturer le tout je terminais en lui demandant si je pouvais revenir aprés. Il avait l'air content, et il acquiessait donc. Reviens quand tu veux, prend soin de toi. Je me sentais apprécié et ça me faisait vraiment plaisir. Je lui souriais tout plein, d'un grand sourire. Comme quoi les émotions d'un gosse ça variait quand même assez.

« Prends soin de toi, toi aussi ! » Et avec des ailes invisibles et uniquement imagées, je voletais hors de l'infirmerie pour me rendre a mon cours. Vraiment, ma journée était... Enjolivée depuis ma visite ici.

[ Y'a pas a dire, les clotures c'est pas mon truc XD Mais c'est FINI ! ]