A flower in the twilight. • PV

A flower in the twilight.

L. HEATHER INDRIASSON & KATARINA KÜRSHNER
A flower in the twilight. • PV 653263Kather

« Bonsoir. Docteur, Indriasson. »

C’était son allure. Sa posture. Quand elle se tenait dans l’embrasure de la porte. Un peu chiffonnée par les années. Derrière ses rictus enflammés. Il fallait la voir, quand elle marchait. Nonchalamment. Un peu paumée. Comme si elle en ignorait sa destinée. C’était cette maladresse. Un pied devant l’autre. Un, deux, trois… tel le glas. Annonciateur des minutes perdues. Des secondes pendues. Elle restait là, cependant. Dans ses tissus bien trop échancrés. Petite poupée fissurée. Petite catin, sans lendemain. C’était le néant, lorsque l’on plongeait au creux de ses prunelles. L'imminence de la fin. L’ivresse de la chute. Elle était la folie de la tequila. L’amertume. La saveur âcre, au fond de la gorge. Le songe même, de la mort…

Au loin, elle entendait encore la secrétaire s’égosiller. La douleur était une vipère. Enlaçant le corps, comme un long manteau de velours. Elle haussa négligemment les épaules. Poussant enfin la porte derrière elle. « Je n’avais pas ‘rendez-vous’. » C’était cette façon. De l’insinuer aussi simplement. Comme s’il s’agissait d’une normalité. Comme si cela n’avait aucune importance. Mais rien ne l’importait réellement, de toute manière. Elle se fichait pas mal de la ronde. Bien plus encore que le monde.

Ainsi, elle prit place. Croisant vulgairement les jambes. Indécente. « Vous m’aviez manqué. » Sa langue suivit le cheminement de sa lèvre. Tandis qu’elle affichait un sourire enjôleur. Fière et féline. Prédatrice et destructrice. Ce qu’elle fichait là ? Encore une énigme. Une erreur de parcours sans doute. Pourtant, toutes les semaines, elle était ici. Présente à l’appel. « Croyez-vous que le sexe soit foncièrement mauvais, Docteur ? » demanda-t-elle, captivée par le coupe papier qu’elle triturait entre ses doigts.

Dehors, la nuit étendait ses bras gantés. Seule la lune y déposait encore son aura limpide et laiteuse. Dernière petite lueur d’espoir. Derrière… le noir.

A Flower in the Twilight

Soirée tranquille, je venais de voir le dernier client de la journée et allais rentrer chez moi. La journée avait été assez tranquille et assez peu de clients somme toute. J'avais eu le temps de me laisser aller à les écouter prenant tout le temps nécessaire sans avoir à les presser et je dois avouer que je préférais ça. je n'étais ni payée à la tête ni une personne venale. Oui j'avais besoin d'argent, mais quand on a été élevée dans une maison de passe jusqu'à ses quinze ans on sait que l'argent n'est pas ce qui fait tourner le monde. Et je ne ressentais pas le besoin qu'ont certains collègues de faire défiler le plus de clients pour remplir leur portefeuille et booster leur égo. Pour ma part je préfère suivre une thérapie entièrement. Et me dévouer corps et âme (a) a mon patient me parait préférable que les voir en coup de vent. Mais après chacun sa manière de voir le job, c'est juste la mienne.

« Bonsoir. Docteur, Indriasson. » je souris et me retourne je reconnait immédiatement cette voix si particulière. A écouter les gens on les reconnait sans mal quand on ne les voit pas. Et c'est une chose qui peut s'avérer très utile parfois, croyez moi. Je lui souriais sans pour autant lui répondre encore, et mon assistante qui était en train de crier à côté. Elle l'arrêta en fermant la porte. J'émis un petit rire amusé. « Je n’avais pas ‘rendez-vous’. » je posais une main sur mon bureau et lui désignant le divan l'invitait à y prendre place. « Je vois ça Katarina. » dis-je avant de me rasseoir dans mon fauteuil de velour et l'observer avec attention. Elle cherchait mon attention. Et elle l'avait. « Vous m’aviez manqué. » je souris doucement et passais une main dans mes cheveux. Je l'avais pourtant vu pas plus tard que l'avant-veille. Mais je n'irai pas chercher le pourquoi du comment. Elle était là. C'était qu'elle le voulait. A moins qu'elle ne cherche autre chose ?

« Croyez-vous que le sexe soit foncièrement mauvais, Docteur ? » je souris doucement et me redressais dans le siège. « Je ne pense pas non Katarina. Le sexe ne peut pas être foncièrement mauvais. Le sexe est ... » je réfléchissais doucement « Le sexe est quelque part le miroir de l'âme. » plantant mes yeux dans les siens j'attendais qu'elle trouve quelque chose à dire de plus.