J’avais donné rendez-vous à Junho aujourd’hui. D’ailleurs, je l’avais fait dans un endroit bien précis : la salle sur demande. Cet endroit, j’en avais souvent entendu parler par des élèves au détour d’un couloir. Néanmoins, je ne savais pas réellement comment on y accédait au départ… On m’avait conseillé d’être persuadé de ce que je voulais lorsque j’en chercherais l’entrée et,  pour cette raison, j’avais imaginé le lieu dans lequel je souhaitais inviter Junho en ce jour spécial. J’avais longtemps réfléchis à un endroit où nous aurions pu nous retrouver, rien que tous les deux et, grâce à son idée de venir ici, j’avais pu enfin trouver l’endroit idéal pour profiter un peu de sa présence.

J’étais donc arrivé assez tôt dans la salle sur demande et j’avais commencé préparer ce qui m’était resté en tête pendant un moment avec ce que j’avais reçu récemment de mes parents. J’avais également déposé un paquet sur l’une des chaises qui traînait dans la salle sur demande, comme je l’avais imaginée.

La pièce était grande et silencieuse, mais il y régnait actuellement une forte lumière qui était également incroyablement rassurante. La décoration y était simple, mais assez festive. Au milieu de la pièce trônait une table et plusieurs chaises. Tout semblait prêt pour un repas sans que j’aie eu à faire quoi que ça soit et, désormais, j’étais occupé à cuisiner dans mon coin dans l’attente de l’arrivée de Junho.

Je lui avais indiqué précisément ce qu’elle devait souhaiter lorsqu’elle rechercherait la salle, car si elle se trompait elle ne pourrait pas y entrer. Aussi, j’étais inquiet à l’idée qu’elle ait oublié notre rendez-vous, mais encore plus à l’idée qu’elle se trompe et nous fasse découvrir sans même l’avoir désiré. Je tentais donc de me calmer en cuisinant notre repas. Je n’avais jamais été un grand chef, mais j’avais toujours pris un grand plaisir à cuisiner lorsque j’étais chez moi, avec mes parents, encore plus après tout ce temps passé loin de la maison.  J’avais alors souris, continuant à faire cuire un plat qui, bien qu’il semble assez basique, était très fort en goût. Ce jour était spécial, je devais donc redoubler d’efforts pour rendre Junho heureuse aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’était le 30 avril. Vous ne comprenez pas ? D’accord, soyons plus clairs : aujourd’hui, c’était l’anniversaire de Junho. Cette simple idée avait suffi à embellir ma journée. J’observais en souriant le paquet qui se trouvait sur la chaise, non loin de moi. Il m’avait été envoyé part ma mère, accompagné d’un mot dans lequel elle disait que je devais l’offrir  à ma petite amie le jour de son anniversaire et ne pas y toucher avant, car elle souhaitait que ce cadeau soit une surprise pour nous deux. Je souris un peu, bien que l’idée d’être enfermé dans une pièce magique ne m’enchante pas plus que cela… Si c’était pour Junho et pour son bonheur, je m’y ferai avec plaisir. Je voulais tellement la rendre heureuse…

L’heure approchait à grand pas et, désormais, j’attendais qu’elle arrive avec une impatience d’enfant qui attend ses cadeaux, la veille de Noël. Je ne cessais de réfléchir et d’espérer qu’elle ne serait pas déçue par ce que je lui préparais, car il s’agissait après tout de spécialités japonaises, dont mes parents m’avaient envoyés les ingrédients principaux, lorsqu’ils n’étaient pas périssables pour éviter des problèmes durant le voyage. Bien évidemment, ils avaient légèrement fouillés certains paquets… ils pensaient sans doute que c’étaient des ingrédients de potions ? Je n’en savais rien, mais le simple fait de voir mon nom sur le paquet aurait du les rassurer. Je n’aimais toujours pas la magie.

Être aux côtés de Junho en cet instant était un réel plaisir pour moi… J’ignorais pour quelles raisons nous nous étions rencontrés, si c’était le fruit du hasard ou d’une autre force non identifiée, mais j’étais réellement heureux, voire même totalement comblé, depuis que j’avais fait sa connaissance. J’avais appris à la connaître, elle en avait fait de même avec moi et, maintenant, même si nous n’étions pas plus vieux, même si les choses n’avaient pas réellement changé, nous étions plus proches que jamais nous ne l’avions été. En cette journée où elle fêtait une année de plus, je me sentais réellement heureux de la connaître et d’accomplir un bout de chemin avec elle, main dans la main, même si c’était à l’abri des regards que nous devions nous retrouver...

C’était pour elle que, aujourd’hui, j’avais décidé de cuisiner un repas qui, bien qu’il ne soit pas digne des plus grands chefs, serait le fruit de mon travail appliqué, simplement parce que j’avais envie de lui faire plaisir et de lui offrir, pour son anniversaire, une fête digne de ce nom, même si nous n’étions que tous les deux, reclus dans l’intimité que la salle sur demande nous offrait en cette soirée. Il faisait calme autour de moi, notamment parce que j’étais totalement seul et, à part le plat que j’étais en train de préparer et qui frémissait légèrement au cours de sa préparation, rien ne se laissait entendre… c’était légèrement angoissant pour moi. Dans ce genre de moments, j’étais toujours gagné par ce sentiment de peur, hérité de mon passé douloureux… Junho l’avait déjà vu, l’autre jour, aux trois balais et, désormais, j’étais à nouveau victime de cette peur, même si elle était à mes côtés et que je savais que je n’avais aucune crainte à avoir à ce niveau… Tant que je n’aurais pas renoué avec la magie, j’aurais toujours cette crainte oppressante de voir quelqu’un entrer et… non, je ne devais pas y penser…

Je continuais donc mon œuvre, me concentrant pour ne pas rater la recette que ma mère m’avait communiquée, bien que celle-ci soit déjà assez difficile à réaliser avec les outils du bord, Une chance que la salle sur demande se modifie à volonté et fournisse ce dont on avait besoin, j’avais facilement pu trouver les ustensiles nécessaires pour cuisiner, même si j’avais eu quelques craintes à ce niveau au début. Je ne faisais pas assez confiance à la magie que pour laisser à celle-ci le plein pouvoir sur ce que j’allais pouvoir préparer pour Junho aujourd’hui. Pour cette raison, j’y avais apporté quelques choses de mon côté. J’avais demandé à ma mère de lui acheter un pendentif de ma part, chose qu’elle avait faite sans se faire prier et, lorsque j’avais reçu le pendentif en quelques, quelques jours plus tôt, j’étais réellement heureux de son choix. C’était une fleur de lotus. Elle était faite d’argent et de nacre, et elle possédait de magnifiques reflets rosés. Le pendentif était lui-même passé sur une chaîne d’argent, elle aussi. Je n’avais pas eu l’occasion de l’acheter moi-même à cause de mon travail, et j’avais donc remis cette tâche à mes parents, profitant de l’argent dont je disposais là-bas, au Japon. C’était d’ailleurs le même jour que j’avais avais reçu le paquet surprise que je ne devais pas ouvrir avant Junho.

J’étais réellement impatient de la voir arriver. Mon amour pour elle dépassait tout ce que j’avais pu ressentir au cours de ma vie. La simple idée de savoir qu’elle allait bientôt me rejoindre me remplissait d’un enthousiasme sans bornes et, pour cette raison, je tentais de me calmer pour ne pas lui sauter au cou comme un enfant lorsqu’elle arriverait enfin. J’avais peur qu’elle soit en retard, peur qu’elle ait un empêchement et, pire encore, pire qu’elle trouve mieux à faire que venir me rejoindre pour célébrer son anniversaire. J’ignorais si elle avait compris les raisons pour lesquelles je l’avais invitée ici en cette soirée, mais j’osais espérer qu’elle serait heureuse quand elle verrait les efforts que je faisais pour lui faire plaisir. Certes, ce n’était pas grand-chose comparé à ce que certaines personnes auraient pu faire, mais c’était déjà beaucoup pour moi, le garçon qui avait pendant si longtemps perdu goût à la vie… Celui qui avait tenté de se la retirer avant que son heure soit venue.

Pour l’occasion, je m’étais bien vêtu. J’avais abandonné ma veste d’infirmier pour une tenue de belles occasions. Je m’étais changé une fois arrivé sur place, car je savais que Junho n’était pas prête d’arriver et que personne ne pourrait entrer et me voir, car je ne pouvais simplement pas arriver ici aussi bien habillé sans éveiller les soupçons. Pour cette raison, mes affaires étaient bien rangées dans un coin de la salle tandis que j’avais revêtu mon costume anthracite préféré. Je n’avais plus du le porter depuis longtemps, mais j’eus la chance de constater qu’il m’allait toujours, bien mieux qu’à l’époque où je l’avais mis la dernière fois d’ailleurs, sans doute étais-je encore jeune pour le porter à ce moment là ? Je n’en savais rien mais, dans tous les cas, il m’allait à merveille maintenant que le temps avait passé. Je tentais donc de cuisiner sans tâcher ces habits qui avaient sans doute du coûter une fortune à l’achat ; c’était un cadeau de mes parents, lorsque j’étais encore à la maison, quand j’étais plus jeune… c’était étrange de me dire que, pendant tout ce temps, je n’avais plus pensé à eux alors que, sans cesse, je les avais emporté avec moi…

Plus le temps passait, plus j’angoissais à l’idée qu’elle ait oublié ce que je lui avais dit, ou même simplement à l’idée que l’une de mes précédentes hypothèse se confirme. J’avais peur, comme un enfant qui craint de ne pas recevoir de cadeau le jour de Noël, comme un homme pressé qui a peur de rater son train… J’avais simplement peur de ne pas voir Junho arriver et de voir que j’avais espéré pour rien… Je savais que cette peur ne se calmerait pas tant que nous ne pourrions pas vivre notre amour au grand jour, sous le regard des autres plutôt que dans leurs dos, mais je ne pouvais pas faire autrement que d’y penser…Je repris donc ma cuisine en essayant de détourner mon attention de ces idées saugrenues et désagréables qui l’habitaient depuis quelques temps désormais. Je ne voulais pas m’imaginer sans elle à nouveau… Je ne voulais pas retourner dans cet état horrible que j’avais quelques temps après notre rencontre, au moment où j’avais tenté le pire… Si elle n’avait pas été là, qu’aurais-je fait ? Je n’aurais simplement pas été là pour vivre cette journée...

Lorsqu’un bruit se fit entendre à la porte d’entrée, je tournai la tête dans sa direction, reposant ce que j’étais en train de préparer pour voir Junho arriver, lui adressant un large sourire tandis que je m’approchais d’elle après m’être assuré que rien ne risquait de brûler. Mon regard croisa le sien, et ce simple fait suffit à me faire sourire de plus belle. Je m’approchai encore un peu d’elle pour la prendre dans mes bras, lui présentant ensuite la salle d’une voix amusée en lui adressant la parole.

« Bon anniversaire, Junho ! » Avais-je lancé, amusé, tandis que je la prenais par la main pour la tirer près de la table dressée. « Tu vas bien, demandais-je ensuite. Tu as passé une bonne journée ? »

J’avais un peu l’impression d’avoir passé une éternité loin d’elle. Désormais, je la retrouvais après des mois passés sans sa présence… Cependant, la réalité était totalement différente : je l’avais vue quelques jours plus tôt… Nous ne pouvions simplement pas communiquer de la même manière dans l’intimité qu’en public… Cela aurait pu compromettre nos places dans l’école, elle en tant qu’élève, moi en tant qu’infirmier… ce n’était clairement pas souhaitable, car je n’aurais pas pu l’aider si cela était arrivé… Je n’en avais malheureusement pas le droit.

J’étais réellement inquiet au moment où j’avais rejoins la salle sur demande, quelques heures plus tôt. Mais désormais, je n’avais plus la même crainte de ne pas la voir arriver, que celle que j’avais eue durant son absence… J’avais eu peur qu’elle ait mieux à faire, mais cela était normal… C’est donc avec le plus grand des soulagements que j’avais accueillis l’arrivée de ma petite amie, Je l’avais prise par la main et menée vers le centre de la pièce, à l’endroit où se trouvait la table, pour lui permettre de s’installer si elle le souhaitait. Je lui adressai un franc sourire lorsqu’elle me posa une question à laquelle je m’attendais, car elle ne m’avait jamais révélé la date de son anniversaire ; j’avais du faire ma petite enquête moi-même, et jeter un œil dans son dossier, même si je n’aurais normalement pas du le faire. En tant que membre du corps professoral, j’avais la chance de pouvoir vérifier les dossiers quand je le voulais… J’avais donc simplement voulu trouver cette date pour ne pas manquer une occasion aussi importante.

«J’ai triché, j’ai regardé dans ton dossier. »Avais-je dit, un peu gêné, en réponse à sa question
.
Je lui avais ensuite adressé un nouveau sourire, franc et typique de ma personne, avant de l’entendre me poser une nouvelle question. Elle aussi, on aurait pu croire qu’elle ne m’avait plus vu depuis des siècles. Cela ne me dérangeait pas, cette envie de savoir comment allait l’autre. Certains diraient d’ailleurs que c’était là la preuve de notre amour, mais jamais je n’aurais pu vérifier ces faits. En tout cas, c’était là une question de la part de ma petite amie et, en tant que prétendant au titre de bon petit ami, je me devais d’y répondre promptement. Je lui avais donc adressé un nouveau sourire, plus faible que le précédent, mais non moins franc, avant d’élever la voix pour lui répondre.

« Je vais bien mais, tu sais, ça m’a fait plaisir de préparer tout ça. J’espère au moins que ça te plait, même un peu. »Avais-je dit, cachant à merveille mon inquiétude concernant la dernière partie de ma phrase.

Pour moi, l’anniversaire était un jour important. Certes, certaines personnes considéraient cela négativement, comme une année de moins avant la mort, comme un an de plus passé dans un monde de barbare… Pour moi, c’était totalement différent. J’ignorais comment expliquer le sentiment que j’avais lorsqu’une personne de mon entourage fêtait une année de plus, mais cela n’avait strictement rien à voir avec l’image sombre et triste que ces autres personnes donnaient au jour de leur naissance. J’étais donc ravi de fêter l’anniversaire de Junho en sa compagnie, loin du monde, même si nous en restions si proche. En effet, rien ne nous séparait du monde extérieur à part de simples portes, des portes que personne ne pourrait franchir tant que nous serions réfugiés derrière elles. Cette seule idée suffit à me donner le sourire, un sourire plus heureux encore que tous ceux que j’avais pu afficher jusque là.

Je m’étais contenté d’observer Junho pendant quelques secondes après avoir répondu, attendant simplement qu’elle reprenne la parole. Plus je l’observais, plus je me répétais qu’elle était ravissante. Elle avait beau ne pas correspondre à l’idéal nippon, elle était bien plus belle que certaines de ces femmes Yamato Nadeshiko que l’on pouvait rencontrer dans certaines familles. Je me perdais dans mes pensées tandis que mon regard restait posé sur elle, et je souriais encore, comme d’habitude. Je la regardai finalement se diriger vers l’endroit où était installée la cuisine. Je souris un peu plus en la voyant faire, me disant qu’elle était bien curieuse, mais cela ne me dérangeait absolument pas. Malgré tout, une surprise était une surprise et, pour cette raison, je lui fis signe négativement lorsqu’elle se retourna vers moi, cherchant sans doute à avoir mon avis sur ce qu’elle faisait. Elle ne pouvait pas voir ce que je cuisinais avant son arrivée ; elle ne le pourrait qu’une fois le plat dans son assiette, au moment où nous allions manger.

Elle fit alors un pas de plus vers le coin cuisine, mon regard restant posé sur elle comme s’il était incapable de voyager ailleurs et, lorsqu’elle me posa une question, claire et nette, je souris à nouveau. J’aurais pu m’attendre à celle-ci aussi, mais je ne l’avais pas fait. Allez savoir pourquoi. Je m’étais donc contenté de sourire un peu, fermant ensuite les yeux pour réfléchir : lui dire ? Ne pas lui dire ? Lui demander de deviner aurait sans doute été sadique ; je n’avais pas de dossier réel à l’école, alors elle n’aurait pas pu le consulter, même en étant sang-pur. Je m’étais donc contenté de lui répondre la vérité, sans chercher à lui donner un défi, car cela aurait été assez mesquin de ma part, surtout que j’avais envie de lui faire plaisir et non pas de la frustrer actuellement. Pour cette raison, je répondis simplement à sa question.

« Le 22 Novembre. Je fêterai mes 25 ans cette année. » Avais-je répondu en soupirant un peu.

Penser que j’étais si âgé comparé à elle me faisait bizarre, une fois de plus. Je n’arrivais pas à me faire à cette idée, pourtant j’y étais contraint par la force des choses. Je devais penser à elle et à son bonheur, non pas à cette impression stupide d’agir mal en voulait faire son bien… Je ne devais pas perdre de vue les sentiments que j’avais pour elle, même si les choses étaient compliquées à cause de cette différence d’âge qui, je le savais, ne changerait pas, quoi que l’on fasse, même avec une potion de vieillissement.

Voyant qu’elle continuait d’avancer, je m’étais redressé afin de prendre sa main, souriant un peu au moment où je la prenais contre moi pour l’empêcher d’avancer plus longtemps et lui faire faire demi-tour.

« Allez, c’est pas de ce côté-là que ça se passe.  »Avais-je lancé en riant tandis que je l’emmenais s’asseoir sur une chaise. « Ne bouge pas. »

J’étais ensuite allé chercher, sur l’autre chaise, le paquet enrubanné que ma mère m’avait envoyé, mais également la petite boite emballée de papier bordeaux et décorée d’un petit ruban rouge. Le premier paquet était le cadeau surprise, le deuxième contenait le pendentif que j’avais fait acheter par ma mère. Je m’approchai finalement de Junho, lui tendant les présents, l’un après l’autre, en un large sourire tout en m’adressant à elle.

« Ca c’est de la part de mes parents. Ca, c’est de la mienne. Me demande pas ce que c’est, je n’en sais rien. »Avais-je dit, pointant à la fin le paquet dont j’avais dit qu’il venait de mes parents.

Comment aurais-je pu être au courant de l’anniversaire de Junho, si celle-ci ne me l’avait pas communiqué, autrement que grâce à son dossier ? La liste des moyens pouvait, quand j’y repensais, être relativement longue. J’aurais pu, comme certains le faisaient, questionner son entourage, ses amis, sa famille. Seulement, Junho semblait ne plus posséder de famille et, pour ce qui était des amis, je me voyais assez mal leur poser ce genre de question, sans raison, alors que mon âge dépassait le sien de plusieurs années. Je lui avais souris après cet aveu, me sentant stupide, mais satisfait de voir qu’elle était heureuse que je lui ai souhaité un bon anniversaire. Elle avait semblé heureuse, également, lorsque je lui avais signalé que j’étais né le 22 novembre. Je n’étais pas du genre discret sur ma date de naissance : n’importe qui aurait pu l’apprendre en me le demandant simplement. J’étais, au contraire, heureux de donner cette information, car les anniversaires étaient très importants à mes yeux.

Lorsque j’entendis ses quelques paroles, après mon petit soupir, je ne pus m’empêcher de sourire. Il était vrai qu’il y avait toujours eu une différence de majorité entre le japon et l’Europe. Pour cette raison, je n’avais pas forcément réfléchis à cela et, dans ma tête, Junho n’était pas encore majeure. C’était sans doute en grande partie parce que, pendant longtemps, j’avais travaillé dans le monde moldu. Désormais, cependant, je travaillais à Poudlard et, dans le monde sorcier, les gens étaient majeurs à 17 ans… à l’âge de Junho. La seule chose qui nous séparait réellement, en cet instant, c’était donc cette barrière placée entre les membres du personnel de l’école et leurs élèves ? Un nouveau soupir s’échappa d’entre mes lèvres à cette pensée mais, à ce même moment, un sourire s’étira sur mon visage.

« Tu as raison. » Avais-je dit, tout sourire.

Quelques minutes plus tard, je l’empêchai d’aller près de la cuisine pour voir ce que j’y avais préparé. C’était interdit et, franchement, j’aurais été blessé qu’elle ne respecte pas cette interdiction. Pour faire oublier ce petit désagrément imposé, j’avais souri et je l’avais emmenée sur une chaise pour, ensuite, lui offrir les cadeaux qui avaient été spécialement préparés pour elle. Je me demandais lequel elle ouvrirait en premier et, comme j’aurais pu m’y attendre de la part de n’importe qui, elle ouvrit le cadeau qui n’était pas celui de la personne présente. Je souris alors, la regardant défaire le papier avec un soin qui fit s’agrandir ce sourire que j’avais déjà et je la regardai attentivement, cherchant à savoir ce que contenait le paquet.

J’eus la réponse à ma question, quelques secondes plus tard, lorsqu’elle me posa une question qui, l’espace d’un instant, éveilla ma curiosité. Je fermai les yeux, souriant, un peu gêné par le cadeau que lui avaient fait mes parents, inconscient du fait que Junho ne s’habillait pas comme une femme habituellement. J’avais réfléchis à la chose, car il était clair que la voir habillé d’une manière un peu plus féminine m’aurait intéressé, car je n’aurais jamais imaginé voir ça un jour, mais elle me posait actuellement une colle… J’avais peur qu’elle ne se sente pas bien dans cette tenue. Je regardai donc la robe qu’elle avait dépliée devant elle, admirant d’ailleurs la manière dont celle-ci était faite. Elle était réellement élégante et, intérieurement, j’imaginais vraiment bien Junho dans cette tenue.

« Seulement si tu en as envie. » Avais-je répondu en un sourire.

J’avais peur que ce cadeau ne lui plaise pas.... Ce n’était, après tout, pas du tout son style de vêtements… Je fermai donc les yeux après quelques secondes, m’insultant intérieurement, me traitant d’homme stupide avant de, quelques secondes plus tard, lui sourire et me redresser.

« Je vais aller voir si la marinade a assez posé.» Dis-je simplement en me levant, espérant qu’elle prenne bien ça comme une invitation à se changer tranquillement, sans craindre mon regard.

J’avais donc pris la décision de m’éclipser pour ne pas la gêner, rejoignant le coin cuisine où je vérifiai, comme je l’avais dit, si la marinade de mon plat avait bel et bien pris. Je souris un peu tandis que je la remuai un peu pour qu’elle soit parfaitement mélangée et, quelques secondes plus tard, je préparais les morceaux de viande qui devraient y tremper lorsque celle-ci serait parfaitement reposée. J’étais réellement appliqué dans ma tâche car, dans le fond, je voulais que cela soit parfait, que cela lui fasse plaisir et que, bien plus encore que le reste, qu’elle en soit heureuse… J’avais réellement envie qu’elle garde un magnifique souvenir de cette soirée et qu’elle puisse se le rappeler lorsqu’elle en aurait l’envie…

Tout, dans ce que je faisais, était réalisé pour faire plaisir à Junho et, plus encore, lui plaire, tout simplement. Je l’aimais, je voulais qu’elle soit heureuse, faire son bonheur et, au final, mériter son amour. Je ne voyais pas les choses autrement que comme cela… Je l’aimais réellement, bien plus que tout ce qu’elle aurait pu croire, bien plus que toutes les autres personnes que j’avais pu aimer auparavant… Ainsi allaient les choses, pas autrement… Je continuai donc à sourire, m’appliquant dans ma préparation pour que celle-ci lui plaise et soit réussie. J’osais à peine imaginer ce à quoi elle devait ressembler dans cette robe que mes parents lui avaient offerte… Non seulement parce que je ne l’avais jamais vue moins vêtue qu’elle l’était habituellement, à part lors de notre petit accident à l’infirmerie, mais surtout parce que je l’imaginais réellement belle dans ce genre de vêtements…

Je ne pouvais m’empêcher de penser à la différence d’âge qui existait entre Junho et moi mais, grâce à son explication sur sa récente majorité, j’avais pu m’en détourner quelques secondes pour profiter un peu plus de la soirée que j’allais passer avec Junho ici. Si je voulais passer une bonne soirée en sa compagnie, je me devais d’oublier à quel point l’écart qui nous séparait était grand. Je devais penser à elle et non pas à mon propre bonheur, même si ma conscience ne cessait de me rappeler que notre âge jouait énormément sur l’image que la société pouvait avoir de nous… Je l’aimais, c’était tout ce qui comptait, le reste, je devais l’oublier pour ce soir.

J’avais alors décidé de lui offrir ses cadeaux et, à ma plus grande surprise, je l’avais vue sortir une robe grise du paquet que lui avaient envoyé mes parents. Je m’étais senti légèrement mal à l’aise car, quelque part, j’avais peur que cela soit un cadeau qu’elle ne porterait jamais. Fort heureusement pour moi, je me trompais, car elle était venue à me proposer de la mettre. Je n’avais certes pas envie de la forcer à enfiler ce vêtement, surtout que je savais que ce genre de chose n’était pas de celles qu’elle portait habituellement, mais je devais bien avouer que l’envie de la voir porter cette tenue, si gracieusement offerte par mes parents, ne me manquait pas à l’appel. Aussi, j’avais opté pour la proposition qui me semblait la plus correcte envers elle, lui indiquant qu’elle pouvait la mettre si elle le souhaitait uniquement.

C’est ainsi que j’étais retourné près de mes plats, m’assurant que les choses que je préparais étaient correctement réalisées et, une fois l’une des préparations terminées, je la laissai encore poser à un endroit où elle ne noircirait pas et ne brûlerait pas. Je souris légèrement pour moi-même, me demandant si Junho avait, oui ou non, décidé d’enfiler la robe que mes parents lui avaient offerte. Je m’étais retourné, quelques secondes après avoir posé mon plat à l’endroit prévu sur le coin cuisine et, pensant qu’elle devait avoir terminé, je m’étais retourné pour voir ce que Junho faisait.

Elle avait la tête baissée et, comme je l’aurais imaginé, elle avait décidé d’enfiler le cadeau de mes parents. Celui-ci lui allait à merveille. La robe n’était ni trop large, ni trop étroite. La longueur également était convenable, et la coupe mettait même ses formes, bien qu’elles soient très faibles, en valeur. Je restai quelques secondes à la regarder sans rien dire, un simple sourire sur le visage et, lorsqu’elle vint contre moi en rougissant, je lui adressai quelques paroles, souriant toujours plus.

« Tu es magnifique. » Avais-je simplement dit, l’embrassant tendrement quelques secondes plus tard.

Je m’éloignai ensuite d’elle, souriant toujours, lui tenant les mains tandis que je la regardais encore, m’assurant presque que je ne rêvais pas. Cette tenue lui allait vraiment bien. J’en aurais presque regretté qu’elle s’habille en homme habituellement, tant cette tenue la mettait en valeur. Je gardai ce sourire quelques secondes tandis que je l’observais, puis je la pris à nouveau contre moi, ne cessant jamais de sourire.

Dans ma tête, j’avais prévu de servir le repas une fois qu’elle aurait ouvert ses cadeaux ; pour cette raison, il me fallait attendre qu’elle ouvre le mien pour pouvoir servir le repas. Il est vrai que, au Japon, les cadeaux ne s’ouvraient pas devant les personnes, ou alors très rarement, mais les choses étaient bien différentes aujourd’hui : Junho ne pouvait pas ouvrir sa robe loin de moi et, pour mon cadeau, je voulais savoir s’il lui plaisait et si elle en comprenait le sens alors… je voulais qu’elle les ouvre devant moi. Je lui avais souris, attendant simplement qu’elle retourne ouvrir son deuxième cadeau, car de toute façon, le reste de la nourriture devait poser encore un peu avant d’être servi, car le manger chaud n’était pas forcément idéal.

« Elle te plait au moins ? » Avais-je demandé en parlant de la robe que j’observai à nouveau. « Je trouve qu’elle te va à merveille. »

Mes mots étaient d’une incroyable sincérité. Cette robe lui allait merveilleusement bien et, franchement, je n’aurais pas imaginé ce qu’elle aurait pu donner si elle avait été légèrement pomponnée en plus de tout cela… Quoique, au final, n’était-elle pas mieux ainsi, naturelle ? J’en étais pratiquement sûr. Elle possédait un beau visage, même si elle possédait des traits un peu plus durs que ceux de la plupart des femmes… cela l’aidait d’ailleurs à se faire passer pour un homme, mais lorsqu’elle souriait, cette illusion semblait bien lointaine à mes yeux. Je continuais d’ailleurs de sourire de mon côté, avant de l’embrasser tendrement.

Pendant quelques minutes, j’avais appréhendé le moment où je me retournerais pour regarder la tenue de Junho. Fort heureusement, je n’avais pas été déçu par ce que j’avais vu, bien au contraire. Cette robe était déjà belle et, sur Junho, elle était encore plus magnifique. Junho elle-même était vraiment belle en cet instant et, bizarrement, mes sentiments semblaient être décuplés grâce à elle. Je l’aimais déjà habituellement mais, en cet instant, je la trouvais tellement belle que je n’avais rien de plus à dire… Je lui avais souris en lui avouant à quel point je la trouvais belle et, lorsqu’elle m’avait dit qu’elle allait ouvrir mon cadeau, mon sourire était devenu plus large que jamais. J’étais heureux qu’elle prenne cette décision sans que j’aie à lui faire remarquer qu’elle ne l’avait pas encore fait car, au fond, j’avais réellement peur que mon cadeau personnel ne lui plaise pas…

J’avais hoché la tête pour lui montrer que j’avais entendu ses paroles et, lorsqu’elle alla chercher le paquet, je la suivis un peu. Elle s’approcha de moi avec le cadeau et, sagement, j’attendis qu’elle ouvre le paquet que j’avais si méticuleusement emballé. Je lui souris gentiment tandis qu’elle défaisait l’emballage et, lorsque je vis un sourire s’étirer sur son visage, mon bonheur n’en fut que bien plus grand. Je la laissai alors me prendre dans ses bras et l’embrasser, répondant à son baiser avec une grande tendresse. J’espérais qu’elle avait compris le sens de ce cadeau, mais également qu’elle se souvenait du lien que celui-ci avait avec mon prénom… En fait, avec moi en général. Malheureusement, je n’aurais pas osé lui poser la question.

« Bien sûr. » Avais-je répondu en saisissant délicatement le collier qui reposait dans sa main.

Je m’étais alors placé derrière elle et avec la même douceur, j’avais fermé les attaches de la chaîne que j’avais ensuite laissé pendre à son cou. Je lui adressai un large sourire et, après lui avoir fait me faire face, je l’embrassai tendrement. J’approfondis le baiser, toujours aussi tendrement et, une fois que j’y eus mis fin, je m’adressai à elle en souriant toujours.

« Tu peux te mettre à table maintenant. Je vais bientôt servir. » Avais-je dit, déposant un baiser sur son front avec tendresse avant de repartir en direction du coin où je cuisinais.

Quelques minutes plus tard, je revins à table avec ce que j’avais préparé. Pour commencer le repas, j’avais préparé quelques Sushi. Je les avais préparé depuis un moment et conservés au frais pour qu’ils ne défraîchissent pas et, désormais, ils étaient soigneusement déposés sur les assiettes. J’avais déposé une assiette bien garnie devant elle et, quelques instants plus tard, je lui avais souris un peu, posant une question que j’avais réellement envie de lui poser depuis un moment.

« Tu manges avec des couverts ou avec des baguettes ? » avais-je demandé.

Pour ma part, il était évident que j’allais utiliser des baguettes pour manger. Aussi, j’avais prévu de quoi lui en donner, à elle aussi, sachant qu’il était souvent plus agréable de manger des sushis avec des baguettes qu’avec ses doigts. Pour le reste des plats également, c’était préférable. J’attendis donc sa question, lui demandant son avis. Je sortis ensuite de la sauce soja que je répartis à part égale dans deux petits pots, mélangés avec de la moutarde japonaise, donc du wasabi. Je souris finalement, lui donnant le sien avant de m’incliner un peu, un sourire gêné aux lèvres.

« J’espère que ça te plaira au moins un peu… »

J’avais douté de moi au moment de servir le repas. J’avais eu peur que ma préparation ne plaise pas, que Junho trouve cela inutile et refuse de manger ces plats que j’avais préparés avec une si grande application. En fait, j’avais simplement peur de décevoir la personne que j’aimais et qu’elle décide de ne plus me revoir pour cette raison stupide. Dans le fond qu’avais-je fait, si ce n’était tenter de la rendre heureuse en préparant un repas à l’occasion de son anniversaire ? Je me sentais réellement con, car je savais que je faisais de nombreux efforts pour elle et que, à moins d’être totalement stupide, elle ne pourrait que m’en être reconnaissante… Le pire dans cette histoire, c’était que j’étais persuadé qu’elle n’était pas complètement stupide.

C’est ainsi que j’avais servi les sushis, essayant de présenter les choses correctement, lui demandant même si elle préférait utiliser des baguettes ou des couverts pour manger. J’avais envie que cette soirée soit parfaite pour elle, même si je m’en voulais un peu que mes parents lui aient offert cette robe, car je savais qu’elle n’appréciait pas forcément ce genre de tenues… Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de penser que celle-ci lui allait vraiment bien. Habillée ainsi, elle faisait femme. C’était assez charmant, je devais bien l’avouer, car j’avais toujours été habitué à la voir habillée de cet uniforme masculin… Et il était clair que celui-ci ne la mettait aucunement en valeur, au contraire de cette robe qui, comme j’aurais pu m’y attendre, le faisait. En fait, ce n’était pas tellement surprenant, la plupart des japonaises possédant relativement peu de poitrine, il était clair qu’elles trouvaient des artifices pour se mettre un peu en valeur lorsqu’elles s’habillaient bien… C’était normal, en fin de compte.

Lorsque Junho répondit à ma question sur la manière de manger, j’allai lui chercher des baguettes. J’avais peur que la salle sur demande ne soit pas aussi exceptionnelle qu’on ait pu le penser, j’avais donc pris les couverts et d’autres choses avec moi avant de venir. En fait, j’avais eu peur que celle-ci ne soit pas capable de se métamorphoser en fonction des circonstances, chose qu’elle n’avait pas démenti jusqu’à maintenant, car rien dans la pièce n’avait changé depuis notre arrivée en ces lieux. Quelque part, je me demandais si les choses dites sur cette salle n’étaient pas simplement une légende urbaine… Peut-être que c’était le cas, après tout… Comme la cabane hurlante, cet endroit était mystérieux… réellement mystérieux.

J’apportai donc les baguettes à Junho, lui donnant avec un sourire une fois que je fus à sa portée. J’espérais réellement que mes préparations lui plairaient, même si j’étais légèrement habitué à faire ça lorsque j’étais jeune, avec ma mère. Je l’embrassai tendrement sur la joue. Ce n’était pas vraiment attendu, mais j’en avais eu envie… j’étais vraiment heureux d’être là, avec elle, et que personne ne puisse venir nous troubler. Je m’éloignai finalement après ce court baiser, l’écoutant parler.

Ensuite, j’avais préparé la sauce soja et je m’étais incliné, lui faisant part de ma crainte au niveau du repas et de son appréciation de celui-ci. J’avais réellement peur. Un peu comme un comédien qui a le trac avant d’entrer sur scène… C’était dérangeant, mais le bonheur de l’entendre me donner son avis, s’il était positif, n’en serait que bien plus grand alors, franchement, je ne me souciais pas de cela pour l’instant. J’étais bien trop occupé à penser à elle et à ce que je lui avais préparé… J’avais envie qu’elle soit heureuse de ce repas et des efforts que j’avais fait pour elle aujourd’hui.

J’étais allé m’installer à ma place, de l’autre côté de la table qui était assez grande pour un couple et, souriant j’avais saisi mes baguettes. Les plaçant comme à mon habitude, j’avais alors prononcé mon habituel « itadakimasu » avant de commencer à manger. J’avais ensuite débuté mon repas comme Junho, m’interrompant néanmoins lorsqu’elle me posa une question, suite à son avis sur ma cuisine.

« [color=dodgerblue] Oui, c’est moi. C’est ma mère qui me l’a appris. »Avais-je répondu en riant un peu.

Quelques secondes plus tard, je souris un peu à son explication. Elle y avait ajouté une touche d’humour, mais je comprenais bien ce qu’elle avait voulu me dire. Pour cette raison, je hochai légèrement la tête, lui faisant comprendre que j’avais compris son manque d’appétit et, lorsqu’elle complimenta ma tenue, je souris un peu plus.

« C’est gentil… » Avais-je simplement dit avant de continuer, quelques instants plus tard. « Pour la nourriture, ne t’en fais pas. On mangera plus tard, si tu veux. »

Pour tout avouer, je n’avais pas grand faim non plus. C’était peut-être parce que je pensais trop à elle, que j’étais trop heureux d’être avec elle pour fêter son anniversaire… Dans tous les cas, c’était assez compliqué, je devais bien l’avouer… Je réfléchis pendant un moment, continuant à manger comme je le faisais depuis le début du repas, ne sachant pas trop quoi dire et, au bout d’un moment, lorsque j’eus fini mes sushis, je lui dis quelque chose qui me tiraillait l’esprit.

« Tu sais Junho… C’est stupide, mais ce jour –là, je pensais vraiment que jamais je n’aimerais quelqu’un après elle. Je pensais que je ne pourrais jamais aimer quelqu’un comme ça à nouveau… Il faut croire que j’avais tort, finalement. »

Je regardais dans le vide, plongé dans mes pensées. Je ne savais pas pourquoi je pensais à cela soudainement, peut-être était-ce à cause d’un excès de bonheur ? Je ne savais pas… j’avais simplement commencé à y penser, comme si les choses avaient voulu que je lui dise à quel point je l’aimais…

J’avais décidé de choisir le pire moment pour parler de mon passé à Junho. En effet, parler de ces choses horribles avec elle alors que nous mangions tranquillement n’était pas la plus grande preuve de tact… encore plus lorsque l’on savait que c’était l’anniversaire de ma petite amie. Si j’avais été conscient du malaise que j’allais créer, sans doute n’aurais-je pas commencé à parler, sans doute n’aurais-je pas dit ce que je pensais. Cependant, si j’avais commencé à évoquer mon passé, c’était avant tout parce que je voulais lui faire passer un message précis, lui faire comprendre à quel point l’amour que je ressentais à son égard était fort… Je n’arrivais pas à choisir les bons mots ; je n’arrivais pas à m’exprimer comme je l’aurais voulu…

Voyant le sourire qu’elle affichait lorsqu’elle me répondit, je continuai car, même si je voyais qu’elle n’était pas réellement heureuse de m’entendre parler de tout cela – je le ressentais sans même savoir pourquoi – je voulais réellement qu’elle comprenne que je l’aimais. Je voulais simplement qu’elle soit heureuse et qu’elle arrête de douter… J’avais tellement l’impression qu’elle doutait, non seulement d’elle-même, mais également de moi… J’avais peut-être été bête de lui laisser lire mon journal… Désormais, elle n’allait plus oublier que j’avais un jour aimé Mika… C’était horrible, comme pensée.

« Je l’aimais, oui… Mais pas autant que toi. »

Je ne pouvais pas ne pas le dire. Pendant tellement longtemps j’avais voulu lui dire que je l’aimais, lui faire comprendre à quel point je l’aimais. Désormais, c’était réellement dit, clairement, simplement, et j’espérais qu’elle comprendrait ce que je voulais dire, qu’elle prendrait conscience de la profondeur de mes sentiments… J’avais beau être éloigné d’elle, que ça soit par mon âge ou mon statut dans l’école, je voulais réellement la rendre heureuse et qu’elle comprenne ce que je voulais lui faire passer, comme message.

J’attendis que Junho ait terminé de manger pour débarrasser la table et, vérifiant que tout était bien en cours de préparation pour le plat consistant, je restai un moment à l’écart. Après quelques secondes, je revins près de Junho et l’embrassai sur la joue, l’enlaçant tendrement.

« Je t’aime. Tu me diras quand tu auras faim, d’accord ? » Lui dis-je en souriant, la gardant dans mes bras…

Je fus heureux de constater que Junho ne me tenais pas rigueur des paroles que j’avais pu formuler un peu plus tôt. Certes, ce n’était là que l’expression d’un sentiment douloureux que j’avais ressenti quelques années plus tôt, le deuil ayant été des plus difficiles à réaliser à l’époque, mais ces paroles auraient pu avoir des conséquences sur ma relation avec Junho, conséquences que je n’avais pas forcément mesurées au moment où j’avais décidé de m’ouvrir à elle à propos de mes précédents sentiments pour la défunte Mika.

Désormais, j’espérais que ma petite amie comprenait à quel point je n’aimais quel, à quel point elle était importante à mes yeux, voire même à quel point nul ne pouvait la remplacer, même avec tous les efforts du monde. J’avais un peu l’impression d’avoir trouvé la personne avec laquelle j’aurais souhaité terminer mes jours, mais rien n’était moins sûr en ces temps sombres, que l’espérance de vie d’une personne… J’espérais que nous serions protégés aussi longtemps que possible… même si nous devions mentir et faire comme si notre relation n’existait pas lorsque nous nous retrouverions en public… Je devais accepter cette difficulté.

Quand j’entendis Junho affirmer que nous étions tous les deux idiots, un petit rire m’échappa : sans doute avait-elle raison. Personnellement, bien que j’ai été admis dans une maison équivalente à Serdaigle lors de mes études précédentes, je n’avais pas la prétention de me croire intelligent. Au contraire, je me sentais souvent stupide ; j’avais l’impression que les gens ne m’estimaient pas comme ils l’auraient du, qu’ils attendaient trop de moi par rapport à ce que j’aurais pu leur fournir. J’avais également peur de cela concernant Junho ; si je ne pouvais la rendre heureuse, sans doute n’aurais-je rien d’autre à faire qu’attendre et observer les choses….

Je fis ensuite par de mes interrogations sur la salle sur demande à ma petite amie. Peut-être en savait-elle plus que moi à ce sujet ? Sans doute était-elle mieux renseignée, par les bruits de couloirs ou simplement par ses camarades qui devaient parfois fréquenter cet endroit magique et si utile dans ce genre de situations… Personnellement, j’avais peur du pouvoir de cette pièce et sans doute n’y serais-je jamais venu si je n’avais pas été obligé de trouver l’endroit idéal pour inviter Junho pour son anniversaire. Oui, j’avais voulu que tout soit parfait, alors rien n’aurait été plus approprié qu’une pièce capable de matérialiser les choses dont on avait besoin au moment où on en avait besoin… Malheureusement, j’étais désormais assez apeuré à l’idée de voir la salle se métamorphoser sous mes yeux, du moins ses détails.

« On essayera après avoir mangé si tu veux. Et je pense que moi aussi… » Dis-je en riant un peu lorsqu’elle me fit part de son intention de fermer les yeux.

Je partis ensuite à la cuisine pendant quelques instants avant de revenir pour lui poser une question dont je voulais réellement obtenir la réponse. Je fus très heureux de l’entendre, d’autant plus qu’elle était positive et qu’elle m’annonçait que Junho était heureuse … d’un autre côté, j’ignorais combien de fois elle avait fêté son anniversaire dans sa vie, alors ce n’était peut-être pas très concluant, mais je m’estimais heureux en cet instant, car j’avais l’impression d’avoir pu lui créer un petit moment de bonheur en ma compagnie. Ce n’était pas fini, je le savais, mais j’étais déjà content de moi, car j’avais passé tellement de temps seul dans mon coin que j’avais un peu peur, parfois, d’avoir oublié comment célébrer quelqu’un, comment faire le bonheur des autres autrement qu’en soignant leurs blessures…

Un nouveau baiser eut lieu et, lorsqu’elle s’éloigna un peu, j’écoutai ce qu’elle avait à dire. Ses paroles me firent légèrement perdre le sourire, mon expression heureuse laissant place à une mine légèrement inquiète, car Junho savait parfaitement à quel point je n’aimais pas qu’elle se soigne seule, sans prendre de réelle précautions quant à la propreté et la sûreté de son soin… J’avais toujours peur qu’elle attrape quelque chose de bien plus grave, mais c’était peut-être parce que l’infirmier avait tendance à parler avant le petit ami dans ces moments là… ou l’inverse ? Je n’en savais plus rien… J’avais… comme l’impression que l’un et l’autre étaient difficilement discernables en cette période…

« Si tu veux, je regarderai ça un jour, quand tu viendras à l’infirmerie. » Répondis-je, inquiété par ce qu’elle venait de dire.

Quelques secondes plus tard, je m’éloignai d’elle pour aller à l’endroit où j’avais laissé mes affaires en arrivant, saisissant parmi elles mon appareil photo que je passai autour de mon cou, par sécurité, avant de revenir vers Junho en souriant pour lui adresser la parole quelques secondes après.

« Et si on immortalisait ça ? » demandai-je en riant un peu.

Elle devait comprendre que je parlais de sa robe et de la soirée en général. Certes, nous n’étions que deux, mais sans doute était-ce pour cela que nous nous sentions aussi heureux en cet instant ; nous étions ensemble, et personne ne pouvait venir nous troubler dans notre tranquillité.

Je fronçai un peu plus les sourcils lorsque Junho déclara que cela irait même si je ne vérifiais pas l’aspect de la blessure qu’elle avait soignée elle-même. Je me dis finalement qu’elle doit savoir ce qu’elle a fait, alors je me contente de garder le silence, ne désirant en aucun cas l’ennuyer avec mes ressentis d’infirmier et petit ami réellement affecté par la peur de voir un malheur arriver à sa petite amie… Je la laissai là un instant pour aller chercher mon appareil photo que j’avais posé dans un coin afin de ne pas l’abîmer. Je revins ensuite près de Junho, lui proposant d’immortaliser quelques moments de la soirée afin d’en garder un souvenir  figé dans le papier glacé. Je lui souris en faisant cette proposition et, mon bonheur fut grand lorsqu’elle accepta mon idée.

Pendant un instant, j’avais eu peur qu’elle n’accepte pas ma proposition. Après tout, n’était-elle pas habituellement vêtue comme un homme ? J’avais cru qu’elle ne souhaiterait pas avoir de photos d’elle en robe, trouvant cette tenue trop différente de son look habituel. J’avais osé espérer, osé poser cette question qui me préoccupait et, désormais, j’étais heureux d’apprendre qu’elle était d’accord d’apparaître sur les photos de son propre anniversaire. J’avais déjà pris quelques photos de la pièce, afin d’avoir un souvenir de la préparation également, et désormais j’allais pouvoir prendre une photo de Junho, ma petite amie, habillée en robe. Un détail me vint soudainement à l’esprit et, tout naturellement, je décidai d’en faire part à ma petite amie.

« Tu serai d’accord que j’envoie une photo de toi avec la robe à mes parents ? Ils avaient peur qu’elle ne t’aille pas. » Demandai-je timidement tandis que je prenais une photo d’elle.

Chaque seconde, en cet instant, semblait incroyable. J’avais presque peur de me réveiller en sursaut, seul, allongé dans l’infirmerie, ou même au Japon… depuis que je l’avais rencontrée, ma vie avait réellement prit le tournant qu’elle avait toujours attendu. Je pensais que mes actuels sentiments n’égaleraient jamais ceux que j’avais envers Mika à l’époque, mais les choses étaient totalement différentes en réalité… J’aimais Junho plus que n’importe qui… c’était peut-être la raison pour laquelle je craignais de la perdre… Peut-être que c’était la raison qui me poussait à croire que tout n’était qu’une illusion… que j’allais me réveiller et sortir de ce qui, malgré les temps sombres que nous vivions actuellement dans l’école,  me paraissait être un véritable rêve…

Je pris une photo supplémentaire, souriant derrière mon objectif, et je regardai Junho, ce même sourire sur le visage. Celle-ci me posa alors une question qui fait s’agrandir ce sourire que j’arbore déjà depuis quelques secondes. Je compris rapidement qu’elle parlait des photos, la chose étant totalement en contexte, et je me rappelai que j’avais effectivement oublié de lui montrer les photos que nous avions faites lors de notre virée à pré-au-lard. J’hochai la tête en souriant un peu, répondant ensuite à sa question d’une voix amusée.

« Bien sûr. Et je te les montrerai, si tu veux. Je les ai développées quand je suis rentré au Japon. »

Ces photos étaient l’une des raisons qui m’avaient poussé à revenir en Europe. Je m’étais souvenu de cette sortie, j’avais repensé aux conversations que nous avions eues et, alors que je réfléchissais à tous ces souvenirs, je m’étais mieux rendu compte des sentiments que je ressentais envers Junho et des choses que j’aurais tellement eu envie de lui dire avant de repartir au Japon, sans pour autant le faire. Ces photos, je les avais gardées précieusement avec moi afin de les lui montrer lorsque je serais de retour. Quand je les lui montrerais, que cela soit les miennes ou les siennes, cela serait avec une certaine fierté, mais surtout en étant réellement heureux d’avoir partagé ma passion avec celle qui, désormais, partageait mon cœur.

Je pris une ou deux photos supplémentaires, de Junho et de l’ambiance de la pièce – avec elle bien évidemment- et de souris un peu avant de m’approcher d’elle. Je souris alors un peu, tendant l’appareil devant nous comme je le pouvais avant de lui adresser la parole.

«  Souris ! »

J’appuyai ensuite sur le bouton de l’obturateur. La photo ne serait certes pas bien cadrée, peut-être même pas réussie, mais au moins nous aurions une photo de nous deux. J’avais envie de garder des souvenirs d’elle, de remplacer les pensées douloureuses par des moments de bonheur… J’étais réellement heureux depuis que je connaissais Junho, elle m’avait toujours aidé à me reconstruire, alors je ne voulais absolument pas risquer de l’oublier.

La photo prise, je passai l’appareil photo autour du cou de Junho, lui adressant un petit sourire tout en lui parlant.

« Allez, je te le laisse un peu. »

Quelques secondes plus tard, je posai mes lèvres sur les siennes avec douceur. Je l’aimais tellement…

J'étais assez triste que Junho refuse de me laisser vérifier si ses plaies s'étaient bien refermées et qu'elle ne risquait rien, car cela m'aurait sans doute permis de me sentir un peu moins inquiet à son égard... Il était vrai que je m'en faisais pour un rien et que j'avais peur de l'étouffer à cause de cela, c'était pour cette raison que je m'étais retenu de dire quelque chose de plus lorsqu'elle avait refusé de me montrer ses blessures... J'avais été calme et n'avait pas protesté, me contentant d'aller chercher mon appareil afin de prendre quelques clichés que je développerais ultérieurement et lui montrerais sans faute. Lorsqu'elle répondit à ma question, je lui adressai un large sourire, hochant la tête comme seule confirmation, jugeant les mots inutiles pour qu'elle comprenne ce que je disais. J'avais ensuite pris la photo et continué à parler un peu avec elle en immortalisant d'autres choses, cela avant de lui prêter un peu mon appareil photo, quelques instants après la photo de nous deux que j'avais prise.

Quand Jun s'éloigna un peu, je lui jetai un regard en souriant, voyant qu'elle allait prendre une photo. Je la laissai faire sans broncher, jugeant qu'elle pouvait photographier ce qu'elle souhaitait, même moi qui n'était pas réellement heureux à l'idée de me retrouver devant l'objectif. Avec elle, c'était différent et je la laissais me prendre en photo sans broncher une seule fois. Lorsqu'elle revint près de moi, un petit bruit attira mon attention, suivi de près par un petit mot de la part de Junho; elle avait visiblement déclenché l'appareil par accident, prenant une magnifique photo de ses pieds. Je me sentis presque obligé de plaisanter lorsque je compris la scène, riant un peu de ce qui venait de se passer.

« J’ignorais que tu aimais tes pieds à un tel point. »

Quelques secondes plus tard, je posai les yeux sur la pièce et je redevins songeur, troublé peu de temps plus tard par mon estomac qui grognait légèrement: avait-on déjà laissé passé autant de temps? Je plaçai une main sur mon ventre, tentant de faire oublier ce qui venait de s'en échapper et, au bout d'un moment, je saisis les mains de Junho pour la tirer légèrement vers moi et l'embrassai avec une tendresse qui devenait habituelle. J'approfondis légèrement le baiser au bout de quelques secondes, puis j'y mis fin en souriant.

« Je t’aime.» Dis-je tendrement.

Après un moment, je la serrai contre moi sans prononcer un mot de plus; je caressai ses cheveux d'une main avant de fermer les yeux, ma tête contre son épaule. J'aimais tellement l'avoir contre moi... Il faudrait réellement que je l'emmène un jour, qu'elle puisse rencontrer mes parents qui seraient sans doute ravis de faire sa connaissance. Au Japon, une telle différence d'âge n'était pas tellement dérangeante, alors personne ne me ferait de reproche... Certes, elle était élève et moi infirmier... mais franchement je m'en moquais. J’attendis un moment avant de la lâcher, puis je regardai une nouvelle fois l’appareil photo en souriant un peu.

« Je te donnerai la photo de tes pieds si tu veux. »

Un léger rire m’avait échappé au moment où Junho avait pris ses pieds en photo par pur accident ; il était vrai que je trouvais la scène amusante, bien que mon appareil ait pu aller embrasser le sol si les choses s’étaient passées autrement. En fait, j’avais totalement zappé ce détail, oubliant tout le reste par la simple présence de ma petite amie à mes côtés. Que valait mon appareil à côté d’un moment en sa compagnie ? Pas grand-chose en réalité…

Junho, c’était la personne qui m’avait maintenu en vie au moment où j’allais lâcher prise, au moment où j’avais l’impression que ma place ne serait plus jamais dans ce monde… J’étais tombé amoureux d’elle sans même le réaliser et désormais, j’étais plus heureux que jamais de l’avoir à mes côtés.

Sa réponse m’avait arraché un nouveau sourire et, tandis que je la regardais d’un regard plein de malice, je ne pus m’empêcher de la trouver encore plus belle. Quelques secondes plus tard, j’étais à nouveau pris dans mon observation de la pièce, mon estomac grognant traîtreusement dans l’espoir d’obtenir un peu de nourriture.

Quelques secondes plus tard, je l’embrassai à nouveau, lui répétant que je l’aimais. Quand je l’eus serrée contre moi pendant un moment, je m’éloignai à nouveau d’elle pour faire un nouveau commentaire sur la photo de ses pieds qu’elle avait prise un peu plus tôt , plaisantant ouvertement sur le sujet, peut-être pour la taquiner un peu, bien que j’ose espérer qu’elle ne m’en voudrait pas pour cette petite blague.

J’aurais donné n’importe quoi, absolument n’importe quoi, pour voir son sourire chaque jour. Malheureusement, mon métier ne me le permettait pas… J’aimais la voir heureuse, je voulais la voir comme cela, mais parfois j’avais du mal à m’imaginer qu’elle était bien en ma compagnie… Je me sentais un peu complexé en sa présence, que cela soit par mon âge ou par ma personne en elle-même… J’avais cette peur quasi permanente de lui faire du mal et de la décevoir… N’était-ce pas naturel de la part d’un homme amoureux de sa petite amie?

Un instant plus tard, je regarde Junho qui me désigne mon appareil photo, me demandant ensuite si elle va le poser et propose de passer à table. Pour toute réponse, j’hoche la tête en souriant, me dirigeant à nouveau vers la cuisine pour m’occuper de la finalisation du plat. Je prépare le riz et la viande, frite et découpée, avec une grande application dans les assiettes et, quelques minutes plus tard, je reviens vers la table où je dépose celle de Junho devant elle, puis la mienne à ma place.

Je réalisai alors que, depuis le début du repas, j’avais omis une chose importante que j’avais pourtant préparée. Je m’adressai donc à elle avec un léger sourire gêné, car je m’en voulais d’avoir oublié cela.

« Tu veux quelque chose à boire ? » Demandai-je simplement, espérant qu’elle ne m’en voudrait pas d’avoir oublié de lui proposer une boisson… D’autant plus que la nourriture était assez salée.

Sans doute n’y avais-je plus pensé parce que j’étais trop occupé à me réjouir de sa présence. J’avais tellement pensé à cette soirée, tellement espéré qu’elle pourrait avoir lieu, que nous pourrions fêter sa majorité avec une vraie fête, bien qu’elle soit réalisée en secret, entre nous deux et personne d’autres… J’avais du être distrait à cause de cela et je n’avais plus pensé à ce genre de détail ; Junho avait compté plus que le reste, une fois de plus.

Parfois, il m’arrivait de me demander si elle réalisait à quel point elle jouait un rôle dans ma vie ; je me demandais si elle comprenait que je l’aimais plus que quiconque et si elle n’était pas trop triste de ne pas pouvoir s’afficher publiquement avec son petit ami… Je savais que certaines personnes voyaient cela comme une nécessité, alors je me demandais si cela était également son cas, bien qu’elle n’en ait pas l’air à première vue.

J’avais envie qu’elle le comprenne, mais je ne trouvais pas comment le lui montrer, le lui faire comprendre ; De plus, j’avais l’impression d’être allé trop loin lorsque j’avais parlé de Mika, alors je préférais éviter de m’enfoncer et de recommencer à dire des bêtises qui auraient pu la rendre triste. Pour cette raison, je devais ne rien dire et attendre de voir si l’occasion m’en serait donnée… Sans doute pourrais-je lui parler et le lui faire comprendre un autre jour, dans d’autres circonstances, mais pas tout de suite.

J’attendis un peu que Junho me réponde afin de savoir si j’allais aller nous servir à boire. J’osai croire qu’elle avait soif, tout comme moi, car cela faisait un moment que nous étions là et nous avions déjà mangé ; néanmoins, j’ignorais ce qu’elle avait envie de boire.