Now life has killed the dream I dreamed… [ Pv Libre ]

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Libre Ҩ Phoebe

Ҩ « Les meilleures et les plus belles choses du monde ne peuvent être vues, ni même touchées. Elles doivent être ressenties avec le coeur. » Helen Keller

J'en avais marre. Vraiment marre. Le gros raz le bol, celui où vous avez envie de tout laisser planter là et de dire merde à tout le monde. J'avais le sentiment de perdre mon temps ici. J'avais beau travailler comme une folle, ce n'était pas cela que je devais étudier et je le savais. C'était ma voix. En fait de magie, je savais tout ce qu'il y avait à apprendre, et peut-être un peu plus encore. Et dans le fond, je savais que tout cela me serai totalement inutile dans la mesure où je comptais vivre comme une moldue, mais qu'importe. J'étais une sorcière, il me fallait l'assumer non ? Mais je n'avais pas ma place ici. Et par ailleurs, tout le monde se chargeait bien de me le faire sentir chaque jour. Non pas que cela m'intéresse réellement ce que l'on pense de moi. L'important n'est pas ce que les gens pense de ce que nous sommes, mais plutôt ce que nous pensons de nous même. Et c'est là l'erreur de tous les autres. Ils en oublient qui ils sont réellement car ils ne voient qu'une chose, le regard des autres. Et c'est de par cela qu'ils s'acharnent à conserver une réputation pas forcément des reluisante, simplement parce qu'ils savent que sinon, ils perdraient tous leurs amis. Et on me demande ensuite de croire en l'amitié, quelle ironie vous ne trouvez pas ? Car enfin, ami, un vrai, c'est quelqu'un qui vous accepte tel que vous êtes réellement, qui vous aime pour ce que vous êtes et non pas ce que vous prétendez être, et qui sera toujours là pour vous. Vous en connaissez beaucoup vous des gens comme cela ? Oh oui je sais, votre réponse sera oui. Mais personnellement, j'en doute, surtout quand je vois les airs que se donnent la majorité des élèves ici afin de se faire accepter. Ils n'ont pas des amis, ce n'est qu'un leurre. Un leurre dont ils se contentent, dont ils sont fier, un leurre qui leur permet de mentir non seulement aux autres, mais pire encore, à eux même. Mais évidemment, c'est encore moi qui ai tort n'est-ce pas ? Oui jusqu'au jour où ils se retrouvent confronter à cette si affreuse vérité à laquelle personne ne veut croire car enfin, il n'y a que la vérité qui blesse. Alors on préfère se cacher de cette vérité, c'est tellement plus simple. Et on en oublie qui on est réellement. C'est ainsi que nous avons droit aux bad boy qui couchent avec tout le monde et qui en sont fiers, qui le clament haut et fort, alors que si ça se trouve, ils n'ont même jamais toucher une fille de leur vie, les Marie-couche-toi-là qui sont ravies de se vantées d'avoir coucher avec tous les mecs canons du coin, passant au passage pour une fille facile, et le pire, c'est qu'elles sont fière de cette réputation alors qu'à leur place, j'aurai honte. On a aussi les rois, reines, princes et princesses de l'école, du moins, c'est ce qu'ils prétendent être. Et évidemment, ils s'emploient à déployer une atmosphère de terreur, de manière à ce que tous les autres se soumettent à eux aussi ont-ils le sentiment d'être adulés et respectés de tous, alors que je suis prête à parier que la plupart on juste peur de dire ce qu'ils pensent réellement. Tous... sauf moi bien sûr. Comme toujours. Alors évidemment, ces gens n'ont pas mon estime, mais que voulez vous ? Si je suis la seule à me rebeller, le carnage continue. Et c'est en fait bel et bien ce qui arrive. Sans oublier évidemment les grosses brutes, du moins c'est ce qu'ils laissent croire à tout le monde car ils ont une carrure imposante mais en réalité, ils ne sont pas si effrayant que cela dans la mesure où ils ne s'en prennent qu'à plus faible qu'eux. Vous ne me croyez pas ? Evidemment, comme toujours. Alors comment expliquez vous les situations telles que celles d'Aymrick ? A votre avis, pourquoi est-ce lui le bouc-émissaire de tous ? Parce qu'il est gay ? Non, il y a beaucoup de gay ici, je ne dis pas qu'ils s'assument tous, mais il y en a, et ils parviennent à se faire respecter. Non c'est juste qu'à partir du moment où ils ont vu qu'il n'était pas apte à se défendre, il faisait la cible parfaite, le moyen non seulement pour eux de s'amuser en traumatisant un type qui ne demandait rien à personne, mais par la même occasion, cela leur permettait de conserver l'atmosphère de terreur. Donc vous voyez... faire face à tous ces malades mentaux jour après jour, cela commençait sérieusement à m'agacer. Et après, on ose encore dire que c'est moi la bizarre. La rabat-joie. L'idiote. Oui mais l'idiote, elle au moins elle a le courage de ses opinions, et tout le monde ne peut pas se vanter de cela. Oh et sans oublier que je ne dévoilais pas ma vie à qui voulait l'entendre, alors évidemment, cela faisait de moi la méchante de l'histoire. Parce que je n'avais pas les mêmes goûts que les autres, j'étais une bête de foire. Parce que j'étais trop étrange, j'attirais les regards, les rumeurs, bref la totale quoi. Mais moi au moins j'avais de quoi être fière. Je n'étais pas un mouton contrairement à eux, moi au moins je ne leur ressemblait pas, et quoi qu'ils en pensent, je valait mille fois mieux qu'eux.
Bref, vous aurez compris mon stade d'énervement, j'étais prête à exploser, et si je me laissais aller, je ne répondais plus de mes actes. Aussi malgré le froid glacial, j'avais décidé de sortir, de rester loin d'eux tous, pour avoir enfin la paix. Je me rendis donc au lac, histoire de changer un peu. Habituellement, c'était toujours la forêt interdite, mais le lac était parfait lui aussi. Je ne connaissais qu'une seule façon pour moi de me calmer, et si vous me connaissez, vous savez de quoi il s'agit. Et oui, chanter, vous avez gagner. Et justement, une chanson me trottait dans la tête depuis un certain tant. Et pas n'importe quelle chanson, du moins pas pour moi. I dreamed a dream. La première chanson que j'avais chanté avec ma mère. Je ne sais trop pourquoi elle me revenait sans cesse en mémoire ces derniers temps, mais j'avais la sensation que si je ne la chantais pas, se serai pire encore. Et c'est ce que je fis...
-I dreamed a dream in time gone by. When hope was high and life, worth living... I dreamed that love would never die. I dreamed that God would be forgiving... Then I was young and unafraid, and dreams were made and used and wasted. There was no ransom to be paid. No song unsung, no wine, untasted.
Je me revoyais, avec ma mère. C'était elle qui avait commencé à chanter au départ. Elle avait l'air si... si triste. Je n'avais jamais compris pourquoi. Et sans doute ne le saurais-je jamais... Quoi qu'il en soit, j'avais joint ma voix à la sienne, et c'est ainsi que nous avions chanté toute deux, de tout notre coeur, de toute notre âme.
-But the tigers come at night, with their voices soft as thunder, as they tear your hope apart, and they turn your dream to shame. And still I dream he’ll come to me, that we will live the years together. But there are dreams that cannot be, and there are storms we cannot weather !
Vous allez me prendre pour une folle, au fond, nous ne sommes plus à cela près, mais j'avais même la sensation de sentir sa main sur mon épaule. C'est pourquoi instinctivement, je fis de même, comme si j'espérais sentir sa main sous mes doigts alors que n'était que le tissu de mon gilet.
-I had a dream my life would be ! So different from this hell I’m living, so different now from what it seemed… Now life has killed the dream I dreamed…
Une larme solitaire roula sur ma joue, comme à chaque fois que je chantais. Pourquoi avais-je cette impression qu'elle était tout près de moi, je ne le savais pas, mais en tous les cas, je devais réviser ma théorie de départ. Chanter cette chanson ne m'avait pas aidée, elle avait empirer les choses. J'essuyais ma joue, me prenant de plein fouet un coup de vent glacial. Cela faisait si mal...

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https://www.youtube.com/watch?v=Xp7ARm2Lwdo

Ca n’allait pas fort aujourd’hui. Pas fort du tout. En vérité, c’était même une très mauvaise journée. Et tout ça par ma faute. Vous savez, ce genre de journées où vous avez le cafard rien qu’en sortant de votre lit ? Il est vrai qu’à partir de ce moment là, j’aurais pu me forcer à rendre ma journée plus agréable, à éloigner de moi ce caractère morose et déprimé. Mais non… J’avais eu la pire idée de l’année. J’avais décidé de relire les lettres de ma sœur, celles qu’elle m’envoyait très régulièrement avant son départ. Il y en avait des dizaines, et je pleurais à chaque phrase. J’avais cette mauvaise habitude, lorsque j’étais triste, de me plonger dans un état pire encore en faisant des actes stupides. J’étais déjà déprimée au réveil, ça c’était bien évidemment dégradé en lisant les lettres tendres et merveilleuses de mon incroyable sœur. Qui me manquait… Qui me manquait tant… Je pleurais de plus bel. Après avoir versé tant de larmes que je pensais que mes paupières allaient exploser, j’avais décidé d’aller prendre l’air. J’avais besoin de me calmer, de m’apaiser. Je vérifiais en sortant du dortoir que mon petit cutter était bien dans ma poche. Mon cœur s’apaisa d’un coup. Je sortais en vitesse du château. L’air frais et pur du parc me cingla le visage, j’aspirais des grandes goulées d’air. Mes larmes continuaient à couler… Je vérifiais que les alentours étaient vides pour sortir le petit cutter de ma poche. Oh seule chose au monde qui pouvait m’apaiser. J’appuyais la lame sur mon bras et fit une petite entaille, qui laissa s’écouler un peu de sang. Je respirais encore plus fort. La douleur était minime, le soulagement immense par contre. Je laissais ma manche relevée pour ne pas tâcher mon uniforme, et continuais à marcher. Sans m’en rendre compte, je me dirigeais vers le lac. L’eau de ce lieu m’avait toujours fait du bien, et on pouvait y être seul facilement par un temps pareil. Pourtant j’apercevais une jeune fille au bord de l’eau. Elle était debout, les cheveux dans le vent, et chantait. Elle chantait divinement d’ailleurs. Une chanson que je ne reconnaissais pas, mais qui sortait de sa bouche avec grâce, et émotions. Elle semblait aussi troublée que moi. Je voyais une larme unique couler le long d’une de ses joues. Je m’approchais toujours, tenant mon bras entre ma main. J’avais du sang sur les doigts, mais je m’en moquais. J’étais fascinée par la voix que j’avais devant moi, par la détresse qui émanait de cette fille. Je m’approchais tant et si bien que je finis par me retrouver à côté d’elle. Je touchais son épaule. Et j’attendais. Elle pourrait tout aussi bien m’envoyer ballader, en prétextant que j’étais bien audacieuse de me permettre de débarquer et de la toucher comme ça. Ou elle pourrait trouver ça touchant. Je lui laissais le choix. Car moi aussi j’étais là, et j’avais l’air aussi malheureuse qu’elle en ce jour froid.

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Emilie Ҩ Phoebe

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J'avais mal. Comme si mon coeur saignait. Une sensation que je ne connaissais que trop bien, une sensation presque normale pour moi. J'étais accommodée à cette sensation. Une sensation dont je me serais bien passée. Soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule. Tournant la tête, je me trouvais nez à nez face à une jeune femme qui devait avoir mon âge et qui semblait presque aussi mal que je ne l'étais en ce moment même. Vous me connaissez. Cacher mes émotions est l'un de mes plus grands talents. Aussi il ne suffit que d'une seconde pour me recomposer ce visage froid et impassible, indéchiffrable. Mais je ne voulais pas la faire fuir malgré tout, parce que sa tristesse me faisait peine à voir. Alors je tentais un sourire, sait-on jamais...
Aucune parole ne me venant naturellement, je jetais un rapide coup d'oeil à la jeune femme. Coup d'oeil qui m'apprit qu'elle était de Poufsouffle, et qui m'indiqua également que ladite Poufsouffle avait un problème... Elle avait une main posée sur son bras, et ses doigts étaient pleins de sang. Haussant un sourcil, je reportais mon regard dans le sien.
-Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Je ne savais pas à quoi m'attendre. Tout était possible, avec les cas que j'avais pu voir dans cette école, je pouvais aussi bien m'attendre à une crise de démence qu'à une crise de larmes. De là à savoir où elle se situait, c'était une autre affaire.
-Comment tu t'appelles ? Et qu'est-ce qui t'amènes ici à cette heure ?
Cela faisait peut-être beaucoup de questions d'un coup, mais je tentais de comprendre. Et si je ne lui demandais rien, je doutais fort qu'elle m'apporte d'elle même les réponses. Je ne savais pas pourquoi elle était venue vers moi, mais il y avait sans doute une raison. Je m'imaginais de suite les pires scénarios. Un malade l'aurait-il agressé et qu'elle se serait tournée vers la seule personne encore présente dehors ? Si tel était le cas, quel que soit ce malade, il allait se faire recevoir... j'étais d'humeur à massacrer les méchants. Quelque chose l'avait-elle mise sous le choc ? Avait-elle tenté de faire une connerie et réalisait qu'en fait, elle avait eu tort ? Etait-elle possédée de quelconque manière ? Etait-elle droguée ? Bref, tant de scénarios qui pourraient à la rigueur expliquer son bras ensanglanté, mais certainement pas son expression triste.
-Tu me laisses voir ? demandais-je en désignant son bras.
Non, je n'aime pas particulièrement le sang ou les plaies si c'est ce que vous pensez. Je veux juste voir si c'est grave ou pas.

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Étrangement, quand la jolie gryffondor se tourna vers moi, tout le chagrin de son visage disparu. Je n'avais pourtant pas rêvé, et j'avais bien vu au loin sa figure triste et son air malheureux. Je compris donc de suite qu'elle était assez habile pour se réfugier derrière un masque. Elle me sourit cependant, et je souris à mon tour. Je n'avais pas cette capacité à cacher mes émotions, ç'aurait pourtant été utile. Elle me demanda ce qui m'était arrivé. Je restais silencieuse. En fait, je n'en parlais jamais d'habitude, ou bien j'inventais un excuse. Genre "des griffures de chat", ou un truc tout aussi bateau. Mais bon. C'était faux bien évidemment, et si j'étais venue vers elle, de moi même sans me cacher, c'est que j'avais envie d'en parler non ? En fait, elle avait l'air tellement en détresse au moment où je l'avais vu que je pensais qu'elle pourrait me comprendre. J'en savais rien en vérité. Elle pouvait me prendre pour une folle, comme c'était souvent le cas, ou non. Elle pouvait aussi me comprendre, ou du moins essayer. Allez, Emy, fais confiance à l'humanité pour une fois. Entre temps, la jeune fille avait eu le temps de me demander mon nom, le pourquoi de ma visite près du lac, et de tendre le bras. Je la laissais le prendre. Le sang coulait moins maintenant, la plaie était peu profonde. Juste assez pour laisser s'écouler un peu de sang et pour me laisser une cicatrice qui ne disparaîtrait pas. Je savais qu'en lui tendant mon bras elle allait voir les autres marques qui le caractérisait. Mais j'essayais de ne pas m'en préoccuper, parce que j'avais décidé de lui faire confiance. Après une grande respiration, je répondis enfin à ses questions :

-Je m'appelle Emilie. Ou Emy, comme tu veux. J'aime bien me balader dans le parc, et j'avais besoin de prendre l'air. Et puis, le lac est particulièrement beau dans un moment de détresse non ? Et pour ce qui m'est arrivé... T'en fais pas, c'est moi qui me suis fait ça.

Je lui adressais un petit sourire. Puis je me rappelais de son air éploré, et je voulus la questionner à mon tour. Lui donner la possibilité de se confier ou non :

-Et toi ? Que t'arrive-t-il ? Quel est ton nom ? Tu as beau le cacher maintenant... J'ai bien vu que tu étais triste tout à l'heure...

Je levais d'ailleurs le bras vers elle, et récupérait du bout de mon doigt la larme qui s'était arrêtée au bas de sa joue.

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Emilie Ҩ Phoebe

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Elle garda le silence quelques instant. C'était sans doute, au fond, la meilleure chose qu'elle puisse faire. Règle n°1 : ne faire confiance à personne, encore moins lorsque l'on ne se cache pas derrière un masque. Pourtant, il sembla qu'elle en décide autrement, puisqu'elle se confia un peu à moi.
-Je m'appelle Emilie. Ou Emy, comme tu veux. J'aime bien me balader dans le parc, et j'avais besoin de prendre l'air. Et puis, le lac est particulièrement beau dans un moment de détresse non ? Et pour ce qui m'est arrivé... T'en fais pas, c'est moi qui me suis fait ça.
Elle m'avait laisser regarder son bras. Une fine ligne rouge se dessinait sur son bras, une coupure bien trop nette, bien trop parfaite pour que ce ne soit qu'un simple accident. On aurai pu à la rigueur supposé qu'elle s'était coupée accidentellement avec une feuille, mais une feuille, si coupante puisse-t-elle être, ne ferait pas un tracé si clair et net. D'autant plus que nous n'utilisions pas du papier mais du parchemin.
-Et toi ? Que t'arrive-t-il ? Quel est ton nom ? Tu as beau le cacher maintenant... J'ai bien vu que tu étais triste tout à l'heure...
-Je m'appelle Phoebe. Phoebe Parker. Et ce n'est rien, disons juste que mes parents me manquent. Et la chanson que je chantais à l'instant me rappelle ma mère.
Je haussais les épaules, l'air de dire que ce n'était rien, comme si j'allais les revoir aux prochaines vacances. Je n'avais pas mentis : mes parents me manquaient. J'avais juste volontairement omis ce détail qui change tout : ils sont morts. De la manière dont je l'avais dis, Emilie penserait sans doute que j'avais hâte d'arriver aux vacances pour retourner chez moi et les revoir. Et je ne la contredirais pas dans cette pensée. Je n'avais pas envie de parler de leur mort. Je ne le faisais jamais. Je gardais tout pour moi, le bon comme le mauvais. Et elle avait ses problèmes, bien plus grave visiblement. Plantant mon regard dans le sien, je demandais :
-Pourquoi tu t'es volontairement coupée ?
C'était la seule explication possible. En général, on ne passe pas son bras sur un bord tranchant volontairement, et lorsque par malheur ça arrive, on voit que la plaie est accidentelle. Ce n'est pas le cas de celle ci. Elle reprit son bras, s'en servant pour essuyer une larme de son visage.

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Je fus rassurée qu'elle me réponde à son tour.

-Je m'appelle Phoebe. Phoebe Parker. Et ce n'est rien, disons juste que mes parents me manquent. Et la chanson que je chantais à l'instant me rappelle ma mère.

C'était une chose que je pouvais comprendre. Sans doute plus qu'elle ne le pensait. Je savais pas où étaient ses parents... Ni même si elle les voyait souvent, ou pas. S'ils étaient vivants ou non. Elle ne semblait pas vouloir en parler, et avait lancé cette phrase de manière presque désinvolte, pour sans doute, que je ne m'y intéresse pas plus que ça. Je n'insistais pas pour l'insant, et préférais lui répondre :

-C'était très beau. Je n'ai... Jamais entendu une voix comme la tienne. C'est ça qui m'a fait approcher.

C'était vrai. Si je n'avais pas entendu la même détresse dans sa voix que celle que je ressentais dans mon cœur, j'aurais sans doute fait demi tour. Mais non. J'étais restée, et je m'étais confiée. Chose totalement inédite pour moi ! Je ne savais toujours pas pourquoi j'avais fait ça... Probablement parce que cette gryffondor m'inspirait étrangement confiance. C'est pourquoi quand elle me demanda la raison de la coupure que j'avais sur le bras, je répondais de suite :

-On peut dire que moi aussi mes parents me manquent. Enfin, surtout ma soeur.

A son tour de comprendre ce qu'elle voudrait. Peut être qu'elle se confierait plus en voyant que la raison de notre peine était presque la même... Celle du manque. J'ajoutais :

-Et ... On va dire que... Les coupures, ça me soulage. C'est comme si c'était ma douleur qui s'écoulait par la plaie.

C'était assez difficile à expliquer, déjà parce que je n'étais pas habituée à le faire, enfin parce que c'était compliqué de mettre des mots sur cet acte étrange. Je ne savais pas vraiment si je m'étais bien exprimée. J’espérais, car c'était la première fois que j'osais en parler.

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Emilie Ҩ Phoebe

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-C'était très beau. Je n'ai... Jamais entendu une voix comme la tienne. C'est ça qui m'a fait approcher.
Evidemment qu'elle n'avait jamais entendu une voix comme la mienne, personne n'a autant de talent, à Poudlard ou ailleurs, en dehors de Barbra Streisand. Au moins une personne qui semblait apprécier la bonne musique ! Ce n'était pas monnaie courante ici...
-Je te remercie, répondis-je en souriant.
Etait-ce ma voix, ou la tristesse qu'elle dégageait qui l'avait fait s'approcher. Je pourrais toujours prétendre que cela fait partie du travail de chanteur, faire passer des émotions au public, même si on ne les ressent pas, mais en matière de musique, je détestais mentir. Car la vérité, c'est que pour chanter il faut d'abord et avant tout ressentir ces chansons au plus profond de nous même. Elles doivent nous toucher, faire ressortir quelque chose de nous, une émotion forte, qui nous donne envie de tout donner pour la faire comprendre aux autres.
J'avais répondu de manière assez vague à sa question, disant juste que mes parents me manquaient, et laissant sous entendre que j'allais bientôt, je l'espère, les revoir. Alors qu'en réalité, je ne pourrais les revoir qu'au cimetière de New York, dans le quartier du Queens. Mais ça, cela faisait partie de mes petits secrets. De ces choses dont je ne disais rien, afin que personne ne puisse le retourner contre moi ensuite. Seul Lins savait tout, mais il n'avait rien demandé le pauvre, il avait été confronté à cette situation lorsque par malheur pour lui il m'avait eut en voisine. Et je dois dire qu'il a de la chance que j'ai confiance en lui, ou il lui manquerait une grosse partie de sa mémoire.... Ce fut à Emilie de me répondre.
-On peut dire que moi aussi mes parents me manquent. Enfin, surtout ma soeur.
Rien dans sa voix ne me donnait d'indice. Rien ne me laissait potentiellement supposer si sa soeur était morte ou non, si ce n'était qu'un véritable manque qui serait comblé à l'arrivée des vacances, ou si c'était autre chose. Il y avait bon nombre d'explications. Quoi qu'il en soit, je pris pitié d'elle, car même s'il était possible que nos situations soient radicalement différentes, je savais ce que c'était de vouloir si fort revoir un membre de sa famille alors que c'est visiblement impossible. Sauf qu'elle, elle avait une chance que ce soit possible de nouveau. Elle enchaîna.
-Et ... On va dire que... Les coupures, ça me soulage. C'est comme si c'était ma douleur qui s'écoulait par la plaie.
Vous voulez mon opinion ? Cette jeune demoiselle a un sérieux problème. Les seules fois où j'avais vu un cas de la sorte, où les enfants se coupent eux même exprès, c'était dans des cas d'enfants battus. Ils faisaient cela pour se punir et se soulager en même temps. Comme si cela les aideraient à gagner l'estime et l'amour de leurs parents. Toutefois... Emilie ne semblait pas se trouver dans cette situation. Elle disait faire cela parce que sa soeur lui manque trop, et que les coupures de ce genre la soulage. Or même moi qui ai vu ma mère mourir sous mes yeux et mon père se faire brûler vif avec notre voiture, je n'ai jamais tenté de m'entailler bras et/ou cuisses sous prétexte de me soulager et d'expier toute la douleur, la frustration, la rage, la culpabilité et la colère que je ressentais. Bon j'ai fais pire, j'ai tenté de me suicider. Mais il n'empêche que se torturer exprès n'est pas sain. Se donner la mort encore, ça peut être rapide. Facile. Indolore. Se couper par contre...
-A ce jeu là tu vas au minimum faire entrer un tas de microbe dans ton corps et avoir une infection du tonnerre, et au maximum faire malencontreusement une entaille trop profonde et t'ouvrir une veine. Un enfant de quatre ans ne ferait pas ce que tu fais ! la réprimandais-je. Ce que tu fais es dangereux...
...et aimer le faire n'est pas normal, finis-je en pensée.

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Phoebe avait l'air d'avoir apprécié mon compliment. Tant mieux, c'était la vérité. J'aimais la musique, j'aimais la chanson, j'aimais les belles voix. Et celle de Phoebe était pour moi extraordinaire. Était-ce le moment ? l'environnement du lac qui semblait enchanté par ce froid glacial ? Les émotions profondes qui me traversaient de toutes parts ? Était-ce tout cela qui faisait que la voix de Phoebe m'avait envoûté ? Non je ne pense pas, même si le moment était particulièrement propice à ce que je tombe sous le charme. C'était son timbre, son talent, sa puissance et son émotion profonde qui m'avait touché à ce point là. Comme si elle vivait la chanson qu'elle interprétait... Comme si elle venait de l'inventer tant elle paraissait toucher au plus juste à ses émotions.

Je lui expliquais ensuite que ma soeur me manquait. A cela, elle ne répondit rien, mais je supposais qu'elle comprenait. Elle aussi semblait souffrir du manque... Et ne semblait pas vouloir en parler... Mais ce n'était peut être qu'une impression ? A vrai dire je n'en savais rien, cette jeune fille était un vrai mystère. Autant elle paraissait à même de m'écouter et de supporter mes peines, autant elle ne semblait pas désirer le moins du monde se confier. Perspective étrange pour moi qui était habituée à être considérée comme une oreille attentive. Alors, légèrement culottée, je me lançais :

-Pourquoi tes parents te manquent-ils ?...

Bon. Ça y est, c'était sorti de ma bouche, trop tard pour rattraper ces petits mots échappés. J’espérais qu'elle ne prendrait pas mal ma curiosité... Qui n'en était pas d'ailleurs. Non, je n'étais pas curieuse, surtout pas de la peine des gens. J'aimais seulement qu'ils se sentent à l'aise pour se confier à moi, et je donnais un coup de pouce à Phoebe pour que ce soit le cas. Je verrais bien sa réaction. Je trouvais juste que ce moment étrange, comme suspendu au dessus du temps, paraissait propice aux confidences.

Je parlais ensuite des mes coupures et du soulagement qu'elles me procuraient... Et... J'eus le sentiment qu'elle réagissait... pas forcément bien. En même temps, il était vrai qu'elle n'allait pas sauter de joie après mes paroles... Mais je ne voulais surtout pas qu'elle me prenne pour une folle. Ce n'était pas le cas. On avait beau me l'avoir répété, je savais bien pourquoi. C'était... de la souffrance par dessus de la souffrance. La seconde, réelle et physique sur mes bras, atténuait celle abstraite et bien plus douloureuse de mon cœur. Je gardais mes yeux plongés dans ceux de Phoebe, guettant ses réactions. J'avais du mal à percer les pensées de ses yeux foncés, c'est pourquoi j'attendis qu'elle parle :

-A ce jeu là tu vas au minimum faire entrer un tas de microbe dans ton corps et avoir une infection du tonnerre, et au maximum faire malencontreusement une entaille trop profonde et t'ouvrir une veine. Un enfant de quatre ans ne ferait pas ce que tu fais ! la réprimandais-je. Ce que tu fais est dangereux...

Je la regardais avec de grands yeux. Puis je me fermais, un peu, malencontreusement, sans vraiment le vouloir.

-Je sais que c'est dangereux. Je maîtrise, merci.

Je secouais la tête... J'étais vraiment stupide ! C'était la première fois que j'en parlais, et dès qu'on me faisait une réflexion, je me fermais comme une huître ? C'était trop simple... Je tentais un sourire et calmais l'énervement dans mon regard, avant de reprendre :

-Excuse moi... Je sais que ce n'est pas une chose à faire, et j'aurais probablement réagi de la même façon que la tienne il y a quelques années. Mais... Je fais attention malgré tout. Je désinfecte souvent la plaie. Et... Je connais la profondeur à ne pas atteindre...

Ça commençait à être bizarre comme discussion, j'étais rouge écarlate. Assez morbide... On se serait cru dans un scénario de vieux films d'horreurs moldus. Je prenais sur moi et continuais désormais :

-Et puis, ça n'aurait pas d’intérêt si ce n'était pas un peu dangereux. Ne pense pas que je sois une tête brûlée ou quoi que ce soit du genre. Je ne veux pas mourir... Enfin, si parfois. Mais je n'en ai ni la force, ni le courage. Trop faible pour vivre, pas assez pour mourir. Tu vois le genre ?

Ça y est, c'était définitif. Elle allait partir en courant. Alors je pleurais de plus bel.

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Emilie Ҩ Phoebe

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-Pourquoi tes parents te manquent-ils ?...
Il y avait plusieurs années, cinq ans pour être précise, j'avais perdu mes parents. Et très sincèrement, j'avais bien crût que jamais je ne m'en remettrais, mieux, je ne voulais pas m'en remettre. Peut-être était-ce en partie pour cela que je souffrais toujours autant de leur mort. Leur décès à déclenché en moi une réaction très complexe à expliquer : je ne me suis soudain composée que de contradiction. Entre autre cette envie incontestée de mourir, ce qui m'a permis d'avoir ce courage face à n'importe quelle situation, même les plus effrayantes et dangereuses, tout en me battant pour vivre parce que je voulais avoir le plaisir de rendre furax quiconque aurait souhaiter ma mort. Alors... en comprenant que la mort ne voudrait probablement jamais de moi avant de très nombreuses années, je m'étais peu à peu habituée à toutes les éventualités, avait commencé à concocter bon nombre de mensonges pour répondre à des questions qui ne seraient au final que des armes pour les autres, des armes contre moi. La question d'Emilie, je l'avais traitée il y a longtemps, mais n'avait pas eut souvent l'occasion de sortir ce mensonge tout fait. Si bien que je pris quelques minutes avant de répondre, prenant soin de former un mensonge cohérent. J'étais très douée à ce jeu. Le mensonge faisait partie de ma vie, je pouvais regarder quelqu'un et lui sortir un mensonge éhonté en le regardant dans les yeux sans ciller et avec un tel ton de sincérité qu'il n'y verrait que du feu. Je m'en voulais un peu de faire cela avec la jeune fille, mais... seul Lins savait cela, et bien que j'ai une confiance entière et presque aveugle en lui, je jugeais que c'était déjà beaucoup trop. Il n'avait su que par un moment de faiblesse de ma part, parce que je venais tout juste d'être confronté à deux morts simultanées et que question mensonges, tromperies et autres supercheries du même registre, je n'étais pas encore calée, en fait à l'époque je n'y avais même pas encore songé.
-Je n'ai pas l'occasion de les voir souvent, même durant les vacances. Mon père est constamment au travail, un vrai accro, quant à ma mère et bien... sans être accro à son travail elle adore ce qu'elle fait, sans compter que l'université où elle travaille exige des professeurs particulièrement présent, et les meilleurs histoire de ne pas ternir l'image prestigieuse qu'ils ont. Certes je la vois beaucoup plus durant les vacances, c'est normal, mais je n'ai pas beaucoup de nouvelles d'elle.
Pouvait-on considérer cela comme un demi mensonge dans la mesure où j'avais repris le travail respectif de mes parents tout en grossissant la réalité ? Car lorsqu'ils étaient encore de ce monde, mon père n'était pas vraiment un accro du travail et ma mère m'écrivait au moins vingt lettres par semaines, juste parce qu'elle était inquiète de mon bien être, que je me trouvais dans un monde qu'elle ne pouvait pas réellement comprendre malgré ses efforts et parce que son bébé lui manquait. Mon coeur se serra a ce souvenir tandis que mon regard se perdait dans le vide.
Emilie m'avait donc expliquer pourquoi elle se faisait ces entailles, ce a quoi j'avais répondu d'une manière que je n'aurais probablement pas dû, même si au fond, c'était pour son bien.
-Je sais que c'est dangereux. Je maîtrise, merci.
Sa voix était plus dure, plus sèche. Ca y est, j'avais une nouvelle ennemie. Une de plus... Du moins c'est ce qui me semblait sur le coup. Mais bizarrement, elle repris la parole d'un ton beaucoup plus calme.
-Excuse moi... Je sais que ce n'est pas une chose à faire, et j'aurais probablement réagi de la même façon que la tienne il y a quelques années. Mais... Je fais attention malgré tout. Je désinfecte souvent la plaie. Et... Je connais la profondeur à ne pas atteindre... Et puis, ça n'aurait pas d’intérêt si ce n'était pas un peu dangereux. Ne pense pas que je sois une tête brûlée ou quoi que ce soit du genre. Je ne veux pas mourir... Enfin, si parfois. Mais je n'en ai ni la force, ni le courage. Trop faible pour vivre, pas assez pour mourir. Tu vois le genre ?
Elle était inconsciente. Inconscience, ou suicidaire. Elle prétendait savoir la profondeur à ne pas dépasser et pourtant elle n'avait aucun moyen de s'assurer qu'elle ne déraperait pas. Pour avoir tenté de me suicider une fois, d'une manière certes totalement différente de la sienne, mais la tentative était belle et bien là, je savais qu'il ne suffisait que d'un petit rien pour engendrer des conséquences plus ou moins graves et pas toujours dans le sens qu'on le voudrait ( pour preuve, j'avais voulu mourir et j'étais encore là ! ).
-Je pense comprendre où tu veux en venir, répondis-je évasivement. Personnellement, si j'avais de nouveau eu cette envie de me suicider, j'aurais eu le courage de le faire, et avec de la chance, je ne me serais pas ratée cette fois. Mais mieux valait lui éviter ce détail. Tu sais parfois, les choses dérapent. Ce n'est certes pas mes affaires, mais te faire souffrir ne changera rien à ce que tu ressens, même si tu as l'impression du contraire. Tu pourrais exprimer ta douleur d'une autre manière, et pourtant tu choisis celle la... tu as beau penser savoir ce que tu fais, tu n'es pas a l'abri de faire un faux mouvement. Cela te donne la sensation de contrôler quelque chose, mais tu pourrais aussi bien le faire dans une autre discipline qui t'aiderait tout autant non ?
Je sais, je sais. Je m'enfonce, elle va me détester. Je fourre mon nez où je ne devrais pas, surtout que je viens de lui mentir quelques minutes plus tôt. Mais son comportement n'est pas net vous aurez beau dire, avouer qu'aimer se faire souffrir n'est pas sain et qu'elle pourrait utiliser ses sentiments pour être plus forte.
Je remarquais qu'elle pleurer, je ne savais pas pourquoi, mais cela me faisait de la peine. Son comportement n'était pas net, mais cela ne m'empêchait pas d'éprouver de la compassion pour elle, sauf que je ne savais pas comment réagir. Comme toujours. J'aurais pu improviser si j'avais su ce qui la rendait si triste. Peut-être était-ce sa soeur...
-Il n'y a pas lieu de pleurer voyons... tout ira bien.
" Tout ira bien ". Je détestais ce cliché, mais j'avais l'impression pourtant qu'Emilie était le genre de personne a avoir besoin de croire en cela. De croire que tout finirait bien, parce que sinon, tout son monde s'écroulerait. Avais-je tort ou raison ?

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Je fus tout à fait étonnée que Phoebe accepte de se confier à propos de ses parents... Elle avait parut si évasive auparavant que j'aurais pensé qu'elle allait changer de sujet et me demander de m'occuper de ce qui me regardait. Ce n'était pourtant pas ce qui s'était passé et elle m'avait expliqué presque en détails la raison de son manque. J'en fus d'ailleurs assez étonnée... A voir son air aussi désespérée de tout à l'heure, et à entendre son chant si triste, j'aurais cru que l'absence de ses parents était plus grave que ce qu'elle m'exprimait. Apparemment ce n'était pas le cas, et en réfléchissant, je la comprenais quand même. Même quand ma soeur était encore à Londres, et que je la voyais pendant les vacances, il m'arrivait d'être triste à Poudlard. Quand on aime vraiment les gens, ne les voir que pendant quelques temps ce n'est pas suffisant. J'acceptais donc ses arguments. Surtout que je n'étais pas du genre à douter des gens, encore moins de mes amis. Et puis... Quel intérêt aurait-elle eu à me mentir ? Je n'en voyais aucun. Si elle ne voulait pas me répondre, elle aurait tout aussi bien pu se taire et me demander de parler d'autre chose. Surtout qu'elle semblait tout à fait honnête dans ce qu'elle me disait. Je la croyais donc presque immédiatement. Je ne savais pas si je pouvais considérer Phoebe comme une amie, mais ... Pour l'instant je me confiais à elle sans hésiter, ce qui était un bon prémice à l'amitié.

Après ma longue tirade sur mes coupures, où je m'étais tour à tour énervée puis adoucie, Phoebe s'empressa de me... Conseiller ?

-Tu sais parfois, les choses dérapent. Ce n'est certes pas mes affaires, mais te faire souffrir ne changera rien à ce que tu ressens, même si tu as l'impression du contraire. Tu pourrais exprimer ta douleur d'une autre manière, et pourtant tu choisis celle la... tu as beau penser savoir ce que tu fais, tu n'es pas a l'abri de faire un faux mouvement. Cela te donne la sensation de contrôler quelque chose, mais tu pourrais aussi bien le faire dans une autre discipline qui t'aiderait tout autant non ?

Je m'étais attendu à ce genre de discours. Oui, faire autre chose, pour me soulager... Quelque chose de plus prudent... Bien sur que oui. Et j'y avais déjà pensé. Mais je n’avais rien d'autre pour moi. Rien d'autre pour me soulager.

-Toi tu chante n'est ce pas ? C'est ça ton remède ? Ton arme, c’est ta voix, non ? Moi je n’ai pas cela. J’ai déjà essayé beaucoup de choses tu sais. Bien sur que j’aimerais pouvoir éviter de me couper mais… Disons qu’à certains moments c’est plus fort que moi. Mon seul remède c’est ma sœur, et elle n’est pas là.

Il me faudrait quelqu’un… Quelqu’un à aimer, qui m’aimerait aussi. D’un amour aussi fort que celui que j’avais avec ma sœur. Je me coupais parce que je ne trouvais pas vraiment de raison de vivre. Si je trouvais quelqu’un… Qui deviendrait ma raison de vivre, alors je serais peut être sauvée ?
Voyant ensuite que je pleurais, Phoebe tenta de me consoler :

-Il n'y a pas lieu de pleurer voyons... tout ira bien.

Tout ira bien… Oh ça oui je l’espérais. Je gardais espoir. Espoir en un monde meilleur, en un avenir plus beau, en un amour proche qui me remplirait le cœur. Ce qu’elle me disait m’avait touché, et rassuré aussi. Car c’est ce que j’espérais plus que tout, que tout finisse par aller bien. Alors je m’approchais d’elle. Je ne savais pas trop si c’était une bonne idée, mais je le faisais quand même, me laissant guider par mon instinct. Je m’approchais jusqu’à pouvoir poser ma tête sur son épaule. Je la connaissais à peine et pourtant je me permettais tout ça, parce qu’elle m’inspirait confiance. Elle me repousserait peut être et dans ce cas tant pis pour moi, je ne pouvais pas tomber plus bas de toute façon. Je lui dis alors, dans un soupir mêlée de quelques petites larmes :

-J’ai peur que tu me prennes pour une folle. Que tu me déteste. Ou les deux. Ne répète jamais ce que je t’ai dis ce soir s’il te plait…

(c) Ségo Soyana sur Epicode

P · ∆ Age : 27 ∆ Localisation : Poudlard

Emilie Ҩ Phoebe

Ҩ « Les meilleures et les plus belles choses du monde ne peuvent être vues, ni même touchées. Elles doivent être ressenties avec le coeur. » Helen Keller

Elle me croyait, et au fond, c'était tant mieux. Pourtant, une part de moi ne pu s'empêcher de culpabiliser. Parler de sa vie et de ses problèmes était à mon sens quelque chose de totalement idiot, et même si je savais qu'elle pouvait avoir confiance en moi, même Emilie avait eut tort de me dire ce qu'elle ressentait, et pourquoi. Elle ne me connaissait pas, j'aurais aussi bien pu être la pire des garces qu'elle ne s'en serait pas forcément rendue compte. Elle me faisait confiance, et moi je lui mentais. Je savais pourquoi je le faisais. Je savais que je ne devais pas, et que de toute manière, je n'y serais probablement pas parvenue. Je savais également que des oreilles traînaient un peu partout, et que donc il valait toujours mieux garder ce genre de chose pour soi. Malgré tout, je m'en voulais. Ajoutons cela à la très longue liste des choses dont je culpabilisais. Je n'étais plus à cela près.
Je tentais de la raisonner, de lui faire comprendre que ses coupures ne résoudraient rien, et qu'elle se ferait bien plus de mal qu'autre chose. Mais visiblement, nous avions un autre point commun toute les deux : nous étions têtue.
-Toi tu chante n'est ce pas ? C'est ça ton remède ? Ton arme, c’est ta voix, non ? Moi je n’ai pas cela. J’ai déjà essayé beaucoup de choses tu sais. Bien sur que j’aimerais pouvoir éviter de me couper mais… Disons qu’à certains moments c’est plus fort que moi. Mon seul remède c’est ma sœur, et elle n’est pas là.
-En effet, le chant et la seule chose qui me permette de tenir quelle que soit les circonstance. Si perdais ma voix, je crois que... je n'aurais plus de raison de vivre. Sans elle, je n'ai pas ma place en ce monde. Mais elle n'est mon remède que parce qu'elle constitue mon rêve. Un rêve que je sais pouvoir réalisé, un rêve auquel je m'accroche et que je refuserais toujours de lâcher. Tu n'es pas différente de moi, ou de n'importe qui d'autre, on a tous un rêve. Quelque chose pour lequel on est né. Quelque chose qui prendra le dessus, qui nous aidera à remonter la pente quoi qu'il arrive. Et si tu as l'impression que ce n'est pas le cas.. cherche bien, au fond de toi. Il y a forcément quelque chose qui te définie. Je comprend bien plus que tu ne pourrais l'imaginer le fais que ta soeur soit extrêmement importante pour toi, et que l'avoir loin de toi te déchire littéralement, mais si trouve ta voie, que tu trouves cette chose qui pourrait peut-être tracer ta route, les choses s'apaiseront. Je ne dis pas que cela retirera entièrement la douleur que tu ressens. Mais au moment où tu le feras, durant ne serait-ce que quelques instants, tu te sentiras mieux. Personnellement en règle générale, ces si précieuses minutes qui constituent une chanson me libèrent, parce que je sais que je suis à ma place. Que par elles, je n'ai pas à me cacher, parce qu'elle me définissent. Il peut en être de même pour toi, qu'importe la discipline.
J'étais presque certaines que mes paroles la faisaient flipper, et pourtant c'était vrai. Bien sûr parfois.. chanter me faisait encore plus mal. Mal et bien à la fois en fait. Parce que cela me rappelais des souvenirs que j'aurais préférer ne jamais avoir, mais un bien immense parce que je pouvais exprimer ce que je ressentais réellement sans que personne ne le sache vraiment, puisque je pouvais prétendre que c'était l'essence même d'une bonne chanteuse de faire passer les émotions d'une chanson. Si elle trouvait cette chose qui la définissait, qui faisait d'elle Emilie... je ne sais pas son nom de famille, mais vous voyez où je veux en venir. On a tous un rêve. Une chose qui nous pousse à vivre. Parfois on peut le réaliser, d'autre fois pas. Mais rien ne nous empêcher de tenter le coup.
-J’ai peur que tu me prennes pour une folle. Que tu me déteste. Ou les deux. Ne répète jamais ce que je t’ai dis ce soir s’il te plait…
-Non ne t'inquiète pas, pour ça y'a aucune chance pour que je te crois folle. Je reconnais que je ne trouve pas sain de ce que tu fais, mais je comprend pourquoi tu le fais. Tu ne canalises pas tes émotions de la bonne manière, c'est tout. Quant à te détester, je n'ai aucune raison de le faire non plus.
A dire vrai, j'avais plutôt envie de la protéger. La folle c'était plutôt moi...
-Crois moi, les secrets ça me connait. J'aime pas vraiment dire ce que je sais aux gens, et les trois quarts qui peuplent cette.... école... sont plus faux les uns que les autres. J'ai pas l'intention de leur donner matière à faire du mal autour d'eux.
Je lui souris, me doutant que je devais être la personne la plus bizarre qu'elle ait rencontrée. Enfin, je le supposait. Et je devais sans doute l'inquiéter aussi, ou l'agacer. En général, c'est l'effet que je faisais à tout le monde. Et ce n'était pas plus mal. Les détester était plus simple, parce qu'à partir du moment où une personne est dans mon coeur, l'en sortir est pour ainsi dire impossible, et on sait tous que l'amour, qu'il soit dans le sens amoureux ou amitié est toujours dangereux.

-En effet, le chant et la seule chose qui me permette de tenir quelle que soit les circonstance. Si perdais ma voix, je crois que... je n'aurais plus de raison de vivre. Sans elle, je n'ai pas ma place en ce monde. Mais elle n'est mon remède que parce qu'elle constitue mon rêve. Un rêve que je sais pouvoir réalisé, un rêve auquel je m'accroche et que je refuserais toujours de lâcher. Tu n'es pas différente de moi, ou de n'importe qui d'autre, on a tous un rêve. Quelque chose pour lequel on est né. Quelque chose qui prendra le dessus, qui nous aidera à remonter la pente quoi qu'il arrive. Et si tu as l'impression que ce n'est pas le cas.. cherche bien, au fond de toi. Il y a forcément quelque chose qui te définie. Je comprend bien plus que tu ne pourrais l'imaginer le fais que ta soeur soit extrêmement importante pour toi, et que l'avoir loin de toi te déchire littéralement, mais si trouve ta voie, que tu trouves cette chose qui pourrait peut-être tracer ta route, les choses s'apaiseront. Je ne dis pas que cela retirera entièrement la douleur que tu ressens. Mais au moment où tu le feras, durant ne serait-ce que quelques instants, tu te sentiras mieux. Personnellement en règle générale, ces si précieuses minutes qui constituent une chanson me libèrent, parce que je sais que je suis à ma place. Que par elles, je n'ai pas à me cacher, parce qu'elle me définissent. Il peut en être de même pour toi, qu'importe la discipline.

Ce qu’elle me dit me toucha. C’était vraiment beau et ça avait l’air sincère.

-Je vais essayer de trouver quelque chose. Trouver ce petit trésor qui me fera arrêter les coupures. Je ne garantis pas que ça va arriver de sitôt, mais je vais essayer, je te le promets.

Je ne savais pas pourquoi je lui faisais une promesse, peut être qu’elle s’en fichait complètement. Mais ça n’avait pas l’air d’être le cas, elle semblait inquiète par mon cas et plutôt concernée par ce qui m’arrivait. Dans tous les cas elle me donnait des conseils pour que je m’en sorte, elle me redonnait espoir, et pour cela elle méritait que je me sente concerné par ce qu’elle me disait, et donc que je lui promette d’essayer de changer les choses. Il était vrai que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas trouvé l’espoir de continuer à chercher un meilleur défouloir que celui des coupures.

Et puis j’avais envie de la remercier, ce que je tentais de faire par ces quelques paroles :

-J’espère que ton rêve se réalisera. Et je suis contente que tu ai quelque chose auquel t’accrocher, j’aimerais mon aussi trouver cela. Je suis de tout cœur avec toi derrière… Ton talent. Et si jamais, et je te le souhaite, tu deviens célèbre, je viendrai souvent te voir à tes concerts. Je serais une de tes fans, peut être même la n°1 ?

Je souriais en gardant ma tête posée sur son épaule. Je ne savais pas vraiment pourquoi je lui disais tout ça, mais j’étais sûre de la sincérité de mes paroles. Car dès que j’entendrais sa voix désormais, je serais obligatoirement replongée vers ce moment. Vers cette étrange soirée d’hiver où je m’étais confiée à une inconnue, vers cette voix profonde qui faisait écho à ma détresse, vers cette jeune fille paradoxale qui pouvait paraître froide mais ne cessait de me conseiller. Et pour cette étrange sensation qui m’envahissait désormais, comme un mélange de bonheur et de mélancolie, je voudrais désormais toujours entendre la voix de Phoebe.

Après cela, la demoiselle s’empressa de me rassurer : elle ne répèterait pas ce que je lui avais dis, et elle ne me détestait pas. Cela me rassura énormément. Je vis le sourire qu’elle m’adressait, alors je ne pu m’empêcher de la serrer dans mes bras. Je lui murmurais :

-Merci. Merci pour tout, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pris le temps de me conseiller de m’écouter comme cela. Tu es une fille bien.

Je ne la connaissais pas et pourtant je le sentais au plus profond de moi. Phoebe était une fille extraordinaire. Ca me sautait aux yeux.

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Emilie Ҩ Phoebe

Ҩ « Les meilleures et les plus belles choses du monde ne peuvent être vues, ni même touchées. Elles doivent être ressenties avec le coeur. » Helen Keller

-Je vais essayer de trouver quelque chose. Trouver ce petit trésor qui me fera arrêter les coupures. Je ne garantis pas que ça va arriver de sitôt, mais je vais essayer, je te le promets.
-Tu le trouveras, lui assurais-je. Tôt ou tard, tu y arriveras, et je suis certaine que ça ira bien mieux.
Et puis en même temps, j'espérais pour elle que le temps qu'elle se cherche, son esprit serait suffisamment occuper pour lui faire oublier l'envie de se couper. Même si au fond, j'étais sûre qu'elle savait déjà ce qui la définissait et qu'il lui fallait juste mettre le doigt dessus. J'admet que cela m'étonnais un peu qu'elle m'écoute, et même me promette d'essayer, mais au final, n'était-ce pas plutôt à elle qu'elle se promettait de chercher, ne serait-ce qu'inconsciemment ?
-J’espère que ton rêve se réalisera. Et je suis contente que tu ai quelque chose auquel t’accrocher, j’aimerais mon aussi trouver cela. Je suis de tout cœur avec toi derrière… Ton talent. Et si jamais, et je te le souhaite, tu deviens célèbre, je viendrai souvent te voir à tes concerts. Je serais une de tes fans, peut être même la n°1 ?
Ce qu'elle disait était adorable. En fait, cette fille était adorable, on ne pouvait pas la détester, c'était purement impossible. Et je ne dis pas cela parce qu'elle me complimentait, mais bel et bien parce que c'était la vérité. Elle était touchante, et on ressentait ce besoin de lui venir en aide, de l'écouter, de la conseiller, de faire de son mieux pour qu'elle soit heureuse. Et elle semblait y mettre de la bonne volonté de son côté, ce qui n'était pas plus mal !
-Merci beaucoup, c'est vraiment très gentil. Et je te le répète, tu le le trouveras aussi, c'est impossible que rien ne fasse de toi ce que tu es. Crois en toi, c'est tout.
Je lui fis un sourire rassurant. Je ne savais pas ce qu'engendrerait cette conversation, une belle amitié ou si nous ferions comme si rien ne s'était jamais produit. Personnellement, je n'avais rien contre l'idée de m'en faire une amie, et puis le temps seul déciderait de ce qui en adviendrait. Mais en tout cas, j'espérais que mes paroles l'auraient aidée, et que tout irait bien pour elle a l'avenir. Elle le méritait, je le sentais.
Je l'avais de suite rassurée en lui disant que je ne la détestais pas pour la simple raison qu'elle ne m'avait donné aucune raison de le faire, et que je n'avais nullement l'intention de parler de tout ceci à quiconque. Alors elle me prit dans ses bras. Je fus tout d'abord surprise, mais la serrais doucement contre moi. Je n'avais plus vraiment l'habitude des effusions, à la fois par choix et par obligation : je ne voulais pas risquer de ressentir un manque d'amour de la part d'autres personnes un jour, ou avoir besoin d'un câlin pour me réconforter. J'avais eu bien trop de mal à faire sans, je ne voulais pas redevenir cette fille qui en avait tant besoin il y a cinq ans. Et de toute manière, il n'y avait plus grand monde qui désirait me prendre dans ses bras désormais. Malgré tout, je ne repoussais pas Emilie.
-Merci. Merci pour tout, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pris le temps de me conseiller de m’écouter comme cela. Tu es une fille bien.
-Les gens ne savent pas écouter autre chose qu'eux même, c'est comme ça. Mais si tu as encore besoin de parler, je serais là. Toi aussi t'es une fille bien tu sais, et tu mérites vraiment d'être heureuse.

Phoebe avait eu l'air heureuse de ce que je lui avais dis à propos de sa voix et de son rêve. Tant mieux, c'était le but recherché. Et puis, je voulais lui assurer que même si elle n'en avait pas besoin, des gens la soutenaient et étaient à ses côtés. Moi par exemple.
Je serrais la jeune fille dans le creux de mes bras, à la fois soulagée et heureuse qu'elle ne me repousse pas. J'étais quelqu'un de très tactile et j'aimais les effusions. Ça n'avait pas l'air d'être le cas de Phoebe, mais malgré tout elle me serrait à son tour contre elle, et cela me toucha. En effet, ce geste prouvait que je ne me faisais pas d'idée, et que la bonne entente que je ressentais entre nous était réciproque et partagée.

-Merci. Merci pour tout, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pris le temps de me conseiller de m’écouter comme cela. Tu es une fille bien.

-Les gens ne savent pas écouter autre chose qu'eux même, c'est comme ça. Mais si tu as encore besoin de parler, je serais là. Toi aussi t'es une fille bien tu sais, et tu mérites vraiment d'être heureuse.

Elle était vraiment gentille... A chaque compliment que je lui faisais, elle retournait sa réponse pour m'en faire un en retour. Un ange, je bénissais ma tristesse de m'avoir mit sur le chemin d'une jeune fille pareille.

-Toi aussi si tu veux parler, je serais là. Même si tu n'as pas l'air d'être le genre de fille à bavasser sur ses problèmes, je voudrais bien t'écouter. Ou... Te serrer dans mes bras. Ou même t'entendre chanter si c'est ton meilleur moyen d'expression.

C'était vrai que s'il elle n'aimait pas se confier, la chanson pouvait rester son moyen d'expression entre elle et moi. Je l'écouterais toujours. Moi j'aimais me confier, parler des mes problèmes, et me plaindre à longueur de journée... Ce n'était pas glorieux mais c'était véridique. Si ce n'était pas le cas pour Phoebe, je ne m'en offusquerais pas, au contraire.

Une brise glaciale se faisait sentir et je frissonnais en quittant les bras de Phoebe. Nos chevelures chocolats volaient au vent de ce soir d'hiver, et le lac était parcouru de légers frémissements, comme s'il tremblait lui aussi. J'entendais des gargouillis au fond de mon estomac, et riais alors avec amusement en regardant Phoebe, me demandant si elle avait entendu aussi mon ventre crier famine. L'heure du dîner devait probablement approcher.

-Tu veux rentrer dîner avec moi ? Je commence à avoir faim et froid.

Pour mieux illustrer mes paroles, mon ventre décida à ce moment là de se remettre à grogner et je riais de plus bel. Avant d'aller manger, je voulais quand même demander quelque chose à ma nouvelle amie... :

-Mais avant de rentrer, tu veux bien me chanter quelque chose ?

Je souriais d'avance à l'idée d'entendre à nouveau son incroyable voix.

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Emilie Ҩ Phoebe

Ҩ « Les meilleures et les plus belles choses du monde ne peuvent être vues, ni même touchées. Elles doivent être ressenties avec le coeur. » Helen Keller

-Toi aussi si tu veux parler, je serais là. Même si tu n'as pas l'air d'être le genre de fille à bavasser sur ses problèmes, je voudrais bien t'écouter. Ou... Te serrer dans mes bras. Ou même t'entendre chanter si c'est ton meilleur moyen d'expression.
-J'avoue ne pas trop aimer parler de ce que je ressens, ou de mes problèmes, dis-je en prenant soin de bien choisir mes mots. Lui expliquer le pourquoi aurait compliquer les choses, et peut-être que sans le vouloir, je l'aurait offusquer. Or cela aurait été bien bête alors qu'elle semblait m'apprécier. Mais si toi tu as besoin, je serais là, ajoutais-je.
Elle s'était éloignée un peu de moi, et un coup de vent la fit frissonner. Un léger tremblement me parcourut moi aussi, mais j'étais un peu plus habituée qu'elle à ce froid, je passais ma vie dans des endroits glacés, que ce soit la forêt interdite, le lac, ou la tour d'astronomie. Je m'éclipsais presque chaque soir, ou plutôt chaque nuit, moment où le vent se fait particulièrement glacé, et allais où bon me semblait, là où j'étais presque sûre que personne ne me suivrait, sauf en ayant des tendances suicidaires. Evidemment, je n'étais pas entièrement immunisée par ce froid, mais j'y étais moins sensible.
-Tu veux rentrer dîner avec moi ? Je commence à avoir faim et froid.
J'étais tentée de lui répondre que c'était gentil mais que je n'avais pas faim, mais je jugeais plus prudent de veiller à ce qu'elle rentre avant d'attraper froid, et au pire, je pourrais toujours faire semblant de manger. Je n'aimais pas beaucoup manger dans la grande salle, l'attitude des élèves m'exaspérais la plupart du temps. Il y avait les jours où les regards étaient braqués sur moi et où ils se mettaient à chuchoter et colporter des informations plus ou moins juste à mon sujet, bien que souvent fausse, le tout sous un sourire à peine contenu de ma part face à leur stupidité et probablement vaines tentatives de me faire me sentir mal, et les jours où j'avais tout loisir de les espionner et les écouter à leur insu, constatant alors la fausseté qu'ils renfermaient... entre autre. Aussi, je préférais manger ailleurs ou ne pas manger du tout, non pas parce que je me préoccupais de ce qu'ils pensaient de moi, mais parce qu'ils me donnaient tous envie de vomir. Mais je pouvais prendre sur moi, et c'était bien ce que je comptais faire.
-Pas de soucis, je te suis !
-Mais avant de rentrer, tu veux bien me chanter quelque chose ?
-Avec plaisir, acceptais-je, souriante.
Après quelques secondes de réflexion, j'optais pour Somewhere, une chanson de Barbra Streisand. J'espérais un peu qu'elle nous remonterait le moral à toutes deux. Alors, regardant Emilie j'entamais la chanson.
-There's a place for us. Somewhere a place for us. Peace and quiet and open air wait for us somewhere. There's a time for us. Someday a time for us. Time together with time to spare, time to look, time to care.
Je m'adressais presque à elle en chantant, ou... à nous deux. Nous avions une place dans de monde, et nous le trouverions tôt ou tard. Cela me semblait être pas mal compte tenu de la discussion que nous avions eus !
-Someday ! Somewhere ! We'll find a new way of living, we'll find a way of forgiving... Somewhere... Somewhere... There's a place for us ! A time and place for us. Hold my hand and we're half way there, hold my hand and I'll take you there ! Somehow... ! Someday... Somewhere !
De nouveau, j'effaçais une larme qui n'avait pas sa place. Je pleurais à chaque fois ou presque que je chantais un solo, probablement parce que je les ressentais en moi. L'acapella n'était jamais chose facile, mais je maîtrisais toujours mes chansons. La première fois que j'avais chanté acapella, je ne m'y étais pas préparée, mais mon professeur m'avais dis que je n'avais pas besoin d'orchestre, il était là, dans ma tête. Je connaissais l'air, ce n'était pas bien différent, même si parfois on risquait d'accélérer le rythme sans le vouloir. Mais je crois que je ne m'en sortais plutôt pas trop mal... Je souris de nouveau à Emilie, commençant à marcher doucement vers le château.

Ma nouvelle amie avait accepté de venir dîner avec moi. J'en étais ravie parce que ça me permettrait de rester un peu plus longtemps avec elle et de discuter encore un peu. Et puis, je n'avais pas envie que notre lien s'arrête ici, et qu'après cette rencontre imprévue, nous fassions semblant de ne pas nous connaître. C'était donc une façon pour moi de lui montrer que j'avais envie de la connaître et de parler avec elle souvent, pas que ce soir. Et puis, j'étais aussi contente parce que je grelottais franchement, et j'avais hâte de retrouver la chaleur du château.

Ensuite, à ma demande, elle se mit à chanter.

--There's a place for us. Somewhere a place for us. Peace and quiet and open air wait for us somewhere. There's a time for us. Someday a time for us. Time together with time to spare, time to look, time to care.Someday ! Somewhere ! We'll find a new way of living, we'll find a way of forgiving... Somewhere... Somewhere... There's a place for us ! A time and place for us. Hold my hand and we're half way there, hold my hand and I'll take you there ! Somehow... ! Someday... Somewhere !

C'était une jolie chanson, et surtout, elle paraissait nous correspondre... A toutes les deux. C'était touchant qu'elle ai choisi de chanter cela. Nous avions chacune une place quelque part, que nous trouverions. C'était une chanson d'espoir, et je sentis mon cœur s'apaiser dans ma poitrine. Phoebe chantait avec toute son âme, et savoir qu'elle chantait pour moi rendait à mon oreille sa voix encore plus belle. C'est vrai qu'elle chantait bien... Et moi j'avais la chance de l'entendre. Je plaignais les pauvres âmes dans le château qui ne l'avaient jamais entendu fredonner, parce que ça valait franchement le détour. Ce fut un moment d'émotions pour nous deux. Je la vis effacer une larme de sa joue, et j'étais moi même profondément émue.

A la fin de sa chanson, elle me sourit, et je lui rendis son sourire. Nous rentrâmes ensemble vers le château, sans un mot, collées l'une à l'autre, dans cette nouvelle aura d'amitié qui nous entourait et nous réchauffait le cœur.

(c) Ségo Soyana sur Epicode