Une nouvelle matinée commençait au château. Au programme de la journée ? De l’ennui, de l’ennui, encore et toujours ce même ennui. Voilà bel et bien le problème du jeune Kiba, élève japonais de l’un peu trop fière maison de Serpentard, le même qui passait son temps à pourrir la vie des autres pour le simple plaisir de crée la discorde et qui usait de ses dons pour semer le trouble dans les couples qui l’entouraient. Malgré cette occupation assez prenante, il existait des moments où, comme aujourd’hui, ce jeune garçon à la chevelure platine s’ennuyait.

Comme d’habitude, Kiba n’avait aucune envie d’aller en cours, d’autant plus qu’il s’y ennuierait encore plus, mais il y était malheureusement bien obligé. Le jeune blond s’était donc rendu aux leçons comme tout élève bien élevé l’aurait fait… sauf que lui, il n’était pas bien élevé… ou du moins il avait volontairement oublié cette éducation. Aussi, il s’était amusé à lancer des répliques désobligeantes aux autres élèves présents dans la classe, n’osant pas réellement manquer de respect au professeur qu’il savait assez redoutable dans son genre.

Quand les cours prirent fin, c’est avec un grand soulagement que le jeune homme se rendit dans le hall d’entrée de l’école, réfléchissant à ce qu’il allait pouvoir faire de sa journée. Il n’avait pas encore eu la chance de croiser Cadeyrn en ce jour et, par conséquent il ne voyait pas bien qu’elle personne il aurait pu ennuyer. Tout comme le Poufsouffle précédent, il n’avait croisé ni Amélia, ni Lou et, bien évidemment, il espérait ne pas avoir à croiser Luka aujourd’hui. Pour ce qui est de Johan, il l’avait peut-être bien aperçu au détour d’un couloir, mais celui-ci était bien trop peu réactif à son goût et cela avait le don de l’énerver plus que de raison… Restait Alicia, mais leur dernière rencontre était un peu trop récente pour qu’il se satisfasse de sa présence. C’est donc d’un air las que le blond regardait les personnes qui déambulaient dans le hall d’entrée, cherchant quelqu’un qu’il pourrait aborder sans trop de difficultés, quelqu’un à qui il aurait pu clairement justifier son comportement… car c’était tout de suite bien plus amusant.

De toutes les personnes qui se trouvaient dans ce château, il y en avait très peu que Kiba estimait comme égales à lui. Il voulait toujours obtenir le monopole de l’attention, se faire passer pour mieux que celui qu’il était mais, au final, il finissait toujours par avoir l’air d’un crétin fini aux côtés des personnes qui l’entouraient car, en cherchant cette attention si important à ses yeux, il ne faisait que s’attirer des ennuis toujours plus gros. Un jour, il le savait, les choses finiraient par lui retomber dessus, lorsque le monde en aurait marre et déciderait que le moment de lui faire prendre conscience des conséquences de ses actes était venu.

Loin de redouter ce moment, Kiba s’auto-persuadait qu’il n’était pas prêt d’arriver. Il se pensait tellement habile dans ses actions, tellement parfait, mais la réalité était tellement différente. Personne n’était parfait et son don n’aurait pas du lui permettre de penser de cette manière, même pour lui qui possédait ce don magnifique de la métamorphomagie. Dire que sans ce don, il ne serait certainement pas devenu le garçon égocentrique et détestable qu’il était désormais. Sans ce pouvoir, il serait peut-être resté l’enfant qu’il était peu après la mort de son père, un enfant rejeté par ses camarades à cause de sa cicatrice, accepté des rares personnes qui ne jugeaient pas par le physique… Il était devenu tellement superficiel depuis qu’il pouvait la camoufler et se faire passer pour mieux qu’il était…

Kiba n’aurait pas voulu que l’on découvre qu’il possédait ce pouvoir. Aussi, de très rares personnes étaient au courant. Il y avait simplement Lou… Du moins à sa connaissance. C’était d’ailleurs à cause de cela qu’il était obligé de se soumettre à ses moindres désirs, simplement pour paraître mieux qu’il ne l’était, simplement pour qu’elle soit assortie d’un bel homme lorsqu’elle allait aux fêtes… Le blond pouvait aller loin dans le simple but de protéger son secret.

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne possédait pas une cicatrice élégante lui. Bien qu’il ait survécu de peu à la mort, personne ne l’appelait le survivant, au contraire de cet imbécile d’Harry Potter dont tout le monde parlait si souvent. Lui, il avait une cicatrice sur la joue, une trace qui lui rappelait sans cesse ce moment où leur voiture avait quitté la route pour s’écraser plus bas, enlevant ainsi la vie à son père… Mais avait-il des regrets par rapport à cela ? Pas vraiment. Pas assez du moins.

Ce genre de choses, Kiba l’oubliait totalement dans les situations comme celle qu’il vivait actuellement. Là, assis sur les marches du hall d’entrée, il cherchait du regard une personne sur qui il pourrait aller déverser son venin sans avoir aucun remords. Au bout d’un petit moment, la cible idéale passa juste sous ses yeux.

Cette cible n’était autre que Lins Icho.

Le jeune blond s’approcha alors de ce garçon qu’il détestait de par son simple nom avant de s’adresser à lui d’une voix assez amusée.

« Que vois-je ? Un troll qui se fait passer pour un japonais ?»Avait-il déclaré en ne quittant pas du regard le Serdaigle qui se trouvait sous ses yeux, affichant une mine songeuse, comme s’il réfléchissait à ce qu’il venait de dire.

« Icho, Icho, Icho. Ce nom ne te va vraiment pas. »

Le Serpentard, en revanche, portait réellement bien son prénom. Tel un croc, il s’amusait à percer l’armure des plus faibles et, lorsque ce n’était pas possible, il tentait de s’attaquer à des proies plus coriaces. Actuellement, c’était le cas avec ce garçon qu’il avait déjà pu repérer comme une personne difficile à atteindre. Il était donc un peu comme un défi à ses yeux et puis, cette double nationalité était un magnifique cadeau à ses yeux puisqu’il ne l’estimerait jamais, mais alors là jamais comme un ressortissant de son pays, même à moitié.

Le jeune homme adressa finalement un large sourire à ce camarade qu’il détestait. Kiba aurait pu être un garçon adorable mais, au final, il n’était rien d’autre qu’une peste qui, sans cesse, cherchait à blesser les personnes de son entourage…

Cet abruti n’avait vraiment pas fière allure aujourd’hui, Kiba n’avait pas pu s’empêcher de le noter. En fait, il s’amusait à noter chaque chose qu’il aurait pu utiliser pour enfoncer un peu plus ce pauvre garçon qui n’avait clairement pas la tête à se faire ennuyer en cette journée. Aussi, c’est avec une immense satisfaction que le blond entendit Icho lui répondre en le traitant de « sinistre crétin ». Quelle perche magnifique était-ce là.

« Sinistre ? Je ne voudrais pas te vexer, mais je n’ai ni tes vêtements sales, ni ton air de déterré.» Dit-il avec sarcasme.

Non, Kiba ne connaissait rien des circonstances qui avaient fait de Lins ce garçon tellement … différent de celui qu’il avait rencontré l’autre jour mais, pour être tout à fait honnête, il s’en contrefoutait. En quoi cela aurait-il pu changer sa vie de savoir que ce garçon avait perdu son hibou ou son chat ? Le blond n’était pas du genre à s’embarrasser avec les détails puisque, lui, il allait parfaitement bien.

Toisant toujours le Serdaigle du regard, le jeune blond laissa un sourire se dessiner sur son visage, amusé en repensant à la réaction qu’il avait obtenue quelques secondes plus tôt. Bien évidemment, il espérait de ton son cœur avoir droit à d’autres remarques du genre, auxquelles il pourrait répondre sans cesser d’aller plus loin. Un jour peut-être réaliserait-il à quel point il était dangereux de jouer avec le feu ? Dans tous les cas, il n’était pas occupé à se soucier de la tournure que les choses pourraient prendre, d’autant plus qu’il ne connaissait absolument pas les raisons de l’état du Serdaigle.
« Laisse-moi deviner. Tu as compris que ta maison était un ramassis de prétentieux dans ton genre ? Tu as perdu ta baguette ? Ton hibou est mort ?» Questionna Kiba avec un certain amusement et une certaine malice.

Il était difficile de s’imaginer que, quelques années plus tôt, le blond n’avait pas du tout le même comportement. Tout ce qu’il était à cette époque, c’était un tant soit peu égocentrique et rebelle à l’idée d’accomplir les devoirs que ses parents lui donnaient. À côté de ça, jamais il n’aurait été volontairement méchant, du moins pas en toute gratuité comme c’était le cas actuellement. Désormais, il avait changé et n’était plus ce garçon qu’il avait été… Il se comportait ainsi et plus autrement, tout ça à cause de ce don qui avait rendu sa mentalité plus pourrie qu’elle ne l’était et avait amplifié son égo...

Il était clair que, dans ce château, de nombreuses personnes devaient lui en vouloir pour ce qu’il était et ce qu’il faisait. Ici, il était bel et bien en train de chercher les problèmes auprès de ce cher Icho qui, rappelons le pour les incultes, faisait une bonne tête ou deux en plus que lui. Quelque part, c’était un peu comme si un bichon hargneux s’attaquait à un berger allemand. Seulement, chez les chiens, les choses étaient quelque peu différentes car, bien qu’ici Kiba se sente puissant de ses remarques lancées sans réfléchir aux conséquences, il ne restait pas réellement sur ses gardes.

Jamais quelqu’un n’avait réellement passé ses nerfs sur lui à cause d’une connerie qu’il avait dite ou faite. Jamais personne n’avait osé s’attaquer à lui comme il le faisait, du moins pas encore, car il était clair que certaines personnes devaient lui en vouloir et attendre le bon moment pour se venger. Au final, il n’était jamais réellement occupé à se méfier des autres et de leurs coups bas. Tout ce qu’il faisait, c’était continuer d’attaquer, si bien que, même s’il en aurait été parfaitement capable s’il avait été prudent, il aurait été bien incapable de se défendre sur le moment. C’était ça, le plus gros problème du blond. Cet égo incroyable lui laissait croire qu’il était supérieur aux autres. Mais en réalité, c’était tout le contraire.

Kiba n’aurait pu nier qu’il trouvait les réactions du brun plutôt… plaisantes. Visiblement, celui-ci avait quelques difficultés à contenir ses ressentis et sa colère et, cela, c’était une chose qu’il appréciait : voir que ses paroles avaient un impact, quel qu’il soit, sur la personne à qui elles étaient adressées était en quelque sorte une récompense pour le travail fourni.  Malheureusement, la proie était facile et Kiba s’en trouvait moins enhardi que si l’inverse avait été vrai. Il ne pouvait cependant pas s’empêcher de jubiler face à la nouvelle réaction de Lins.

Pas vexé ? Réellement ? Alors pour quelles raisons était-il en train de s’énerver et de hurler sur lui ? En plus d’avoir une tête de déterré et un sang malpropre, ce jeune homme était vulgaire et impoli. Kiba, au moins, avait réussi à rester décent… au moins au niveau du vocabulaire.

Le sourire du blond s’était agrandi à l’entente de cette réplique qui, une fois de plus, prouvait à quel point il était facile de faire réagir Icho ces derniers jours. Certes, il ignorait totalement pour quelles raisons celui-ci était devenu soudainement aussi… vulnérable, mais il s’en moquait bien et se réjouissait de voir que ces bruits de couloir étaient véridiques. Il n’allait pas manquer de trouver quelque chose de bien sympathique à lui répondre puisqu’il semblait à fleur de peau. C’était… tout le contraire de cet autre crétin de Serdaigle qu’il avait rencontré dans la forêt interdite et qui s’était montré totalement insensible à ses critiques.

Kiba était réellement devenu une personne détestable, mais qu’est-ce qu’il lui était agréable de se faire haïr quand il ne pouvait se faire aimer… Cela lui permettait en quelque sorte d’avoir de l’attention, même si cela n’était pas volontaire, ou du moins pas totalement conscient et que l’attention reçue n’était pas forcément la plus sympathique.

« Oh, je vois, pardonne-moi d’avoir osé insinuer une chose pareille. » Dit-il en riant un peu, amusé de la réaction du jeune serdaigle. « Ca t’arrive souvent d’être aussi agressif? »

Bien évidemment, il n’aurait pas pu répondre à cette proie géante sans y ajouter une nouvelle pique. Il avait donc sourit tandis qu’il attendait une réponse à la hauteur de ses espérances. Toujours plus loin, toujours plus profond, toujours plus proche des cordes sensibles… C’était ce qu’il visait en cet instant. Oui, il avait envie de savoir ce qui mettait le jeune homme dans cet état. Pas pour l’aider, bien loin de là, plutôt pour s’en servir à l’avenir lorsqu’il aurait cette envie de détruire une personne… Cette envie de montrer que, lui aussi, il était désormais capable de se défendre.

Alors que le blond venait d’envoyer sa nouvelle pique avec un air plus que malicieux, il avait pu obtenir une réaction qui en disait long. Ce regard que venait de lui lancer Lins était une preuve que ce qu’il avançait ne pouvait pas être totalement faux. Il avait donc perdu quelque chose ? Ou … quelqu’un ? Après tout, les personnes de ce château allaient et venaient sans cesse avec les jours et bien d’entre elles mourraient, assassinées par un mage noir ou même par simple accident… Sa curiosité venait d’être piquée mais, comme le reste, celle-ci était malsaine.

« Quelle vulgarité. » Avait-il répondu en un rire à l’entente des paroles de son camarade. « Mais je pense que je préférerais encore rester sous terre que sortir dans le même état que toi. Et dans ce cas là je serai plutôt enterré, tu ne penses pas ? »

Le jeune Serpentard n’avait pu s’empêcher de jouer avec les mots du jeune Serdaigle qui avait visiblement des difficultés à s’exprimer calmement en réponse à de simples petites questions innocentes... enfin, nous repasserons pour la définition de ce mot.

« Dire qu’on m’avait dit que tu étais une personne intelligente. Tu n’es pas très futé pour un Serdaigle. Tu sais, tu peux très facilement trouver un autre hibou, pas besoin de te mettre dans un tel état. »Avait-il ensuite repris.

Il n’avait pas envie d’abandonner cette piste qu’il avait découverte. Il avait compris que ses paroles avaient touché Lins… Alors il avait décidé d’en jouer et quoi de mieux que de comparer cette chose ou personne que Lins avait perdue à un simple hibou…

Le plus horrible dans toute cette histoire était sans doute le passé de Kiba qui avait perdu son père dans un accident de voiture. Il avait eu la chance de s’en sortir, mais cette chance se révélait désormais avoir été une véritable promesse de malédiction son entourage...

HJ:

Kiba avait remarqué à quel point Lins semblait à fleur de peau actuellement. En fait, tout le monde aurait pu le remarquer, même le plus profond des débiles, ce que le jeune Serpentard n’était pas malgré son attitude. Il se faisait bien passer pour un imbécile en se comportant d’une manière aussi exécrable, mais il n’était pas moins intelligent que la plupart de ses camarades de l’école, même certains Serdaigle qu’il se plaisait à descendre lorsque l’occasion s’en présentait, comme ici. Il devait d’ailleurs avouer que les réactions de ce très cher Icho lui plaisaient tout particulièrement. Il était tellement facile de l’attaquer et d’obtenir un retour de sa part… Il en aurait presque rit s’il n’avait pas été en train de jubiler à l’intérieur de lui-même… il oubliait d’ailleurs les risques qu’il courrait à provoquer ainsi la colère d’autrui.

À chaque fois que Lins avait le malheur d’ouvrir la bouche, le jeune étudiant cherchait une faille pour y enfoncer ses pics et mieux faire grimper la colère. Il était assez vicieux, c’était même parfois pervers comme fonctionnement, mais il savait qu’il ne parviendrait à ses fins que de cette manière. Détruire avant d’être détruit… Il avait fonctionné ainsi depuis tellement longtemps désormais qu’il était difficile de déterminer à quel point il était enfoncé dans cette méthode malsaine, voire même odieuse… Il ne voulait au final qu’éviter d’avoir de nouveaux ennuis, mais il n’arrivait pas à arrêter de se comporter de cette manière, même en sachant parfaitement qu’il agissait mal.

« À vrai dire, tu fais erreur, ma mère est une sorcière de sang pur mariée avec un salopard de moldu… L’un est mort et l’autre ne devrait plus tarder à le faire. »Avait-il répondu en riant une fois que son camarade lui avait envoyé une salve d’insultes à la figure. «Sinon tu peux aussi parler de mes frangins puisque tu sembles adorer te défouler, deux pauvres moldus ratés incapable de lancer le moindre sort alors que j’ai hérité de la magie de ma mère… C’est pitoyable n’est-ce pas ? Dans tous les cas je pense que tu viens de prouver que tu n’étais pas le plus diplomate des deux. »

Se descendre lui-même n’était peut-être pas la meilleure chose à faire, Kiba le savait. Il n’avait jamais aimé que l’on parle de son sang, mais il se moquait de le faire lui-même. Au moins, il prouvait à cet imbécile d’Icho qu’insulter sa famille n’était en rien une agression envers lui. Son père était mort, et alors ? Il ne s’en sentait plus coupable depuis longtemps, ou du moins ne le réalisait même plus. Pour sa mère, il espérait la voir mourir sous peu à cause de ce qu’elle avait fait, à savoir toujours surestimer ses frères et sœurs et négliger ses problèmes à l’école. Quand à ses frangins, le tout était dit. Lui, à côté, il avait l’intelligence, la beauté et la gentillesse.

«Mio Dio, Lins. J’en connais une qui serait choquée de te voir dans un tel état. » Avait-il finalement ajouté avant de rire un peu plus.

Il n’avait plus vu cette crétine de pouffsouffle depuis un bon moment désormais, néanmoins il se souvenait parfaitement de l’avoir entendue lors de cet affrontement dans le labyrinthe, trouvant d’ailleurs cela stupide puisqu’elle ne l’aurait de toute façon pas aidé par un simple cri. Il n’avait pas pu s’empêcher de s’en servir contre lui… Après tout, peut-être était-elle absente pour une bonne raison ? En tout cas, il ne charmerait jamais les femmes de cette manière, avec une telle vulgarité… Qu’est-ce que Kiba pouvait s’amuser.

Kiba ne pouvait s’empêcher de jubiler en voyant les réactions de Lins : c’était officiel, il adorait s’en prendre à lui aujourd’hui. Bien évidemment, il était conscient qu’Icho risquait de rappliquer avec les informations qu’il venait de lui dévoiler gratuitement. En fait, il avait essayé de devancer son camarade avant que celui-ci s’en prenne à lui car, même s’il détestait en parler, un bon nombre de personnes étaient au courant de son statut de sang. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les professeurs avaient quelques difficultés avec lui. Il sourit un peu plus en l’entendant raconter des choses en se moquant un peu, sarcastique.

Malheureusement, quelques secondes plus tard, Kiba avait déjà repris la parole, imitant comme il le pouvait l’expression de la jeune Elisea, poufsouffle stupide qu’il aurait détesté comme tant d’autres s’il l’avait mieux connue que de vue. Il sourit un peu après sa réplique, espérant obtenir une nouvelle réaction de la part ce garçon qui était visiblement assez sensible à ses critiques.

Sans même avoir le temps de réaliser, le jeune Serpentard se retrouva plaqué contre un mur, une douleur assez forte se développant dans l’un de ses coudes.

« Oulah… Je vois qu’on est très énervé… » Fit-il en gloussant un peu.

Il aurait été mauvais de mentir sur le sentiment de Kiba en cet instant : il avait été grandement surpris par cette attaque physique. Il n’était pas habitué à se battre, mais il était habitué aux coups car certains lui en avaient déjà mis pas mal. Pour cette raison, il sourit un peu à son camarade de Serdaigle sans cesser de le regarder. Visiblement, son problème était avec sa petite amie ? Très bien… On ne s’en prenait pas à lui de cette manière…

Le jeune homme sourit un peu à Lins tandis que celui-ci lui parlait de ce silence qu’il avait réclamé et, pendant ce temps, il laissait son don faire action. Il se concentrait pour rendre ses traits encore plus fins, les modifier et les adoucir jusqu’à devenir la copie conforme de la jeune italienne qu’il avait imitée un peu plus tôt. Quelques secondes plus tard, une fois que la transformation était parfaite, il s’adressa à nouveau au Serdaigle.

« Dans ce cas je ne dirais plus rien, Lins. » Avait-il dit en lui adressant un large sourire, singeant à nouveau la jeune femme.

Son regard s’était fait insistant, réellement insistant. Il ignorait tout de la situation que vivait Lins, mais il n’avait pas prévu d’arrêter tant que celui-ci réagirait… Même s’il était violent : il avait déjà été à l’infirmerie étant plus jeune et il n’avait aucune crainte d’y retourner… Ce garçon jouait au plus malin, eh bien Kiba aussi avait des ruses difficiles à supporter…

Kiba avait cherché et, finalement il avait trouvé. Après avoir poussé Lins à ses limites, en prenant l’apparence de sa défunte –même s’il ignorait totalement ce détail – petite amie, il avait fini par récolter ce qu’il avait semé durant toutes ces années. Des coups, une pluie de coups même, s’était abattus sur lui, l’empêchant d’adresser le moindre mot à ce bourreau qu’il avait lui-même invoqué en ce métissé Japonais qu’il haïssait tant. S’il n’avait pas cherché misère de la sorte, il n’aurait sans doute jamais eu à tâter du poing de ce garçon qu’il avait toujours considéré comme un imbécile fini… Désormais, il était rossé comme jamais il ne l’avait été auparavant et, une fois cette rixe terminée, il s’était retrouvé à terre.

Tout s’était passé si vite qu’il n’avait pas eu le temps de réaliser les choses. Tout ce qu’il savait désormais, c’est qu’il avait mal, vraiment mal. Sa tête, ses bras, ses jambes et son estomac… tous étaient meurtris à cause des coups que lui avait donné Lins. Les seuls sons qu’il put émettre durant quelques secondes à partir de là furent d’ailleurs des gémissements plaintifs, preuves de la douleur qu’il ressentait. Pendant qu’il restait allongé là, son corps changeait à nouveau, passant des traits d’Elisea à ses traits habituels, les traits d’un blond un tant soit peu efféminé, ces traits que tant de personnes avaient appris à haïr avec le temps et les critiques.

Quelques longues secondes plus tard, il réussissait à nouveau à respirer correctement et il posa son regard sur le Serdaigle qui venait de le tabasser d’une manière qu’il n’avait jamais connue auparavant, un regard effrayé… Jamais encore il n’avait regardé quelqu’un de la sorte, pas même son père lorsqu’il vivait encore. Kiba s’adressa à lui d’une voix un peu éteinte, ponctuée d’un petit bruit de douleur.

« Mais t’es totalement fou ? »

Sur le coup, il devait bien avouer que son cœur battait à tout rompre. Il battait par peur de ce qui venait de lui arriver, de ce qui aurait pu lui arriver. Ses jambes étaient tellement endolories, de même que le haut de son corps, qu’il ignorait totalement s’il allait pouvoir se lever désormais. Certes, il serait capable de marcher, mais il n’osait pas imaginer dans quel état pitoyable il aurait pu se retrouver s’il Lins avait continué à le frapper comme il l’avait fait pendant quelques secondes… Était-il réellement allé trop loin ?

Dire que Kiba était affaibli par les coups qu’il venait de prendre aurait certainement été un euphémisme, de même que dire qu’il avait mal l’aurait été tout autant. Il sentait d’ailleurs sa tête qui tournait légèrement : sans doute était-ce là l’effet secondaire d’un mauvais coup à la tête… du mauvais coup à la tête qu’il avait pris un peu plus tôt. Il avait finalement tenté de se redresser en s’accrochant à ce qu’il pouvait trouver au plus proche de lui, c'est-à-dire une colonne, mais malheureusement il ne parvint pas à se redresser à l’aide d’une simple colonne de pierre… Il avait alors poussé un profond soupir, cherchant autour de lui un endroit où s’agripper afin de se redresser et se soutenir… Cet imbécile ne l’avait pas manqué… Mais l’imbécile dans l’histoire, quel était-il ?

Kiba ferma les yeux pendant quelques secondes avant d’ouvrir à nouveau les yeux, posant à nouveau le regard sur Lins. Habituellement, il aurait fait comme avec n’importe qui d’autre : il aurait pesté contre ce garçon et aurait réclamé qu’on l’aide à se lever… et encore, c’était bien trop pour son amour propre… Tout ce qu’il pouvait faire, c’était attendre en observant autour de lui… Il savait que les personnes présentes dans le hall en cet instant avaient tout vu de la scène et, maintenant qu’il était incapable de se redresser de ses propres moyens, ses jambes lui faisant bien trop mal pour cela, il se sentait incroyablement mal…

Sa tête lui faisant une nouvelle fois bien trop mal pour qu’il puisse faire comme si de rien n’était, le jeune homme avait porté ses mains à ses tempes afin de les masser légèrement. Il remarqua alors une chose qui le tétanisa. Quelque chose de râpeux avait fait son apparition sur sa joue, une chose qu’il camouflait habituellement avec une grande aisance mais qui, aujourd’hui, avait refait surface, sans doute à cause de sa fatigue et de la douleur qui l’empêchait de réellement contrôler son don… Sa cicatrice avait apparu sur sa joue et, pour cela, Kiba finit par poser sa main à plat sur sa joue, jetant un regard paniqué autour de lui, comme si tout le monde avait pu le voir.

Le jeune homme ferma les yeux pendant quelques secondes, se concentrant pour canaliser son énergie afin de contrôler son don pour faire disparaître sa cicatrice, mais rien n’y faisait… elle restait ancrée sur sa joue… Il avait finalement réussi à s’autodétruire et, désormais, les larmes lui montaient aux yeux.

Kiba avait mal, très mal ; il savait pourtant qu’il avait mérité cette douleur et, pour cette raison, il n’avait pas renchéri, n’en désirant pas plus qu’il n’en avait reçu. Il avait moins de force à cause de ces coups reçus et, désormais, son pouvoir faiblissait également à cause de la douleur et de la fatigue : il ne parvenait plus à camoufler cette blessure qu’il avait si longtemps gardée à l’abri des regards. Il ne parvenait plus à se faire passer comme une personne parfaite et sans défaut ; il était totalement perdu dans ce qu’il voulait penser et ce qu’il savait de lui. Il était une ordure, il avait mal et avait pris pas mal de coup, désormais il en était conscient… mais ne l’était-il pas depuis toujours ?

En cet instant, sa pensée se dirigea vers Cadeyrn, ce poufsouffle qu’il avait si souvent pris pour victime et à qui il n’avait pas manqué de donner des coups mais qui, étrangement, n’avait jamais bronché. Il était triste de ce qu’il avait fait et, dans le fond, se demandait s’il avait réellement envie que le jeune homme commence à se comporter comme Lins envers lui… Avait-il réellement envie d’être détesté de tout le monde comme c’était le cas depuis des années ? Avait-il réellement envie de devenir comme ces autres Serpentards qui jamais ne l’accepteraient réellement car il était de sang mêlé ? Au final… avait-il fait les bons choix lorsqu’il était plus jeune ?

Le jeune Serpentard avait du mal à réfléchir. Sa tête lui faisait terriblement mal et, désormais, il ne pouvait que tenter en vain de camoufler cette cicatrice qu’il avait sur la joue. Lins l’avait menacé de le tuer quelques secondes plus tôt, ou du moins il avait sous entendu ce désir, mais il ne l’avait pas fait… La seule peur de Kiba en cet instant était donc bel et bien le regard des autres sur sa blessure ; Icho ne devait en aucun cas la remarquer maintenant.

Malheureusement, les plans du jeune sorcier furent une nouvelle fois contrariés par la venue de Lins qui s’approchait de lui. Lorsque celui-ci arriva à sa hauteur et arracha sa main de sa joue, Kiba ne put que le regarder avec un regard involontairement suppliant. Il espérait que le Serdaigle n’allait rien faire de mauvais désormais, pourtant il aurait souhaité une réaction de sa part s’il n’avait pas été meurtri en cet instant. Le jeune homme avait alors entendu les paroles de son camarade et, lorsque Lins quitta le hall, le nippon ne put que garder son regard fixe pendant quelques secondes. Quelqu’un l’avait vue désormais… Ce n’était absolument pas bon.

Il ne fallut que quelques instants au Serpentard pour fondre en larmes. Il n’avait plus réellement pleuré depuis des années, mais cette fois lui ferait le plus grand bien. Il savait que beaucoup de monde dans le hall avait pu voir la scène, davantage encore avaient plus voir la blessure sur sa joue. Désormais il ne pourrait plus faire comme il l’avait toujours fait… Cette cicatrice qu’il maintenait cachée depuis si longtemps venait de lui rappeler à quel point il était comme chacun des élèves de celle école, et même comme chaque homme sur terre : cruellement imparfait.

Quelques minutes plus tard, il réussit enfin à se lever, mais Lins était déjà parti depuis longtemps. Quand bien même il aurait encore été là, sans doute Kiba n’aurait-il pas osé lui adresser la parole une nouvelle fois. Il devait trouver quoi faire pour ne plus vivre une pareille situation, changer quelque chose, n’importe quoi, mais il était clair qu’il ne devait plus jamais ressentir cette douleur et encore moins laisser paraître sa cicatrice aux autres.

Le jeune Serpentard n’avait désormais plus d’autres choix que celui de quitter les lieux. Il projetait de se rendre à l’infirmerie, où il espérait trouver un peu d’aide pour ne pas avoir trop de douleurs à ses membres. Il savait qu’il avait mérité ce qu’il avait reçu… il aurait d’ailleurs préféré tenir sa langue en cet instant… Peut-être allait-il recommencer, même avec cette douleur ? Dans tous les cas, il savait qu’il allait rester calme pendant un bon moment désormais.