J’espérais qu’avec un peu de chance Junho ne souffre pas de trop d’effets secondaires maintenant que le filtre semblait faire un peu moins d’effets sur elle. J’aurais été réellement triste si elle était tombée malade à cause de cette boisson ratée, même si celle-ci nous avait permis de passer un moment l’un avec l’autre dans cette infirmerie, loin des regards des autres. J’étais effrayé à l’idée qu’il lui arrive malheur et, pour cette raison, je souhaitais réellement que Junho accepte de se coucher et de fermer les yeux pour un moment, se reposant avec moi s’il le fallait.

Je l’avais fait s’allonger sur le lit une fois que je lui avais dis je t’aime et lui avoir signalé qu’elle risquait d’avoir quelques effets néfastes sur sa santé maintenant qu’elle avait ingurgité cette potion ratée. Bien évidemment, j’espérais que ceux-ci seraient ténus, car la savoir malade m’effrayait encore plus que de l’être moi-même… Je m’étais donc assuré qu’elle soit au courant afin qu’elle ne panique pas sans raison et qu’elle ne s’inquiète pas de trop pour sa propre santé et son état. Elle savait désormais ce qu’elle risquait à avoir pris une potion mal préparée et dont elle ignorait les effets réels.

Les paroles que ma petite amie prononça une fois que j’étais installé à ses côtés dans le lit m’arrachèrent un faible sourire. Je n’allais pas faire de commentaire la concernant, car je pensais que, si elle avait des problèmes pour aller dormir, ceux qui nécessitaient qu’elle fasse attention à des choses, c’était en grande partie parce qu’elle avait pris la décision de garder cette image que ses parents lui avaient donnée… D’un autre côté, ce n’était pas de sa faute… Peut-être tenait-elle à son père qu’elle avait vu mourir, suffisamment pour avoir envie de faire durer cette apparence masculine qui lui avait été inculquée ? Je n’en savais rien, mais je préférais ne rien dire. Pour cette raison, je m’étais contenté de rire légèrement à ses paroles.

Je m’étais serré un peu plus contre elle, écoutant avec une attention incroyable le silence qui régnait dans la pièce avant qu’elle ne reprenne la parole. Je souris un peu à ses mots avant de lui répondre avec sincérité.

« Peut-être, mais moi j’ai mieux que de la chance. Je t’ai toi. »Dis-je avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres.

Je faisais des efforts pour diminuer mon rythme de travail, mais j’avais encore beaucoup de mal à y parvenir en cette période car les blessés étaient nombreux, mais je faisais d’énormes efforts. J’espérais que Junho le remarquerait et ne m’en voudrait pas de trop pour la fatigue que je ressentais en cet instant. La journée avait été agitée et, maintenant que l’obscurité tombait doucement sur les lieux, je me sentais légèrement somnolent. Peut-être était-ce parce que j’étais désormais rassuré de savoir que ma petite amie ne courrait aucun risque malgré le breuvage qu’elle avait ingurgité ? Je n’en savais pas grande chose, mais il était clair que j’étais grandement rassuré désormais et que j’éprouvais une certaine envie de dormir.

Alors que le sommeil me gagnait lentement, je m’étais approché de Junho pour la serrer dans mes bras au niveau de la taille, me blottissant contre elle afin de profiter un peu de sa chaleur. J’avais finalement fermé les yeux en un petit soupir avant de caller ma tête près de son cou en souriant un peu.

« Je t’aime. Bonne nuit. »

J’avais rapidement sombré dans le sommeil une fois que je m’étais allongé contre Junho. Je l’aimais tellement que je ne pensais à rien d’autre, lorsque j’étais contre elle dans le calme de l’infirmerie, qu’à ce que nous avions vécu ensemble et aux choses qui nous concernaient, nous et personne d’autres. J’étais peut-être anxieux, mais cela ne m’empêchait absolument pas d’être heureux comme je l’avais souvent souhaité. Les choses, depuis quelques temps, avaient tellement changés. Bien plus que je l’avais espéré. Désormais, j’étais allongé contre elle et je m’endormais paisiblement après avoir entendu sa réponse… Peut-être même sans, tellement j’étais épuisé d’avoir travaillé toute la journée pour le bien être des élèves de l’école.

Ma nuit, bien que je sois habitué aux cauchemars et aux autres choses désagréables du sommeil, se passa incroyablement bien. J’étais la, contre elle, lorsque j’ouvris les yeux, me réveillant avec quelques difficultés tant j’étais bien installé contre elle. Mes paupières étaient encore alourdies par le sommeil. Pour cette raison, lorsque j’ouvris les yeux, un petit sourire se dessina sur mon visage, car je découvrais le visage endormi de ma petite amie. Je n’aurais pas imaginé, quelques mois plus tôt, vivre une nouvelle chose. On dit parfois que, pour remplacer un amour perdu, il faut un amour encore plus fort... Je ne pouvais plus nier cette affirmation désormais.

Une fois pleinement réveillé, j’avais adressé un fin sourire à Junho, même si elle était endormie. J’étais légèrement attendri par cette vision car, quelque part, cela ne m’avait pas vraiment été donné jusqu’à aujourd’hui. Me réveiller aux cotés d’une personne que j’aimais était tellement agréable… je ne pouvais qu’en être encore plus heureux ! J’avais souri pendant quelques secondes avant de me redresser un peu, remettant à sa place une mèche des cheveux de Junho qui ne me semblait pas à sa place et, estimant qu’il était l’heure qu’elle se réveille, car il ne fallait pas oublier que l’infirmerie devrait ouvrir comme chaque jour, je déposai un léger baiser sur ses lèvres en souriant à nouveau.

« Allez, on se réveille là dedans. »Avais-je annoncé en riant un peu, espérant que cela suffirait à la réveiller.

Je l’agitai un peu en posant une main sur son ventre, histoire de la déranger un peu dans son sommeil, bien que non méchamment, afin qu’elle s’en extirpe en douceur. J’étais obligé de le faire, même si cela me fendait un peu le cœur, car il était clair que nous n’avions pas intérêt à être découverts ainsi… Nous ne pouvions normalement pas être en couple, alors il me semblait normal de protéger un minimum le secret de notre couple en la réveillant afin que l’infirmerie et le reste de nos activités puissent se dérouler normalement. Je n’aurais, au pire, qu’à expliquer qu’elle était arrivée après avoir bu une potion inconnue et que je craignais de la laisser retourner à son dortoir sans être sûr qu’aucun effet néfaste ne se déclarerait une fois qu’elle aurait regagné la salle commune des Pouffsouffles.

« Allez, tu vas rater le déjeuner si tu ne te lèves pas. » Avais-je repris en riant après quelques secondes.

La réveiller me faisait un peu de peine, car j’aurais réellement souhaité qu’elle continue à se reposer de ses nuits d’insomnies. Malheureusement, je n’avais pas eu le choix à cause de mon statut d’infirmier qui m’obligeait à être prêt à accueillir les élèves qui viendraient se présenter durant la journée. J’en étais bien triste, car je ne savais que trop bien à quel point je voulais la garder contre moi un peu plus longtemps, à quel point j’avais envie de l’embrasser et de l’étreindre chaque jour, chaque minute, chaque seconde… C’était compliqué, très compliqué, mais j’étais obligé, forcé de ne pas me comporter de manière contraire au règlement, cela dans le simple but de nous protéger, afin que nous puissions encore nous aimer dans le secret, sans avoir de problèmes avec l’administration de l’école. Je devais être fort et ne pas me laisser avoir par mes désirs et mes pensées, mais écouter ma raison et mon devoir qui m’ordonnaient d’ouvrir l’infirmerie et de réveiller Junho pour qu’elle ne se fasse pas prendre avec moi.

C’est donc avec une certaine tristesse que j’avais tenté d’éveiller Junho de la manière la plus douce qui soit. Cela s’était traduit par un baiser et un léger contact de ma main sur son ventre, qu’elle ressentit visiblement puisqu’elle retint ma main, prononçant quelques mots qui signifiaient clairement qu’elle ne souhaitait pas me voir y toucher. À ces paroles qui me firent sourire, je décidai d’obtempérer et je repris ma main près de moi pour éviter de la gêner plus que je ne l’avais déjà fait maintenant. J’avais un peu l’impression d’être le mauvais petit ami qui n’était pas capable de laisser sa petite amie tranquille, mais j’étais obligé de le faire, je ne pouvais pas la laisser dormir dans un endroit public alors qu’elle n’était pas censée avoir passé la nuit là, surtout pas en ma compagnie… C’était cruel, ce que l’administration nous forçait à faire… mais ils n’en étaient même pas au courant… J’espérais vivement que jamais ce ne serait le cas… jamais.

« Désolé. » Dis-je timidement pour m’excuser de l’avoir dérangée dans son repos.

Je l’avais alors regardée tandis qu’elle se redressait et tentait, visiblement, de faire disparaître quelques plis qui étaient apparus sur sa chemise qui avait très certainement été froissée dans son sommeil. Je lui adressai un sourire amusé, sachant pertinemment qu’elle ne parviendrait pas aussi facilement à déplier ce qui avait été fait durant la nuit sans un fer à repasser ou une quelconque chose de ce genre. Quand elle vint m’embrasser, je lui souris un peu plus, mais j’eus un léger pincement au cœur lorsqu’elle me dit qu’elle allait partir, pincement qui se renforça lorsqu’elle me dit espérer ne pas trop me manquer. Je ris un peu, amusé par ses paroles et, m’éloignant un peu d’elle, je la regardai dans les yeux en souriant.

« Disons que je vais essayer de vivre avec ? »Avais-je dit avant de l’embrasser à nouveau avec tendresse.

Quelques instants plus tard, je la suivais du regard alors qu’elle se rendait vers la porte d’entrée. Je savais qu’elle allait rejoindre ses camarades et assister à ses cours (du moins j’osais l’espérer, afin qu’elle ne se trompe plus dans la réalisation d’une potion), mais je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter de ce qui allait lui arriver. J’avais peur de ce que cachaient les couloirs, de ce que les mages noirs qui rodaient dans l’école ou dans ses alentours auraient pu lui faire… J’étais peureux et paranoïaque en ce qui la concernait, mais la faute n’était qu’à mon passé et à ses fantômes… J’en souffrais encore énormément, même si la plaie était apaisée par la présence de Junho à mes côtés… Jamais elle ne se refermerait totalement… Mais la guérison était bel et bien en marche.

Je ris un peu lorsqu’elle me demanda si je pouvais lui ouvrir. J’avais totalement oublié que, la veille, à cause de son philtre, j’avais préféré fermer à clé la porte de l’infirmerie, par mesure de sécurité ou par jalousie, je l’ignorais, mais elle n’avait donc pas le moyen de sortir en cet instant. Je m’étais donc redressé et approché d’elle, saisissant au passage la clé que j’avais placée en lieu sûr et, une fois à sa hauteur, je m’étais approché d’elle pour l’embrasser, approfondissant le baiser après quelques secondes. Lorsque je mis fin à celui-ci, je lui adressai un regard et un sourire avant de prononcer quelques mots.

« Je t’aime. Fais attention à toi. »

Je fis alors tourner la clé dans la serrure qui émit ce cliquetis caractéristique et, quelques secondes plus tard, la porte était ouverte pour qu’elle puisse rejoindre sa vie étudiante… Je poussai un petit soupir en la regardant, m’apprêtant à rejoindre mon propre travail, même si cela ne me faisait actuellement pas envie… J’avais tellement envie de passer du temps avec elle… Les choses étaient définitivement compliquées.