Cette journée est foireuse, c’est la première chose que je me suis dite au réveil sans savoir pourquoi, et en effet elle l’était, à peine habillé je me suis remémoré mon rêve, un rêve de Lou, le serpent qui me sert d’ex. Les jours raccourcissent, et le froid grandit, les mangemorts prennent de plus en plus de liberté, et ne manque pas une occasion de torturer un élève qui n’est pas un serpent. Je suis sûr qu’aujourd’hui, si je croise ne serait-ce qu’une seule de ces ordures tentant de torturer un élève, je me les fais, à la moldu ou à la baguette peut m’importe.
Rien que d’y penser j’eus une montée d’adrénaline. D’un geste rageur je sautais du lit, et je le fis. Les autres du dortoir me regardèrent d’un air inquiet, bon comédien que je suis, je leur offre un sourire rassurant, et je leur demandai comment fut leur nuit. S’ils voient le préfet péter un câble, ils risqueraient de s’inquiéter, déjà qu’ils prennent plein pot pour être de simple lions.
Je soupirai longuement, non aujourd’hui je ne pourrais pas aller en cours, je ne pense pas pouvoir contenir ma mauvaise humeur, je risque d’éclater à n’importe quel moment. Aujourd’hui, je ne pourrai pas tout refouler, ni me la jouer calme et gentil.

Je décidais donc d’aller dans un endroit que j’adore, la voilière, pour y souffler un peu, prendre l’air et penser à autre chose, j’en profiterai pour envoyer une lettre à mon oncle et ma tante. J’avoue que je suis tenté de transplaner loin d’ici, mais je ne peux pas laisser tomber les gryffondors, les plus jeunes comptent sur moi, il n’y a plus grand monde pour les protéger cette année…
J’esquivais le petit déjeuner, et j’errai sans but dans le château après avoir écrit ma lettre, une petite heure plus tard je me dirigeai enfin vers La Voilière.
Il y avait quelqu’un, je n’entrai pas tout de suite, je restais caché à côté de l’entrée, sans un bruit j’entrai dans la Voilière. C’était Aleksandra, je ne lui ai jamais vraiment parlé. Une pseudo rebelle qui se protège à l’aide d’un bouclier cynicosarcastique, enfin ce n’est que mon avis, c’est une fille, de 16 ans, elle veut se montrer forte malgré les temps durs, si elle était aussi mauvaise, je ne pense pas qu’elle serait ici, tout comme moi… Je l’observais sans rien dire, quand un frisson vint me glacer le dos me contraignant à entrer, j’ai un mauvais pressentiment…

Elle sorti une flasque, je me fis gentiment remarquer. « Aimerais-tu partager avec un de tes aînés ? » Demandai-je tout en me dirigeant vers Have ma chouette Grand-Duc, elle se posa devant moi à ma vue, j’attachais sereinement mon courrier à sa patte, je lui chuchotais deux trois mots et elle s’envola. « Deux Gryffondors dans une tour, au lieu d’être en cours, on pourrait penser que l’on… » Des bruits de pas me coupèrent, discrets mais bien présent, par réflex j’arrachai sans rien dire la flasque de mon « ami » lionne. Je lui chuchotais froidement sans la regarder, car je fixais l’entrée, qui servait également de sortie, de la Voilière. « Accuse-moi, c’est de ma faute. »

« Complote, en effet. Et je vous conseille de ne pas me mentir. » Une voix rocailleuse et désagréablement froide conclu ma phrase. Mon pressentiment était donc justifié… Serait-il mon défouloir ? J’avalai, cul-sec, une généreuse gorgée, sans broncher, du whisky contenu dans la flasque. Petite provocation. Je ne bois pas souvent d’alcool, mais je le supporte assez bien.
Il y a une autre chose que je supporte, c’est la pression et l’imprévu, j’adore improviser, et je suis assez bon manipulateur… J’espère qu’elle ne me contredira pas et me suivra sans broncher. « A chaque situation, son explication… Disons que mon charisme n’a plus autant d’effet sur les jolies jeunes demoiselles, je suis donc obligé de les alcooliser avant de tenter quoique ce so… » Une coupure nette et propre se dessina sur ma joue, diffindo n’est-ce pas. Je me retenais de sortir ma baguette. J’avais une main dans la poche, chatouillant ma baguette, que je sortirai s’il touchait à la lionne avec moi, je ne vais pas me salir pour une si petite coupure qui me donne un air plutôt sexy d'ailleurs. Non?

Alors qu'Aleks venait à peine de boire sa première gorgée, une voix qui lui semblait presque familière se fit entendre, lui demandant de partager. Elle n'apprécia pas le mot "aîné", qui ressemblait bien trop à un subtil moyen de pression. Jamais elle n'avait eu ce fameux "respect pour les aînés" qui semblait si répandu, si encré dans les moeurs. Elle ne considérait comme supérieurs que les gens qui avaient prouvé l'être, et l'âge était pour cela insignifiant. Elle leva les yeux, cherchant à savoir qui lui avait parlé. Ah, voilà pourquoi elle avait eu l'impression de connaître cette voix : c'était un préfet de Gryffondor, Ethan Blake. La jeune fille resta silencieuse, le regardant froidement. Il tentait de jouer les préfets-cool ou quoi ?! D'exaspération, elle leva les yeux au ciel

"Deux Gryffondors dans une tour, au lieu d’être en cours, on pourrait penser que l’on…"

À peine eut-il commencé sa phrase qu'Aleksandra porta à nouveau la flasque à ses lèvres, histoire de pouvoir supporter la suite du blabla. Pourquoi les gens prenaient-ils toujours la peine de faire des discours pour ne rien dire, elle se le demandait. Se disant que lorsqu'il serait occupé à boire, il ne parlerait plus, Aleks lui tendit la flasque, la secouant un peu histoire d'attirer son attention et de lui dire "allais, prend là avant que je ne change d'avis". Au même moment, on entendit des bruits de pas. La volière, si calme d'habitude, semblait attirer du monde se matin. Ethan arracha l'alcool de ses mains et la Gryffondor se leva, sortant sa baguette. Par les temps qui courraient, on n'était jamais trop prudents.

Accuse-moi, c’est de ma faute.

Alors là, c'était la meilleure ! Il la prenait pour qui, une Poufsouffle ?! Elle chuchotant, distinctement et sèchement

- Tu peux toujours rêver !

Un mangemort apparu sur le pas de la porte. Alors là, ça allait être drôle. Elle qui s'apprêtait à aller assister au cours le plus ennuyeux du monde, sa matinée s'annonçait bien plus distrayante que prévue.

Complote, en effet. Et je vous conseille de ne pas me mentir

Aleksandra partit d'un rire clair et franc, avant de rétorquer, à haute voix cette fois ci. Décidément, les mangemorts n'ont vraiment rien dans la tête, à croire que Voldemort fait passer un casting du plus débile avant de les embaucher !

- Mais oui, bien évidemment, nous complotons dans la volière au milieu de la journée, histoire d'être surs de se faire prendre ! Comme si il n'y avait pas des endroits plus propice au rassemblement des Gryffondors, attendez voir...la salle commune par exemple ? Nom d'une bouse de dragon, mais est-ce que parmi les partisants de vous-savez-qui il y en a un qui réfléchit une fois de temps en temps ?!


Evidemment, il a fallu que le préfet mette son petit grain de sel, après tout il n'était pas rouge et or pour rien.

A chaque situation, son explication… Disons que mon charisme n’a plus autant d’effet sur les jolies jeunes demoiselles, je suis donc obligé de les alcooliser avant de tenter quoique ce so…

Cette réflexion éveilla chez Aleksandra deux pulsions très éloignées l'une de l'autre. La première était de rire, car la réflexion était tout de même drôle, et la seconde lui donna une envie qu'elle retint très difficilement, celle de soit a) étrangler Ethan à mains nues ou b) le pétrifier avant de le donner à manger au monstre du lac.

Ces deux pulsions ravalée, il ne lui fut plus possible de retenir son énervement, qui sorti tout simplement par la parole

- Oh ça va hein toi, pas besoin de te la jouer sauveur ! Je ne suis pas une demoiselle sans défenses en détresse, si c'est ce que tu cherches, va chez les moldues ou, à la limite, les premières années ! Ce ne sera pas la première fois que je me ferais prendre, et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'y ai survécu !

Sa réflexion lui avait valu une coupure sur la joue, qu'il avait l'air d'après sa tête de trouver plutôt cool. Aleksandra secoua la tête. Merlin, que ces deux personnes étaient exaspérantes !

Oh une tête dure comme je l’imaginais, du genre à voir le mal partout, ce qui est dommage, je ne suis que franchise pure, elle me croit entrain de la prendre de haut, c’est faux mais ce n’est pas plus mal. Je pouvais sentir l’agacement dans sa voix, et bien, je suis doué pour agacer les gens, tu penses que je suis là pour te protéger, tu ne t’attends donc pas à ce que je te…
Je fis un demi-tour sur moi-même tout en sortant ma baguette pour désarmer Aleksandra, et je continuais à tourner pour faire un tour complet, face au mangemort je lui lançai un stupefix, mais je tombai aussitôt sur mes genoux, un second mangemort apparu dans l’ombre de celui que j’avais stupéfié. Je grinçais des dents, plié en deux à cause de la douleur. Endoloris. Ils ont la baguette facile sur ce sort ces derniers temps. Le second mangemort ranima son camarade puis tenait en joue Aleskandra. Le premier me força à me relever, je ne disais rien, un petit sourire victorieux sur mes lèvres se dessina, je me retournais vers Aleksandra, je mimais des mots sur lèvres, la contraignant à lire dessus. « J’ai gagné. » Accompagné d’un petit clin d’œil, pour cette fois-ci lui montrer qu’il ne faut pas s’arrêter aux apparences, et encore moins me sous-estimer. Oui je dois être le seul con à faire passer autant de chose à travers un simple clin d’oeil... On a tous besoin d’un peu de répit. Certains plus que d’autres… Se ressourcer pour se montrer encore plus insolent et fort, hein Aleksandra.

Quant à moi j’étais escorté par deux mangemorts qui m’emmenaient hors de la Voilière, en ricanant fièrement. « Aller venez Monsieur le Préfet, nous allons jouer à un jeu. Huhuhuhu…» Je le connaissais bien ce jeu. Un duel de sorcier dans la première salle vide venue, deux contre un qui finissait la plupart du temps en trois contre un, sûrement pour flatter leur égo, se défouler de temps en temps.