La lune brillait au-dessus du lac cette nuit-là, luisante comme jamais. Assise au bord de l’eau, Mary observait l’astre d’un air songeur, lançant des petits cailloux devant elle sans prêter attention à l’endroit où ils s’écrasaient. Elle avait eu l’envie soudaine de quitter l’école, de se rendre à un endroit où elle ne devrait pas supporter la présence de ses camarades.Cette nuit était de celle qui la mettaient mal à l’aise, car elle ne se sentait pas bien au dortoir, comme de trop. C’était un peu comme ci elle n’était pas l’une d’entre eux. Il lui arrivait encore de penser cela, même après avoir passé tant de temps dans ce château, même après avoir communiqué avec les autres élèves. Elle avait toujours placé une barrière entre eux et celle-ci n’était pas tombée malgré leur cohabitation : elle restait trop attachée à sa vie d’avant, aux amis qu’elle avait rencontrés, aux fantômes qu’elle sentait plus proches d’elle que les humains. Pour cette raison, Mary s’isolait : elle cherchait un spectre à qui parler ; elle errait dans les couloirs, légère comme un ombre, afin de se glisser aux toilettes des filles pour discuter un peu avec Mimi ; elle passait du temps seule à penser à des choses et à d’autres, comme c’était le cas en cet instant, tandis qu’elle observait la lune.

L’astre lui semblait étincelant et elle ne pouvait que l’admirer, car bien qu’elle soit incomplète, la lune lui semblait plus parfaite encore que le soleil. En cet instant, elle vint à se poser une question stupide : qui, sur cette planète, pouvait ne pas aimer cette perle luisante qui, ancrée à la voûte céleste, semblait veiller sur la terre en attendant le réveil du soleil ?

Mary sourit pour elle-même à cette idée. Certains de ses amis laissaient échapper la même lueur rassurante que la lune. Une lueur froide, glaciale même, qui n’avait pourtant jamais effrayé la métisse. Après un nouveau moment de contemplation, elle se redressa, s’assurant que sa jupe était bien mise. Alors son regard noisette se posa sur l’eau et un nouveau sourire s’afficha sur son visage. L’eau lui paraissait si attirante : elle possédait reflétait la lune et, mieux encore, la faisait danser comme un voile d’argent soulevé par le vent.

Sans même se soucier du temps, ni même du vent ou des choses qui auraient pu se trouver dans l’eau, la jeune femme ôta ses chaussures et s’approcha de la surface ondoyante pour y tremper les pieds. Un incroyable frisson la parcourut alors, le même que celui qu’elle ressentait lorsqu’elle touchait Anna ou un autre de ses amis. Cependant, elle ne recula pas, restant là pendant quelques secondes, les pieds dans l’eau, jusqu’à ce que la sensation mordante du froid ait partiellement disparu. Elle fit ensuite un pas de plus et, souriante, releva les yeux vers la lune, comme pour la remercier de lui accorder un moment de calme et de sérénité, loin de tous les autres élèves qui la dérangeaient parfois avec leurs comportements étranges…

Alors qu’elle trempait ses pieds dans l’eau glacée, la jeune métisse n’imaginait pas être dérangée. Elle profitait du contact de l’eau sur sa peau, souriant pour elle-même, ne se souciant de rien d’autre que de ce qu’elle ressentait. Elle était tellement concentrée sur l’eau que, lorsqu’elle entendit une voix derrière elle, elle sursauta légèrement. Sans pour autant quitter l’eau, la jeune fille se retourna, posant les yeux sur ce garçon qui l’avait interpelée et qu’elle pouvait moyennement distinguer dans l’obscurité qui l’entourait. Bien entendu, comme elle était polie, elle s’adressa à ce jeune homme d’une voix douce et amusée, afin de lui montrer qu’elle avait compris ce qu’il disait.

« Je le sais. »

Elle ne comptait pas rentrer, même en ayant conscience de ce fait. Mary était trop bien là, les pieds dans l’eau. Quelques instants plus tard, il ajouta quelques mots qui arrachèrent un nouveau sourire, toujours amusé et paisible à la fois, à la pouffsouffle qui, pendant quelques secondes, observa ses pieds avant de relever les yeux vers le gryffondor.

« Ca aussi, je le sais. » Dit-elle en regardant l’eau qui ondoyait devant elle.

Elle se retourna finalement, adressant un large sourire à son interlocuteur qui lui avait posé une question, et elle répondit à celle-ci sans attendre plus longtemps, toujours très détendue.

« Je suis Mary. Et vous ? »

Sortant de l’eau où elle se trouvait depuis quelques minutes, la jeune femme fit quelques pas vers son interlocuteur, marchant dans l’herbe à pieds-nus, sans même se questionner sur ce qui pouvait s’y trouver. Elle s’approcha de cet inconnu qui, grâce à la nuit et à l’atmosphère dans laquelle elle était plongée, ne l’effrayait pas autant qu’il aurait pu le faire habituellement. Elle lui désigna alors l’astre qui semblait flotter au dessus du lac et, souriante comme jamais, elle s’adressa à l’inconnu.

« Je voulais voir la lune. »Dit-il elle avant de se tourner à nouveau face à cette dernière, joignant ses mains à hauteur de son bassin. « Elle est magnifique, n’est-ce pas ? »

Inutile de dire qu’elle ignorait que son admiration pour ce satellite était tout à fait surdimensionnée. Depuis toujours, elle s’était émerveillée d’un rien, il en était malheureusement de même pour ses frayeurs. En un petit soupir, la jeune femme sourit, se perdant à nouveau dans la contemplation de la lune qu’elle trouvait si belle. Soudainement, une question lui vint à l’esprit et, interrogative, elle se tourna vers son interlocuteur.

« Que faites-vous dehors à une telle heure, vous aussi ? »