I'm not crazy { Jun&Elliott

Elliott était dans la bibliothèque. Par pour étudier bien sûr, ce n'était pas comme si il était un bon élève plongeant souvent son nez dans les bouquins. Il aimait lire, mais pas pour apprendre, pour voyager, pour s'évader, pour rêver d'un autre monde, où il pouvait être pirate, prince ou sorcier. Ah non ça il l'était déjà... Bref, aujourd'hui si il était dans la bibliothèque c'est parce qu'il était sur le point d'exploser. Il se sentait mal, il avait mal à la tête, comme si on lui serrait la tête dans un étau. Il s'était un peu prit la tête avec des serdaigles, ceux qui se prennent pour les coqueluches de Poudlard, ceux que tout le monde aiment parce qu'ils sont beaux, sportifs, et archi-cools. Mais lui il ne supportait pas les gens comme ça, les gens comme tout le monde, les gens tape à l'oeil. Et l'un d'eux était venu lui parler, il lui avait dit de ne pas rester dans son coin comme ça, qu'il devrait se faire des amis. Mais merde il ne lui avait rien demandé ! Il se fichait d'Elliott il faisait ça pour paraître gentil aux yeux des autres, pour être une âme charitable. Il haïssait cette hypocrisie. Il préférait encore les serpentards qui lui crachaient dessus, eux au moins ils étaient sincères. Il avait serré sa baguette dans sa poche, la gorge sèche. Il se voyait clairement lancer un avada kedavra à ce crétin de serdaigle, mais finalement, il avait reprit ses esprits et était partit se réfugier à la bibliothèque. Là-bas, il était certain de ne croiser aucun élève soit-disant "populaire". Personne ne l'embêterait ici. Il pouvait se calmer, lire et s'évader tranquillement. Il haletait un peu, il avait courut jusqu'ici. Il passait entre les rayons cherchant un livre intéressant à lire. Il retira un livre qui s'appelait "l'île aux trésors" et vit de l'autre côté de l'étagère, dans le trou laissé par le livre, une personne assise à sa table. Il savait qui elle était. Elle s'appelait Junho, et depuis la fois où ils s'étaient bousculé dans les couloirs, il ne cessait de penser à elle. Elle l'obsédait. Il l'observait souvent sans oser l'approcher. Il s'était renseigné sur elle, ce qui n'était pas un mince effort pour lui de demander aux autres. Il connaissait son nom, son prénom, et sa maison, et savait que tout le monde la prenait pour un garçon. Mais lui il avait tout de suite su. Il se figea et la regarda sans bouger à travers l'étagère.

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J’étais vraiment trop nulle partout, dans toutes les matières sauf la Magie Noire, ça me désespérais … C’était pour cette raison que j’étais allée m’asseoir à une table dans cet endroit que je n’appréciais pas particulièrement. Je n’avais pas tellement le choix de toute façon, il fallait bien que je fasse au moins semblant d’essayer d’étudier, juste pour ma conscience. En même temps, sécher la moitié des cours et dormir à ceux où j’étais présente, ça n’aidait pas. Habituellement je m’en fichais, tout ce que je voulais c’était être tranquille, ne rien faire tomber et ne blesser personne d’autre que moi, mais il y avait des moments où je m’en voulais quand même un peu.

D’ailleurs, en parlant de toutes ces maladresses que j’engendrais, j’avais bousculé un garçon un jour et depuis, j’avais remarqué qu’il me regardait parfois. Il m’en voulait ? J’aurais sûrement du aller m’excuser, ça serait ce qu’aurait fait quelqu’un d’autre, mais je n’avais pas osé. Je n’étais vraiment pas sûre que c’était pour cette raison, il n’avait pas l’air de me regarder méchamment. Alors quand je croisais son regard, je le fixais aussi. En fait ça me paraissait presque normal à force, même si je continuais à me poser des questions à son sujet. Je ne connaissais rien de lui, à part son prénom. J’avais demandé à quelqu’un par curiosité et on m’avait répondu qu’il s’appelait Elliott. N’ayant pas posé de question supplémentaire, je ne savais absolument rien de plus.
Bref, tout ça pour dire que je ne l’avais pas oublié. J’avais donc pris place à une table de la bibliothèque avec un livre de cours traitant de la divination. Mon choix s’était porté sur cette matière car c’était probablement celle sur laquelle je connaissais le moins de choses, n’y étant pas souvent allée. J’avais commencé à feuilleter le livre pour le lire en diagonale, tournant les pages une à une sans réellement les lire. C’est l’intention qui compte.

Au bout de quelques minutes, j’eu la drôle d’impression d’être observée. J’avais attendu un peu, espérant que cela finisse par disparaître, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Je relevais la tête et regardais autour de moi pour voir ce qu’il en était vraiment. Et bien en fait, mon regard se posa sur lui, derrière une étagère. Je le regardais sans rien dire, ne bougeant pas de ma chaise. Elliott, mais qui étais-tu à la fin ?

Elliott l’observait calmement, espérant que personne ne le surprendrait parce que les gens allaient flipper si ils voyaient un mec le regard fixe sans bouger d'un poil. Il essayait de se faire discret, heureusement la bibliothèque était pratiquement vide et peu de gens pouvaient le voir de leurs places. Tout à coup, Junho releva la tête et le coeur d'Elliott manqua un battement. Il ne pouvait pas détourner les yeux. Il la regardait, et elle le regardait aussi maintenant, leurs regards plongés l'un dans l'autre, c'était déstabilisant, il se sentait totalement désarmé, totalement nu face à elle. Il ne savait pas quoi faire. Elle l'avait clairement remarqué. Est-ce qu'il devait réagir ? Faire quelque chose ? Aller lui parler ? Non il ne pouvait pas faire ça. Il n'en serait jamais capable. Finalement il décida de partir, c'en était trop pour lui, il allait finir par péter un plomb à la fixer comme ça. Il se sentait trop vulnérable face à elle. Il reposa le livre qu'il tenait dans ses mains, cachant la vue vers Junho et fit demi-tour. Il commença à marcher rapidement vers la sortie, évitant péniblement de regarder en direction de la jeune asiatique. Et alors qu'il avait la main sur la poignée, prêt à quitter la salle il fit volte-face et alla s'asseoir à côté de Junho comme un zombie, les yeux exorbités. Il évitait de la regarder, craignant de croiser son regard et d'y perdre son âme à tout jamais. Mais là, il avait l'air con, assis à côté d'elle, à ne rien dire. Elle allait flipper, ou partir, ou... Bref, il devait faire quelque chose et vite. Il releva doucement les yeux vers elle et finit par dire sur un ton totalement neutre.

"Salut."

C'était très dur pour lui, il n'allait jamais vers les gens. Et là, il avait réussit. Il se sentait soulagé, enfin il avait réussit à parler à la fille qu'il admirait depuis des mois. Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour Elliott.

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Alors que je le regardais sans rien dire et que lui en faisait de même, Elliott reposa le livre qu’il avait prit au départ, mettant fin à cette courte entrevue. J’étais restée le regard bloqué sur le livre qui avait désormais reprit sa place initiale, me demandant si en fait, ce n’était pas un hasard si j’avais croisé son regard à ce moment-là. Si c’était le cas alors je le comprenais, moi aussi je serais partie si quelqu’un m’avait fixée ainsi sans raison. J’avais tourné un peu la tête pour le regarder marcher vers la sortie de la bibliothèque, et il avait l’air plutôt pressé. Ou gêné, c’était sûrement le terme le plus approprié à la situation. J’avais finalement rebaissé la tête vers le livre que j’avais moi-même entre les mains, un peu avant qu’Elliott n’atteigne la porte.
Je tournais les pages plus doucement que je ne le faisais normalement, un peu vidée de toute motivation. Au fond, j’avais espéré en savoir plus sur ce garçon, une bonne fois pour toute, mais ce n’était pas gagné. En plus, je ne faisais qu’attendre sans rien faire depuis je l’avais remarqué, ce n’était pas ça qui allait accélérer les choses.
C’était peut-être mon jour de chance. En effet, alors que je tournais une nouvelle page en la laissant tomber de l’autre côté du livre, je vis quelqu’un s’asseoir sur la chaise qui était placée juste à côté de moi. Je regardais d’abord du coin de l’œil sans bouger, par peur d’avoir l’air idiote à tourner clairement la tête vers un inconnu pour ensuite la tourner une nouvelle fois, comme si de rien n’était. C’était bien ce qu’il m’avait semblé, Elliott avait fait demi-tour avant de sortir et était venu là, à côté.
Je redirigeais mon regard vers mon livre, voyant qu’il ne disait rien. Il était juste assis près de moi … Ca aurait pu paraître effrayant, mais je n’avais pas bougé. Il pouvait rester là s’il le voulait, même s’il ne parlait pas et qu’il n’avait aucun livre dans les mains. En entendant le son de sa voix je tournai la tête vers lui cette fois et le regardais sans lâcher mon livre.

« Salut. »

Juste salut … Je ne pouvais pas juste répondre ça ! Après tout il avait déjà du faire des efforts pour venir jusque là, alors je pouvais bien faire un pas en avant moi aussi, sinon on en serait encore là dans trois ans.

« Moi c’est Junho. Mais tu peux juste m’appeler Jun si tu veux. »

Je souriais doucement sans lâcher du regard Elliott. Je savais son nom, mais je n’étais pas sensée le savoir, alors je partais sur le principe que lui ne connaissait pas le mien. Et puis même si je savais comment il s’appelait, je ne lui avouerais pas, ça non, je serais passée pour une fille bizarre. Ou un garçon bizarre.

Elliott était là devant elle, et il était complètement bloqué, il ne savait pas quoi dire, quoi faire. Il n'osait pas la regarder, ses yeux fuyaient le visage de la jeune fille mais y revenaient sans cesse. Finalement, ce fut elle qui prit la parole et qui le salua à son tour. C'est la première qu'elle s'adressait à lui. Sa voix sembla résonner dans le silence de la bibliothèque. Il pouvait entendre clairement chaque tonalité de sa voix. Il ne regrettait pas de lui avoir parlé. Et puis, elle ne l'avait pas jeté, elle ne lui avait pas dit d'aller voir ailleurs. Beaucoup de gens seraient capables de lui dire ça vue la réputation qu'il avait. Le psychopathe de serpentard. Peu de gens osaient l'approcher à vrai dire. Et on ne peut pas dire qu'ils avaient tord. Elle lui dit qu'elle s'appelait Junho et qu'il pouvait l'appeler Jun. Par réflexe il lâcha dans un souffle:

"Je sais."

Puis il se reprit, se rendant compte qu'il n'était pas censé savoir son prénom puisqu'il ne lui avait jamais parlé auparavant.

"Enfin je veux dire... Moi c'est Elliott."

Il tenta de faire un petit sourire, espérant que la petit pouffsouffle n'aurait pas remarqué qu'il avait dit je sais ou qu'elle n'aurait pas comprit pourquoi il disait ça. Il allait passer pour un gros stalker si il continuait comme ça. Décidément il n'était pas doué pour sociabiliser avec les autres, il ferait mieux de partir en courant tant qu'il était encore temps afin d'éviter le massacre imminent. Mais pourtant il n'avait pas envie de partir, il se sentait à sa place, là, sur cette chaise, en face de Junho, et à lui parler à elle et seulement à elle. Il était vraiment trop obsédé par elle. Ce n'était pas bon, pas bon du tout pour lui et ses sombres pensées... Cette histoire allait mal finir il fallait qu'il y mette un terme... Mais il n'y arrivait pas.

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Tout compte fait, j’avais été un peu rassurée par les paroles d’Elliott après que je lui avais dis mon nom. Beaucoup aurait pris peur et seraient parti sans jamais plus lui reparler mais moi ça ne me gênait pas tant que ça qu’il sache mon nom alors que l’on n’avait jamais parlé ensemble auparavant. Ce qui me préoccupais le plus c’était plutôt de savoir s’il savait plus de choses sur moi ou non. Est-ce qu’il savait que j’étais une femme ? Ce n’était pas un détail à négliger mais d’un côté je ne pouvais pas lui demander directement. Enfin techniquement j’aurais pu, mentalement non. Même si je ne l’avais pas mal pris, j’avais tout de même perdu mon sourire en l’entendant dire qu’il savait comment je m’appelais, j’étais un peu surprise. Ca aurait sûrement eu le même effet si ça avait été moi qui l’avais avoué accidentellement, je ne pouvais donc qu’ignorer et le regarder d’un air un peu surpris jusqu’à ce qu’il me dise son nom.
Je savais déjà qui il était mais c’était toujours mieux que ça soit la personne elle-même qui le dise. Mais au final, ça ne changeait pas grand-chose. Elliott souriait un peu, ça me faisait un peu bizarre à vrai dire … Je ne l’avais jamais vu ainsi, enfin du peu que je l’avais vu. On ne faisais que se croiser, aucun de nous deux ne s’était arrêté, pas une seule fois. Après l’avoir regardé quelques instants je dirigeais mon regard vers mon livre. La même question tournait dans ma tête … Il le savait ou pas ? Est-ce que j’étais un garçon pour lui ? J’avais beau y penser, je ne voyais pas d’autre moyen de savoir à part celui qui consistait à poser la question directement, tout simplement. Seulement le simple n’était pas toujours facile à faire. Oui, dit ainsi c’est un peu bizarre mais c’est la vérité.

« Tu voulais lire un livre tout à l’heure ? Je suis désolée si c’est moi qui t’en ais empêché. Enfin en te regardant. J’avais cru que … Hum … Oublie, je suis juste désolée. »

Finalement, j’avais décidé de lui parler, mais sans lever le nez des pages de mon livre de cours. Comme cela je n’avais pas à poser encore et toujours LA question en croisant son regard. Je préférais, même si je savais parfaitement que j’allais lever la tête vers lui dans quelques secondes. Peut-être que j’avais fuis l’espace d’un bref moment pour prendre un petit répit.