Ce n'était rien qu'une journée de plus, un livre, deux livres, quelques questions d'une étudiante bien curieuse, sur l'occulte, et des vieillards qui venaient s'enquerir de mes connaissances... Un gamin avec un cookie plein la tête qui regardait Kerrigan et tentait de lui tirer la queue, et rien de plus passionant. C'était assez... mortel en ce moment Pré au Lard. C'était long et ... douloureux les journées. Les gens craignaient un stupide mage noir, et ne sortaient plus vraiment de chez eux, les élèves de Poudlard étaient tous, completement deprimés... Et surtout, plus personne ne trouvait vraiment le temps de lire. Alors le Kerrigan était un peu plus tranquille... Heureusement que j'y étais seule, sinon je n'aurais jamais rien eu à faire.

Présentement, alors que tout le monde devait profiter de ce moment pour manger, moi, je faisais l'inventaire des livres du rayon littérature contemporaine. Alors H.G Wells, ouais par la, à coté de ... Bon c'était plus trés contemporain, mais selon l'entendement, restait contemporain tout ce qui avait été produit aprés 1815. Evitons de parler histoire, j'avais l'impression d'être un vieux prof, ce que je n'étais pas. Je baisais un peu les yeux et je soupirais. Je ne serais plus jamais prof. Hm, qu'importait. J'aimais ce que je faisais.

Un miaulement, et puis quelque chose de chaud contre le bas de mes jambes recouvertes d'un jean. Kerrigan. Le chat... Même nom que la boutique, n'en parlons pas. Je me penchais pour le prendre dans mes bras, et je posais l'ouvrage que je tenais en main, au passage. Dickinson attendrait. Les besoins d'un chat étaient les plus urgents. Vu son miaulement, il avait faim, et j'étais une mère bien indigne si je ne le nourrissais pas.

— Allez viens, on va s'occuper de ça. Leger sourire, je le grattais entre les deux oreilles, retournant vers le comptoir sur le quel je le posais, sortant sa gamelle que je remplissais de croquette... — Encore une journée bien calme Kerri.... Je crois que finalement je m'en plaignais un peu.

Il fallait bien avouer que je m'ennuyais. C'était la troisième clope que je me grillait en une demi heure et ça me blasait. Encore un soupir et je me faisais violence pour ne pas m'en sortir une quatrième. Pourquoi ne pas aller à Pré-au-Lard ? Mouais, seule c'était carrément chiant. Mais bon, mes collègues n'avaient pas tous des cours qui commençaient à minuit et c'était compréhensif. Alors moi, Kaia Svanhild, m'étais rendue seule à Pré-au-Lard.

Alors que je marchais dans les ruelles, une quatrième clope au bec, une enseigne attira mon regard. Une librairie apparemment, qui portait le joli nom de Kerrigan. Ouep, c'était plutôt accrocheur. Je jetai alors ma cigarette au sol en soufflant sa fumée et je l'écrasai négligemment, avant d'entrer dans la petite boutique. À peine la porte fût ouverte, que l'odeur des livres envahit mes naseaux. Cette odeur me rappelait toujours mon enfance dans ma famille. Enfin ma famille. Ça ne l'était pas vraiment puisque je … oui, bon, merde. On s'en fous.

Je souriais à la jolie demoiselle qui se trouvait derrière le comptoir et qui … nourrissait son chat ? Tiens en parlant de chat, j'avais laissé Patapouf dans la tour d'Astronomie. Temps pis, ça lui ferais les pieds à ce gros sac-à-puces. Je la saluai poliement. Un « bonjour », tout joli, tout doux, tout sucré …
Je crois que je devenais folle à force d'observer les étoiles. Elles sont jolies les étoiles, j'irais même faire du poney dessus ! Non mais franchement … prendre l'air me ferais le plus grand bien. Je … suppose … ?

J'attrapais alors un livre au hasard, et en lisait le résumé. Des morts, du sang … J'en attrapais un second. Des morts, des zombies … Que c'était gai. Alors je reposais les deux livres et m'approchais de la libraire :
« Bien le bonjour. Beau temps n'est-ce pas ? »
Ok, c'était nul à chier. Elle devait s'en tamponner l'oreille avec un babouche du temps qu'il faisait. Je mordillais mes lèvres et posa mes mains sur le comptoir, attendant tout de même une réponse.

Je gratouillais doucement entre les oreilles de Kerrigan, pendant qu'il mangeait avidement son bol de croquettes. Il aimait bien ça, et puis, de toute façon il pouvait bien manger sur le comptoir, pour le peu de gens qui passaient par la, c'est pas si il allait être choquant hein. Perdue dans les poils soyeux et noirs de Kerrigan je n'avais même pas entendu la petite clochette de la porte d'entrée. Ou alors elle ne marchait plus. Ah y'avait du laissé aller hein. C'est une voix qui me tira de mes pensées. Un simple bien le bonjour, beau temps n'est ce pas... ? Oui, bon... C'était banal comme entrée en matière, mais je n'étais pas la pour juger les clients. Lentement je relevais la tête, souriant à ma cliente, pas trés grande, brune, yeux ... indeterminés. L'air gentil, et peut être un peu plus vieille que moi. Je hochais la tête, lachant mon chat.

— Bonjour ! A vrai dire je le trouvais plutot maussade ce matin, mais je ne suis pas ressortie depuis. C'est ça Gabriel, passe pour une folle qui prefere rester avec ses livres plutot que de profiter du beau temps. Bah en meme temps on est en janvier, le soleil se reflete sur la neige, et il n'y'a pas grand chose de plus à voir non ? Moui bref, on est pas la pour paler du temps non ? Quoi que... Pourquoi pas hein ! Je souriais un peu plus. — Desolée je... Je poussais doucement les fesses de Kerrigan pour qu'il descende du comptoir et qu'il aille faire sa vie.

— Je peux vous renseigner pour quelque chose ? Vous cherchez un livre en particulier ? C'était un peu stupide comme question, mais en meme temps, c'était ce qu'on attendait de moi. J'étais libraire, on venait m'acheter des livres, pas s'enquerir de mes idées ou autre ! Non mais...

Je regardais le chat sur le comptoir avant que la libraire ne le repousse. Puis elle me demanda si je cherchais un livre en particulier. Hum … pas vraiment à vrai dire. Si je m'écoutais, je prendrais une énième encyclopédie sur les étoiles et leurs légendes …
Un joli sourire se dessina alors sur mes lèvres, tandis que me regard déviait de côté pour aller regarder une étagère pleine de livres. Peut-être que j'avais envie de changement. Et si je me faisais une folie ? J'encrais à nouveau mon regard dans celui de la jeune femme et m'éclaircit la voix :
« Et bien, à vrai dire … si vous avez quelque chose à proposer à une vieille mordue d'étoiles indécise … »

C'était une jolie description, « vieille mordue d'étoiles ». J'étais vieille. Bon, ok pas si vielle que ça, j'avais pas encore quarante ans. Mais j'en étais vraiment pas loin. D'ailleurs, à mesure que les années passaient, je voyais mon rêve de devenir maman s'estomper peu à peu. Les Svanhild étaient voués à disparaître. Ils avaient d'ailleurs disparus le jour où j'ai enterré Tom. Il ne fallait pas que je pense à ça, ou ma bonne humeur du jour allait s'enfuir à grand pas et je ne voulais pas. Je replaçais donc Tom et les mauvais souvenirs dans un petit coin de ma tête, avant de sourire de toutes mes dents à la jolie femme. Histoire de lancer une conversation, je désignais le chat d'un signe de tête :
« Vous aussi vous avez un chat à ce que je vois. Comment s'appelle-t-il ? »
Je passais peut-être pour une curieuse. Je l'étais peut-être après tout.

Parler du temps qu'il fait, et de ces choses la, c'était devenue tellement blasant hein. J'avais l'habitude de toute façon. C'était un peu ça d'être commercante aussi. Il fallait sourire aux clients, essayer de leur faire la conversation, être sympathique et essayer de les conseiller. Bref je lui demandais ce que je pouvais faire pour elle, et elle me demandait si j'avais quelque chose à conseiller à une mordue d'étoile. Une vielle mordue d'étoiles ? J'arquais un peu les sourcils. Mais je ne disais rien. Ce n'était pas ma place de lui dire qu'elle n'était pas si vieille que ça, qu'elle était même plutot belle et bien conservée quel que soit son age. Au lieu de ça, je la regardais vite fait et je reflechissais un peu au livre.

— Je vais voir ça. Je dois bien avoir un ou deux livres interessants pour vous.

Et alors que je passais de l'autre coté du comptoir pour regarder dans les rayons, elle commencait à me parler de mon chat. Ah Kerrigan, il était d'ailleurs en train de se frotter contre ses jambes. Je souriais à la vue.

— Il s'appelle Kerrigan, oui comme le magasin, je sais c'est pas trés original. Je suppose que vous en avez un aussi ?

Tiens dans ce rayon j'allais peut être trouver quelque chose. Bon voyons... Ah ben qu'est ce qu'ils aimaient les fana d'étoiles ? La mythologie non ? Bonne idée ! Allez viens la toi. Et toi aussi. Crac, je ressortais avec trois bouquins assez... gros sur les bras. Une étude des mythes en étoiles, et deux receuils de mythologie nordique et celtique.

— Alors je peux vous proposer ça. Sinon j'ai aussi plein de bouquins d'astronomie, mais vous devez les connaitre. C'est dans ce rayon.

Je lui designais en souriant. Me disant que c'était quand meme rare les gens qui venaient acheter des livres sans savoir ce qu'ils voulaient. Cela dit ça ne me derangeait pas, elle avait l'air vraiment interessante. Et ça ne me derangeait pas de passer du temps à la conseiller. Pas du tout.

J'observais la libraire. Tandis qu'elle cherchait un livre qui me plairait dans une des étagères, son joli chat se frottait à mes jambes. D'après ces dires, il s'appelait Kerrigan. Ouep, comme la boutique. Doucement, je m'accroupis près de lui et le gratouilla sous le menton.
Il ronronnait et si tous les chats étaient pareils que Patapouf, je suppose que ça voulait dire qu'il aimait. Je relevai de nouveau mes yeux bleus vers la libraire. Elle me tendait des livre de mythologie.
Je me redressai et les attrapai dans un sourire.
« Merci. »

J'avais omis de répondre à sa question. Qui n'en était peut-être pas une ? M'enfin bref. J'essayais de lui répondre d'un ton enjoué.
« Ouais, j'en ai un. Il s'appelle Patapouf. »
Ou le pire nom jamais donné à un chat. Je rougissais un peu, de gêne. Pour changer de sujet, je haussai les épaules.
« Je n'ai rien à lui envier, je m'appelle Kaia ! C'est bien plus joli, n'est-ce pas ? »

Je lui fis un clin d'œil, m'attendant à une réponse quelque peu sarcastique de sa part. Ou pas après tout. Je posai les livres sur le comptoir et remis une mèche qui jouait les rebelles à sa place.
« Et vous, quel est vôtre nom, jolie demoiselle ? »
Oups. Le « jolie demoiselle » était sûrement de trop …

En cas de doute conseiller la mythologie. C'était une bonne façon de penser je supposais, après tout qui n'aimait pas la mythologie ? Bah, peut être plein de monde, y compris ces gosses qui ne savaient pas discerner le beau du moche, et le vrai du faux. Les adolescents en sommes… Ou peut être les mangemorts ? Bah je m'en fichais… Pourquoi je pensais à tout ça ? Je pensais trop ? J'avais la tête dans les nuages ? Ou peut être que j'étais juste perturbée parce que c'était mon premier client de la journée et que c'était une jolie jeune femme. - pas si jeune, mais assurément jolie -

« De rien, celui ci je lui montrais le recueil de mythes scandinaves qui était en dessous de tout est un de mes livres preferés. J'espere que ça sera aussi une bonne lecture pour vous. » Et avec un petit sourire je les luis laissais entre les mains, repartant vers le comptoir.

Enfin d'un coup elle se retrouvait à me parler de Patapouf… ? Hein ? Ah , le lien, le lien avec ma question précédente qui était tombée dans l'oubli. Je souriais doucement.

« C'est mignon tout plein.» Et j'imaginais déjà un gros chat court sur pattes, qui avait du mal à gambader… Un patapouf quoi. Ça me faisait sourire, et je la regardais doucement alors qu'elle se présentait. Kaia. Voila qui était joli aussi. « J'admet. C'est un joli prénom. Ça vient d'où ? » Ah ! Vous voyez ! Je savais être civilisée. Et parler de choses et d'autres…. J'arrivais même a avoir une conversation.

Les livers sur le comptoir, je souriais toujours un peu, de mon éternel demi-sourire, quand elle me demanda mon prénom. Le jolie demoiselle me prit au dépourvu, et je rougissais tout plein, sur les joues, les oreilles… «  Gabriel. Juste Gabriel, à la masculine… Je sais pas trop pourquoi, mais j'aime bien, mieux que la version féminine, je… Je suis désolée je parle trop » Et hop, une libraire bredouillante !

Elle s'appelait « Gabriel », à la masculine. Je souriais, en hochant la tête. C'était joli Gabriel, et ça lui allait bien. Oui, son physique et son prénom s'accordaient parfaitement. Je la détaillai un peu plus : Ses cheveux noirs, lisses, accordés avec la couleur sombre de ses yeux. Et puis j'enviais son teint légèrement bronzé. C'est sûr qu'en étant d'origine nordique, j'allais jamais bronzer comme elle.
Suite à ma remarque, la jeune libraire avait rougit. Mon sourire s'agrandit d'autant plus. Oui, c'était mignon tout plein une libraire qui rougit.
« C'est joli. Et ça vous va à ravir. »

Classe et poli, je suppose que j'avais bien répondu. Et comme j'étais tête en l'air, j'avais oublié de lui dire l'origine de mon prénom. Ça devait faire bizarre, quelqu'un qui répondait aux questions dans le désordre.
« Kaia c'est … Norvégien. Je crois … et vous, ça viens d'où ? »
Et en plus je ne savais même pas. Puis bon, j'étais pas trop intéressée par l’étymologie de mon prénom. Je posa les livres sur le comptoir et caressa une fois encore Kerrigan.

Je n'avais pas envie de partir. Dehors, la neige et le soleil me faisait mal aux yeux et il faisait froid (quoi que plutôt bon pour la saison). Ici, j'étais en charmante compagnie, il faisait bon et ça sentait bon les livres !
Okay, prenez moi pour une folle si ça vous chante, toujours est-il que ce fût avec difficulté que je prononçai :
« Et combien je vous dois pour tout ça ? »
En désignant les livres avec mon menton. Puis je plantai mon regard dans le sien, sans omettre de sourire. Un sourire grandiose, comme je savais si bien les faire. J'allais finir par lui faire peur …

Gabriel à la masculine, c'était quoi cette façon de se présenter ? Franchement… Non ? Mais c'était bizarre. Et je bredouillais un peu. En même temps j'étais du genre plutôt timide tout ça, alors c'était pas si surprenant que ça quoi. Oui je sais, être timide quand on tenait un commerce c'était plutôt bizarre, mais bon j'étais comme ça. Ce qu'il fallait savoir c'est que j'étais une fille plutôt douce, et … Ouais on s'en fichait okay. Ainsi quand elle me dit que c'était joli et que ça m'allait bien, je rougissais en baissant un peu les yeux.

C'était mignon, elle répondait aux questions dans le désordre, mais elle y répondait quand même, moi je haussais un peu les épaules. « Je sais pas trop. Je l'aimais bien, je l'ai pris. » Ah… Oui, c'était pas mon véritable prénom. « Mon prénom de naissance était trop étranger et imprononçable. » A ces mots j'ajoutais un grand sourire un peu… niais. Mais tout a fait chou. Ouais comme moi. Tandis que je patouillais un peu mon chat qui s'installait sur le comptoir à coté des livres.

Hein quoi ? Une question ? Ah combien elle me devait… Bonne question ? Je regardais vaguement les livres en question. « C'est cadeau, comme ça, si ils ne vous plaisent pas, vous ne vous reprocherez pas un achat inutile. » Je me sentais un peu bête, mais je lui souriais, alors que je croisais ses yeux qui ne lâchaient pas les miens. C'était…. un peu gênant, mais c'était un peu surréel aussi. Enfin… Ce fut le miaulement de Kerrigan qui brisa le silence.

Hmm. Aherm. « Et puis si ils vous plaisent vous reviendrez en acheter d'autre ! » Ouais ! Je savais fidéliser la clientèle. Surtout quand la cliente était mignonne et que j'espérais la revoir…. Pouaaah.J'étais une vrai…. andouille.

Ah, Gabriel n'était pas son vrai prénom. Et pour reprendre ses mots, le sien était étranger et imprononçable. Mais j'étais quand même curieuse, et j'aurais bien aimé le savoir ! Et puis, Gabriel me faisais cadeau des livres. J'affichai un regard surpris, quoique reconnaissant surtout. C'est dans un demi sourire que je lui soufflait un petit « Merci », tout ce qu'il y a de plus banal. Comme si elle m'avait servit un verre d'eau. Oui, cette comparaison était totalement nulle à chier.
Je hochais la tête quand elle me disais de revenir en acheter d'autres. A cet instant précis, je me suis dis que j'allais devenir une grande lectrice et une cliente très présente de la librairie de la petite dame en face de moi.

Je riais à l'intérieur, puis je prenais les livres contre moi.
« Bon et bien encore merci donc ! Je repasserais. »
J'accordai une caresse à Kerrigan puis offrit un clin d'œil à la jolie jeune femme.
« C'est promis. »
J'ouvris la porte et un vent glacial me fouetta le visage, me rappelant à la réalité. Un grognement de mécontentement s'échappa de mes lèvres et je les cachais derrière mon écharpe grise. Je sortis donc, lui adressant un petit signe d'au revoir avec la main, puis je refermai la porte et m'éloigna du Kerrigan Bookstore avec une petite sensation de bien-être. J'étais de bonne humeur.
Tiens, quand je rentrerais, j'offrirais une caresse à Patapouf !